La vie professionnelle des médecins cubains

Avec la traduction du texte ci-dessous, je poursuis la série d’articles consacrés à la réalité cubaine, loin des images pieuses véhiculées par les nostalgiques des régimes communistes qui, après l’écroulement de leur URSS tant aimée, et ne pouvant décemment faire l’apologie du régime psychiatrico-dictatorial nord-coréen ni du nouveau paradis pour milliardaires chinois, se raccrochent désespérément à cette île des Caraïbes et aux mensonges de ses dirigeants.
Après avoir vu ce qu’il en était précisément de la prétendue gratuité de l’enseignement à Cuba*, c’est la situation vécue par les médecins cubains qui est ici examinée.

L’exportation de services compte parmi les affaires les plus rentables pour la Compagnie Castro et Associés Société Limitée ; comme « exportation de services », comprenez ici la rente apportée par le personnel cubain spécialisé envoyé vers d’autres pays ou organismes internationaux, et même auprès de compagnies privées.
Les spécialistes de l’île, convertis en main-d’œuvre qualifiée au rapport qualité/prix le plus rentable de l’univers, sont ainsi commercialisés et exploités. Il n’y a rien qui plairait moins à Marx que ce que fait la gérance marxiste cubaine.
En analysant comparativement le secteur le plus commercialisé, celui de la Santé, je crois que nous pourrions en conclure que les médecins sont plus proches des esclaves et des serfs féodaux que de leurs homologues de partout ailleurs. Ils s’en distinguent, évidemment, par le type d’assujettissement et de châtiments, mais ils sont susceptibles d’être sanctionnés et demeurent bien assujettis.
En tout cas, quand vous tirerez vos propres conclusions, ne perdez pas de vue qu’il s’agit bien sûr d’une exagération théorique qui cherche à asticoter la pensée critique, ce que vécurent les esclaves et les serfs étant trop terrible et sans comparaison possible, mais ne perdez pas de vue non plus que ce qu’ont vécu les travailleurs cubains, ici à travers l’exemple des médecins, est également terrible, humainement parlant.

Liberté de mouvement :
Esclave : inexistante. Il n’avait pas le droit de quitter le domaine délimité par ses maîtres.
Serf : extrêmement limitée. Tu naissais en étant déjà au service du seigneur et de ses fils.
Médecin cubain : extrêmement limitée. Etre diplômé en médecine équivaut à une dette éternelle envers l’Etat. Tu deviens « réglé ». Tu peux te rendre hors de Cuba uniquement aux conditions qu’on t’impose, sous peine de châtiment.
Médecin non cubain : totale. Une fois diplômé, tu peux faire ce qui te plaît.

Liberté de choisir comment exercer la profession :
Esclave : inexistante. Le maître la choisit pour toi.
Serf : extrêmement limitée. Elle dépend des besoins du seigneur féodal.
Médecin cubain : relative. Une fois diplômé, tes priorités sont secondaires par rapport à celles de l’Etat.
Médecin non cubain : totale. Une fois diplômé, tu peux travailler là où tu le souhaites et quand tu le veux.

Rémunération :
Esclave : inexistante.
Serf : suffisante pour qu’il puisse continuer à rester pauvre et ne puisse avoir de liberté de choix. Très basse.
Médecin cubain : suffisante pour qu’il puisse continuer à rester pauvre et être désespéré de devoir se transformer en matériel exportable. Très basse.
Médecin non cubain : dans les zones économiquement faibles exceptées, c’est une profession raisonnablement bien payée.

Liberté d’association pour négocier avec le pouvoir :
Esclave : inexistante sous peine de sanction.
Serf : inexistante sous peine de sanction.
Médecin cubain : inexistante. Les syndicats sont un mécanisme supplémentaire dans le contrôle de l’Etat, et les associations de médecins ne s’occupent que de questions académiques.
Médecin non cubain : totale. Par le biais des associations et de syndicats de médecins, les droits de la corporation sont protégés, y compris le droit de grève.

Evaluation de la valeur de production :
Esclave : équilibre entre le propriétaire et le marché. L’esclave n’influe en rien.
Serf : équilibre entre le seigneur féodal et le marché. Le serf n’influe en rien.
Médecin cubain : équilibre entre l’Etat et le marché extérieur. Le médecin n’influe en rien.
Médecin non cubain : équilibre entre corporation et marché. Influence médiatisée.

Plus-value :
Esclave : le maître se l’approprie dans une proportion immense. Répartition non négociable.
Serf : le seigneur féodal se l’approprie dans une proportion si forte qu’elle empêche toute accumulation de capital et toute possibilité d’indépendance économique. Répartition non négociable.
Médecin cubain : l’Etat se l’approprie dans un pourcentage supérieur à celui qu’il cède au travailleur. Répartition non négociable.
Médecin non cubain : le professionnel obtient une part significative de la plus-value. Répartition sujette à négociation individuelle ou de branche.

Capacité de négociation avec le payeur :
Esclave : aucune.
Serf : maigre. Pouvoir disproportionné du seigneur féodal qui impose la loi.
Médecin cubain : aucune. Le médecin ne participe en rien au montant de son salaire, ni à la négociation du contrat entre l’Etat et le contractant étranger.
Médecin non cubain : haute. Le contrat se négocie directement entre les parties, chacune pouvant présenter diverses options.

Degré d’absence de défense :
Esclave : haut. Pas d’instance supérieure de recours.
Serf : haut. Très maigre capacité de recours.
Médecin cubain : haut. Les instances auprès desquelles recourir contre des sanctions font partie de la même machinerie qui les impose. L’Etat est juge et partie à tout niveau.
Médecin non cubain : bas. Il existe des instances impartiales de médiation auxquelles recourir en cas de désaccord.

Repatriado
(Traduction : Floréal Melgar)

Source : Havana Times.


Enrique   |  Actualité, Politique, Société   |  12 4th, 2017    |