“Penser l’utopie” par Octavio Alberola

Notre ami Octavio Alberola, militant des GALSIC (Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba) et rédacteur du bulletin “Cuba libertaria”, nous a fait parvenir une contribution pour  l’Université populaire de Perpignan sur le thème : “Penser l’utopie”.

À télécharger ci-dessous :

Penser l’utopie

Pour vous donner l’envie de lire l’ensemble du texte, voici la première partie :

“Qu’est-ce qu’une « pratique philosophique » ?
Comme Michel Tozzi le dit bien, « en philosophie rien ne va de soi », et, en plus, il faut commencer par se mettre d’accord sur « ce qu’est vraiment la philosophie » : c’est une réflexion critique, un art de vivre, un savoir absolu ?Pour moi, et je crois que pour lui aussi, c’est la première ‘définition’ qui me paraît correspondre le mieux au verbe philosopher, puisque les autres deux me semblent être : l’une trop réductrice et l’autre trop prétentieuse. Bien que, si l’on retient la première, il est nécessaire de bien préciser l’adjectif… Car, c’est cet adjectif qui donne un sens logique à l’acte de réfléchir. Critique voulant dire : réfléchir (individuellement ou collectivement) sans aucun a priori idéologique, religieux ou même scientifique.
Ainsi donc, si philosopher est l’action de penser sans a priori, en essayant de donner à cette pensée un sens logique, il me paraît que philosopher c’est toujours et ne peut être qu’une pratique philosophique. Non seulement parce que, comme Michel nous le rappelle, la pratique (praxis) est « une activité humaine et sociale finalisée », mais aussi parce que la finalité de cette pratique c’est une réflexion critique et penser c’est déjà et toujours une action, une activité mentale fondée sur nos perceptions et les connaissances acquises.
Bien sûr, de par ma formation scientifique et mon expérience humaine (sociale et politique), je suis amené à fonder ma réflexion sur mon approche des connaissances scientifiques actuelles dans tous les domaines. Je ne peux et je ne crois pas possible de concevoir un autre fondement pour la réflexion philosophique que le « vrai » qui est concevable en fonction des « vérités » scientifiques actuelles (régulièrement actualisées) et de l’état neurologique de notre cerveau…
Donc, pour moi, toute pratique philosophique qui ne s’appuie pas sur ces connaissances court le risque de se réduire à pure rhétorique… Et cela même si elle se veut rigoureuse et est faite avec honnêteté et un langage très « philosophique ». C’est pourquoi la philosophie ne peut être un enseignement d’une vérité établie et à transmettre, mais un dialogue qui nous renvoie à nos vérités et à nos savoirs (ou non savoirs) sous la forme de l’interrogation socratique… On doit donc inscrire la pratique philosophique dans la lignée des penseurs grecs célébrant l’autonomie de pensée et de vie. Pratique qui se continue aujourd’hui avec tous ceux qui font d’elle un combat contre le dogmatisme, les conventions et les contraintes de la vie contemporaine massifiée, et pour la liberté de penser et de vivre.”


Enrique   |  Culture, Histoire, Politique, Société   |  12 12th, 2012    |