Cuba : détérioration alarmante de la santé des grévistes de la faim et de la soif du mouvement San Isidro

Le harcèlement et l’intimidation continus des membres du mouvement San Isidro, qui est en première ligne de l’opposition au décret 349, une loi dystopique visant à censurer l’expression artistique, met en évidence la répression permanente des droits de l’homme à Cuba, y compris le droit à la liberté d’expression dans le pays.

Selon l’ONG juridique Cubalex, entre le 9 et le 19 novembre, les autorités ont arbitrairement détenu et harcelé un grand nombre de membres du mouvement San Isidro, souvent plus d’une fois. Les membres du mouvement, qui comprend des artistes, des poètes, des militants LGBTI, des universitaires et des journalistes indépendants, ont protesté ces derniers jours contre l’emprisonnement du rappeur Denis Solis Gonzalez.

Les membres du mouvement San Isidro à Cuba ont été arrêtés, ont vu leurs droits fondamentaux restreints – en particulier leur droit à la liberté d’expression et de mouvement – et ont été criminalisés simplement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux. Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International, a déclaré : « Les membres du Mouvement San Isidro sont dans un état de déshydratation et de famine qui peut provoquer un effondrement de leurs organes, c’est une situation sanitaire compliquée ».

« Je me suis réveillé à 6 heures du matin et Luis Manuel était assis les pieds dans l’eau avec l’aide d’Abu, c’est très triste de le voir comme ça. De tous les grévistes de la faim, il est celui qui est dans le pire état physique. Il a perdu beaucoup d’énergie samedi quand il a été attaqué par la police ». Extrait du texte posté sur le réseau social Facebook par la journaliste indépendante cubaine Iliana Hernandez. Il résume l’état de santé de Luis Manuel Otero Alcantara.

Après six jours de grève de la faim et de la soif, l’état de santé des membres du mouvement San Isidro qui demandent la libération de l’artiste indépendant Denis Solis, arbitrairement condamné à 8 mois de prison pour le crime présumé d’outrage, est préoccupant. De nombreuses personnes ont posté des messages de soutien et appelé les réseaux sociaux à abandonner la grève avec des expressions telles que : « Nous vous voulons en vie ».

Selon les informations obtenues par Amnesty International, Denis Solis a été arrêté le 9 novembre et, le 11 novembre, il a été jugé et condamné à huit mois de prison pour « outrage », une infraction incompatible avec le droit international des droits de l’homme. Il est détenu à Valle Grande, une prison de haute sécurité située dans la banlieue de La Havane.

Personne ne devrait être emprisonné pour “outrage” à l’autorité publique, une disposition du code pénal qu’Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits de l’homme ont demandé à plusieurs reprises aux autorités cubaines d’abroger.

Les images vérifiées par Amnesty International semblent montrer qu’à un moment donné, les autorités ont bouclé avec du ruban jaune le bloc où se trouve le local du groupe, limitant ainsi la liberté de mouvement de ses membres. Selon les membres du groupe, le quartier général était surveillé 24 heures sur 24 par des agents en civil de la sécurité de l’État et ils craignaient d’être à nouveau arrêtés s’ils essayaient de partir.

En mars, l’artiste cubain Luis Manuel Otero Alcántara, ancien prisonnier d’opinion et membre du mouvement San Isidro, a été emprisonné uniquement en raison de ses profondes convictions, il a ensuite été libéré. Il est l’une des personnes que les autorités ont soumises à de courtes périodes d’emprisonnement ces derniers mois, selon Cubalex.

Les autorités peuvent continuer à harceler, intimider, détenir et criminaliser les artistes et les intellectuels de la pensée alternative, mais elles ne peuvent pas emprisonner leurs idées.

Daniel Pinós


Enrique   |  Actualité, Répression   |  11 24th, 2020    |