Quel est l’état de l’économie cubaine ?

Le dernier rapport de la CEPAL  (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes) démontre que les “Lignes directrices” n’améliorent pas les performance économiques à Cuba. Il s’agit d’une commission liée à l’ONU, si nous ne sommes pas d’accord avec les orientations de ce genre d’organisme incitant les pays d’Amérique latine à la libéralisation et à la globalisation de leur économie, ce rapport met pourtant bien en évidence le leurre que représente la “mise à jour du modèle socialiste cubain” prônée par les frères Castro. Une mise à jour qui crée chaque jour plus d’inégalité et qui permet la résurgence à Cuba du modèle capitaliste.

Le rapport sur la situation macroéconomique de l’Amérique latine et des Caraïbes, de la CEPAL, publié jeudi dernier, fournit quelques informations intéressantes sur l’évolution de l’économie castriste. Dans cet article je me propose de commenter quelques-unes des conclusions de ce rapport, et d’évaluer, avec les données disponibles, le cours des événements, après l’application des “Lignes directrices” sur l’économie de l’île. Lignes qui furent approuvées par le dernier congrès du Parti communiste d’avril 2011.

Pour commencer, on peut considérer 2011 comme une année perdue pour l’économie cubaine, qui a continué à connaître une croissance économique plus faible que la moyenne des pays d’Amérique latine, 2,7% contre 4,3%, avec des progrès significatifs dans certains pays comme le Costa Rica, le Pérou et le Chili, en hausse de 5,5%. Il s’ensuit que l’application des “Lignes directrices” ne permettent pas  à l’économie cubaine d’entrevoir une amélioration.

Par conséquent, dans le contexte d’une expansion régionale de la croissance, l’économie castriste croît de façon inférieure à la moyenne, mais, c’est encore pire, elle croît sur des chiffres très en dessous des chiffre prévus par les responsables de l’appareil étatique, à trois dixièmes plus bas que le reste de l’Amérique latine. Les facteurs qui expliquent, selon la CEPAL, que Cuba a une croissance économique modeste ont été “l’amélioration de ses contraintes extérieures et une augmentation modérée de la consommation privée”, alors que l’investissement public a connu une forte baisse dans le cadre des plans d’épargne du régime pour répondre aux difficultés financières. Ce qui semble pas être positif dans cette évaluation initiale, selon la CEPAL, est “l’amélioration des données externes facilitée par l’ajustement des paiements aux créanciers étrangers, tandis que certaines restrictions sur les transferts des banques cubaines à l’étranger, pour les fournisseurs étrangers, étaient levées”.  Une mesure visant à lutter contre le désinvestissement étranger dans l’île qui, compte tenu des résultats récents, ne semble pas avoir été un franc succès.

Les signes avant-coureurs d’une économie inefficace, faible et mal gérée, se sont développés en  2011.

Malgré les réductions de dépenses lourdes, l’élimination des subventions et la stagnation de l’investissement public, le déficit budgétaire augmente, il est passé de 3,5% du PIB en 2010 à 3,8% en 2011, “en raison d’une réduction des revenus non fiscaux, notamment en raison des objectifs non atteints par les entreprises publiques ” parmi lesquels se distinguent les suspects habituels, avec un “détournement des recettes en raison de la vente au noir de matériaux de construction, des fournitures agricoles, des produits d’entretien, entre autres”. Les carences de la planification centrale, la paresse, l’inefficacité, sont les axes du cercle vicieux de l’économie castriste.

Les prix s’envolent vers le haut. Le rapport souligne que l’inflation en 2011 était plus élevée qu’en 2010, ce qui est dû “pour partie à l’exclusion de produits de soins personnels dans la carte de rationnement, ils sont vendus depuis janvier 2011 dans des magasins à des prix supérieurs, et d’autre part, à la hausse des prix de certains produits agricoles et de la viande, à la suite d’une réduction de l’offre”. Encore une fois, la paralysie du système empêche que les mesures de libéralisation donnent les résultats escomptés. Si l’offre ne se flexibilise pas, et si des programmes réalistes sont adoptées pour promouvoir l’économie de marché à partir de la production en présence d’une demande soutenue, les prix vont augmenter.

La combinaison de plus de déficit et de la hausse des prix globaux contribuent à dessiner un scénario particulièrement complexe pour l’économie castriste en 2011.

En outre, les mesures de politique économique prises n’ont pas été mieux appropriée pour résoudre de nouveaux problèmes.

Par exemple, en matière de politique fiscale, et devant la nécessité de réduire les dépenses, le fait que que les autorités  de planification centrale allouent de faibles ressources pour capitaliser des entreprises publiques qui, comme déjà indiqué, sont à l’origine des “détournements”, ce qui accroît le déficit et réduites recettes fiscales, n’a guère de sens. En conséquence, le régime n’a eu aucune difficulté à faire retomber tout le poids de la fiscalité sur les nouveaux auto-entrepreneurs, ceux qui dans le cas spécifique de Cuba, soutiennent une charge fiscale insupportable, surtout pour des activités qui débutent sur des bases économiques proches de zéro ou très basses.

Et si la politique budgétaire a des problèmes de mise en œuvre, que pouvons-nous dire des problèmes monétaires et de change, quand la coexistence de deux monnaies reste une source permanente d’inefficacité ?

Le rapport de la CEPAL accorde une attention à cette question, et il alerte sur la situation insoutenable liée à l’existence de deux monnaies, le peso cubain (ou CUP) et le peso convertible (ou CUC ). D’une part, le taux de change officiel, utilisé dans les comptes du revenu national pour les entreprises est resté en 1 équivalent de 1CUC = 1DOLLAR, ce qui est faux du point de vue du marché réel, tandis que le taux de change CUP/ CUC, utilisé dans les transactions personnelles, est resté à 1CUC = 24CUP, ce qui, par conséquent, crée des distorsions importantes, et qui n’obéit pas aux règles des équilibres macroéconomiques.

La politique monétaire a été expansionniste en raison de la circulation accrue de liquidités dans le domaine de l’auto-entreprise, en partie parce que les activités de prêt ont commencé à se redresser, alors qu’au départ elles étaient à des niveaux très bas. Et cela indique qu’il y aura une inflation plus élevée dans un moyen terme. Le rapport de la CEPAL souligne que l’ouverture de comptes bancaires ou des demandes de crédit par les particuliers dans certains cas, peut stimuler l’investissement intérieur, mais je ne pense pas que cela soit possible sans modification des droits de propriété existants, ce qui fournira des garanties juridiques face aux possibles confiscations ou expropriations sans indemnisation, ce qui a été la base du fonctionnement économique castriste depuis les origines.


Enrique   |  Politique, Société   |  06 18th, 2012    |