Sélection de livres sur Cuba : Reinaldo Arenas

« Enfin l’été, enfin l’été, enfin l’été, c’est le bonheur rafraîchi d’un cocktail, les filles sont belles et les dieux sont ravis »

Que vous partiez en vacances ou que vous restiez chez vous, c’est l’occasion de partir à la découverte de l’œuvre de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas. Polémica cubana vous offre une sélection de trois livres de cet auteur.

1. Avant la nuit

Reinaldo Arenas est un écrivain cubain, romancier, nouvelliste et poète, né le 16 juillet 1943 à Holguín. Il grandit dans une famille paysanne pauvre, son père l’ayant abandonné et sa mère s’étant réfugiée chez ses parents. Après la révolution, il étudie à l’université de La Havane puis travaille pour la Bibliothèque Nationale José Martí. Il rêve alors d’embrasser une carrière d’écrivain. Son premier roman Celestino antes de alba (Les chants du puits) s’est distingué au concours national d’écriture.

Reinaldo Arenas eut une vie hors du commun. Une existence de personnage de roman qu’il voua à l’écriture, son combat contre tout ce qui tenta de l’anéantir – répression, bêtise, mort. Du spectre de ces humanités qui façonnent les hommes, il a sans doute revêtu chaque couleur. Une enfance pauvre mais libre avec comme premier souvenir le goût de la terre. L’espoir en la révolution castriste et la déception, les amours homosexuelles, la passion de l’écriture, la censure, les travaux forcés, l’emprisonnement. L’obligation de rester libre pour exister, de ne pas se vendre et, malgré la conscience d’une douleur à venir, cette volonté, plus forte que tout, de quitter Cuba, de se sauver et de se perdre dans l’exil.

« Maintenant je vois l’histoire de mon pays comme ce fleuve de mon enfance qui charriait tout sur son passage dans un fracas assourdissant ; ce fleuve aux eaux troubles nous a tous anéantis lentement, les uns après les autres. »

Le livre est un hymne à la vie et à l’esprit de révolte. Ses critiques contre le pouvoir et son homosexualité lui valent de connaître la prison et les camps de réhabilitation par le travail. Il quitte Cuba pour les Etats-unis en 1980, tout comme des milliers de « rebuts de la société » expulsés par le régime cubain. La biographie de Reinaldo Arenas débute par la fin. Sa mort qu’il sait imminente ne sera que la conclusion attendue d’une maladie qui le ronge. L’écrivain cubain qui fit de sa lucidité une arme littéraire tranchante décide alors d’écrire le roman de sa vie. Avant la nuit n’est pourtant pas l’œuvre d’un homme brisé. C’est au contraire un hymne à la vie et à l’esprit de révolte, à l’amour et à la liberté. L’espérance guide une écriture poétique, sans tabou, déchirante de tendresse, à l’émotion souvent brute. Avec Avant la nuit, Reinaldo Arenas, livre son dernier cri « contre le fracas des armes qui asphyxie le rythme de la poésie, de la vie ».

Avant la nuit a été adapté au cinéma par Julian Schnabel en 2000. dans son film Before night falls.

2. Voyage à La Havane

La face obscure d’une Havane magique. Trois voyages à travers l’écriture hallucinatoire de Reinaldo Arenas vers la face obscure d’une Havane magique, défigurée par l’enfer castriste et la désillusion de tous ceux qui ont cru à la révolution.

3. Encore une fois la mer

Le roman le plus subversif. « Comment pouvoir témoigner de tout cela, comment pouvoir montrer, démontrer, à ceux qui vivent dans un État de droit, à ceux qui sont protégés par une tradition, à ceux qui savent ce qu’est la civilisation, qui peuvent se réclamer des lois, qui peuvent compter sur la logique de la raison s’ils font un plan, attendre une récompense s’ils se sacrifient, comment leur faire comprendre, leur faire voir, ce qu’est réellement l’injustice, le fanatisme, la misère, la répression, la terreur… Aucun livre, aucune phrase, rien ne pourra faire comprendre à ceux qui ne subissent pas cela que le simple fait de rêver ou de réfléchir est ridicule et dangereux dans une région où se procurer une boîte de lait relève de l’héroïsme… Auprès de qui vais-je crier justice ?… Il attend que quelqu’un (moi-même peut-être) lui réponde. Je regarde la mer qui monte tandis que le garçon la sillonne en cadence, je regarde la mer qui se déchaîne en vagues très hautes : Il approche, il approche, il se rapproche de plus en plus de moi, bientôt il abandonnera toute rancœur et se mettra à me parler de lui-même… »

Encore une fois la mer, l’un des grands romans de Reinaldo Arenas, l’un des plus subversifs aussi, lui valut la prison. Sa publication constitua un défi à l’adversité : tantôt disparu ou détruit, tantôt saisi par tes autorités cubaines, le manuscrit fut à chaque fois récrit par l’auteur. Il est pour la première fois donné à lire dans une version conforme à ses volontés.

Ces trois livres ont été édités par Actes Sud et Babel

Cubalatina


Enrique   |  Culture, Société   |  06 28th, 2016    |