Luis Robles, le « jeune homme à la pancarte », condamné à cinq ans de prison La Cour affirme que l’activiste avait un « intérêt marqué à créer une atmosphère déstabilisante dans le système social »

Le militant Luis Robles, le « jeune homme à la pancarte », a été condamné à cinq ans de prison pour avoir manifesté pacifiquement sur le boulevard San Rafael, dans le centre de La Havane, une pancarte à la main demandant la fin de la répression et la libération du rappeur cubain Denis Solís.

Selon la décision du tribunal, à laquelle le site 14ymedio a eu accès, lors du procès, il a été « prouvé » que Robles a « répondu à un appel » de l’influenceur cubain « Alexander Otaola à s’exprimer » contre l’arrestation de Solís, « les autorités policières, les dirigeants de l’État et du gouvernement », et à « réaliser tout acte visant à déstabiliser l’ordre interne, à manifester publiquement dans les rues contre le système économique et social cubain ».

Les phrases « Liberté. Plus de répression. Les mots « #Free-Denis [Solís] », lus sur la pancarte portée par Robles, « s’opposent aux décisions des autorités » qui ont conduit à l’arrestation de Solís, selon le tribunal provincial de La Havane, où le militant a été jugé.

La sentence était datée du 28 mars, jour où les autorités ont notifié à Robles, mais le jeune homme et sa famille n’ont eu accès au document que mercredi, a confirmé son frère Landy Fernández Elizastigui à ce journal.

« Les faits ont été manipulés par des plateformes numériques au service de l’ennemi » pour « discréditer le fonctionnement professionnel des autorités policières cubaines ».

Dans le texte, les juges indiquent que le jeune homme a maintenu un « intérêt marqué pour la création d’un environnement déstabilisant pour le système social et le développement économique interne », arguant qu’ »il a commencé à crier des phrases telles que celles figurant sur l’affiche et d’autres de désaccord avec les décisions prises par la direction du pays pour résister au blocus économique auquel Cuba est soumis par les États-Unis ».

Robles se déplaçait « d’un côté à l’autre pour inviter les gens qui étaient là à le suivre et à créer ainsi du désordre ». En outre, ils affirment que « les événements ont été manipulés par des plateformes numériques au service de l’ennemi » pour « discréditer le fonctionnement professionnel des autorités policières cubaines ».

L’accusation, lors du procès qui a eu lieu il y a plus de trois mois et demi, avait demandé six ans de prison pour les crimes de résistance et de propagande ennemie. La demande de Robles pour un changement de sa détention provisoire a été refusée à plusieurs reprises.

Robles a été arrêté le 4 décembre 2020 pour avoir manifesté sur le boulevard San Rafael à La Havane. Il a manifesté pacifiquement, en brandissant une banderole appelant à la liberté, à la fin de la répression et à la libération du rappeur dissident Denis Solís.

Trois jours avant de descendre dans la rue pour manifester pacifiquement, Robles a enregistré une vidéo qui a été publiée beaucoup plus tard, dans laquelle il parle de ses pensées, de ses désirs et aussi des raisons qui l’ont amené à être un manifestant.

« Nous voulons un changement, un changement de système, un changement de pays, parce que le communisme a vraiment transformé ce pays en un véritable enfer, un enfer où il est pratiquement impossible de respirer, non seulement de respirer de l’air, mais de respirer la paix, de respirer la tranquillité », a-t-il déclaré dans le matériel.

« Ils nous ont même enlevé notre liberté de penser, ils veulent même contrôler ce que nous pensons ».

À un autre moment, il a déclaré que « la liberté est la plus grande chose que vous puissiez avoir dans la vie et ces communistes sans vergogne, depuis qu’ils sont arrivés, ont supprimé toutes sortes de libertés, la liberté de religion libre, la liberté d’idéologie libre, la liberté de choisir qui vous voulez, et non celui qu’ils vous imposent ». Et de poursuivre : « Ils nous ont même enlevé notre liberté de penser, ils veulent même contrôler ce que nous pensons ».

Début mars, le jeune homme de 29 ans a rendu publique une lettre dans laquelle il réitère son combat et son objectif : « la liberté pour le peuple de Cuba ». Dans sa lettre, Robles revient sur les raisons qui l’ont poussé à mener la manifestation pacifique qui lui vaut aujourd’hui d’être emprisonné.

« J’ai décidé de rompre le silence parce que j’en ai eu assez de voir mon pays se détruire et le gouvernement ne rien faire pour le réparer », explique-t-il, « parce que je pense que le plus grand ennemi de Cuba n’est pas à l’extérieur mais assis dans le fauteuil présidentiel ».

Ainsi, il assure que son action a été menée pour que « la peur et la censure ne continuent pas à régir la société cubaine, pour que le fait d’exprimer ce que l’on pense et ce que l’on ressent n’importe où ne soit pas une raison pour aller en prison, parce que je veux que Cuba soit un pays pour les Cubains, quelle que soit leur façon de penser, pour que les rues de mon pays soient pour tout le monde et pas seulement pour les communistes ».

Texte publié sur la site 14 y medio le 30 mars 2022

https://www.14ymedio.com/cuba/Luis-Robles-joven-pancarta-sentenciado-cinco-anos-carcel-Cuba_0_3285871393.html


Enrique   |  Politique, Répression   |  03 31st, 2022    |