AMNESTY INTERNATIONAL: La répression visant les dissidents cubains se poursuit malgré plusieurs libérations

La vidéo ci-dessus nous montre l’arrestation, le 23 février à Placetas, d’activistes du Mouvement de résistance civique et de désobéissance Rosa Park, lors de la commémoration du second anniversaire de la mort d’Orlando Zapata Tamayo après une grève de la faim.

Les autorités cubaines continuent à restreindre la liberté d’expression sur l’île en dépit d’une récente vague de libérations très médiatisées de dissidents connus, a indiqué Amnesty International mercredi 16 mars à l’occasion du huitième anniversaire d’une campagne de répression lancée contre des militants.

Des centaines de militants partisans de la démocratie ont été victimes de harcèlement, d’actes d’intimidation et d’arrestations arbitraires ces dernières semaines, tandis que le gouvernement cubain emploie de nouvelles tactiques pour étouffer la contestation.

Sur les 75 militants arrêtés lors d’une vaste opération de répression le 18 mars 2003, seuls trois se trouvent encore en détention, à la suite des 50 libérations survenues depuis le mois de juin dernier. La plupart des personnes ainsi remises en liberté sont actuellement exilées en Espagne. Amnesty International demande que les personnes maintenues en détention soient relâchées immédiatement et sans condition.

« La libération des personnes arrêtées à l’occasion de l’opération de répression de 2003 est une avancée extrêmement positive mais elle ne donne qu’une seule version du traitement réservé aux défenseurs cubains des droits humains », déclare Gerardo Ducos, spécialiste de Cuba à Amnesty International.

« Ceux qui vivent sur l’île continuent à être pris pour cible pour le travail qu’ils accomplissent, en particulier par le biais de placements en détention de courte durée, tandis que des lois répressives donnent aux autorités cubaines toute latitude pour sanctionner les personnes qui les critiquent.

« Parallèlement, trois des détenus arrêtés il y a huit ans continuent à languir en prison et doivent être immédiatement libérés. »

Lors d’une opération de répression récente les autorités ont appréhendé plus de 100 personnes en un jour, décidant d’agir de manière préventive afin d’empêcher les militants de commémorer la mort du militant Orlando Zapata Tamayo, qui a succombé à une grève de la faim prolongée en détention.

Selon la Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale, le 23 février 2011, premier anniversaire de la mort de cet homme, les autorités ont placé plus de 50 personnes en résidence surveillée avant de les remettre en liberté quelques heures plus tard.

En détention depuis trois mois sans jugement, Néstor Rodríguez Lobaina, militant, est considéré par Amnesty International comme un prisonnier d’opinion.

Cet homme, président du Mouvement de jeunes Cubains pour la démocratie, a été arrêté après avoir organisé une réunion de militants à son domicile.

« Les Cubains restent à la merci de lois draconiennes qui font du militantisme une infraction, et quiconque ose critiquer les autorités risque la prison », a ajouté Gerardo Ducos.

« Au-delà de la libération des prisonniers d’opinion de longue date, le gouvernement doit changer ses lois afin de réaliser pleinement la liberté d’expression. »

Complément d’information

Soixante-quinze personnes ont été placées en détention aux alentours du 18 mars 2003 dans le cadre d’une vaste opération de répression visant les dissidents pour leur exercice pacifique du droit à la liberté d’expression. La plupart de ces personnes ont été inculpées d’ « actes contre l’indépendance de l’État », notamment, parce qu’elles étaient soupçonnées d’avoir reçu des fonds ou du matériel de la part d’organisations non gouvernementales basées aux États-Unis et financées par le gouvernement américain.

Elles ont été condamnées à des peines allant de six à 28 ans d’emprisonnement à l’issue de procès sommaires et inéquitables pour avoir mené des activités perçues par les autorités comme subversives et portant préjudice à Cuba.

Elles ont notamment été accusées d’avoir transmis des articles ou donné des interviews à des médias financés par les Etats-Unis ; d’avoir communiqué avec des organisations internationales de défense des droits humains ou d’avoir eu des contacts avec des entités ou des personnes considérées comme hostiles à Cuba.

Amnesty International/Mercredi 16 mars 2011


Enrique   |  Actualité, Société   |  03 2nd, 2012    |