Des golfs, des villas, des projets immobiliers de luxe pour sauver la Révolution

Cuba va ouvrir en janvier des négociations avec les sociétés étrangères intéressées à investir dans la construction de 16 terrains de golf comprenant des villas qui pourront être achetées par des étrangers, a déclaré dimanche le ministre du Tourisme Manuel Marrero. Des entreprises mixtes entre l’Etat cubain et des capitaux étrangers seront chargés de développer ce projet de luxe qui permettra aux étrangers d’acheter des maisons pour la première fois depuis la crise économique des années 1990, a déclaré à la presse le ministre en marge d’une séance du Parlement.

Des 16 projets qui ont été approuvés par le “Conseil des ministres”, quatre se trouveront à Holguin (est) et les autres dans les régions de Pinar del Rio (ouest), de La Havane et de la station balnéaire de Varadero, à 150 km à l’est de la capitale, selon le ministre.

Ce projet vise à stimuler l’industrie touristique cubaine qui a connu une baisse de ces recettes depuis le début de l’année en raison de la crise économique mondiale, selon les autorités cubaines. Cuba reçoit chaque année plus de 2,2 millions de touristes principalement canadiens et européens – les touristes américains sont interdits de visite dans le cadre de l’embargo américain – qui rapportent aux caisses de l’Etat quelque 2 milliards de dollars.

Le gouvernement de Raul Castro, qui cherche à renflouer les caisses de l’Etat, tente de relancer une économie exsangue en réduisant les dépenses d’importation et en stimulant la production locale. Plus qu‘à une crise économique, Cuba fait face à une économie bloquée, en mal de modernisation. Une économie incapable de répondre aux besoins des cubains qui doivent faire appel au marché noir pour acheter et vendre des produits souvent volés dans les dépôts d‘État.

La chute vertigineuse de la croissance – elle est tombée de 12,6% du PIB en 2006 à 1,4% en 2009 – et la crise de liquidité qui a conduit à baisser de 37% les importations ont mis l‘île dans une situation d’urgence. La force de travail de Cuba, c’est quelque 5 millions de personnes dont la plus grande partie dans le secteur public. Alors que l‘île compte un peu plus de onze millions d’habitants, le gouvernement cubain considère qu’il faut supprimer plus d’1 million d’emplois dans le public. Salaire moyen : l‘équivalent de 14 € par mois.

L‘État, c’est 95% de l‘économie, difficile donc de se reconvertir pour ces futurs chômeurs dans le secteur privé, à moins que le gouvernement ne prenne des mesures de libéralisation économique. Un tableau qui s’est encore assombri avec une récolte de canne à sucre désastreuse cette année, la pire en 100 ans. Même l’industrie du tourisme ne rapporte plus comme avant. En 2009 le nombre de visiteurs étrangers avait progressé de 3%, mais les revenus du secteur ont chuté de 10%. Ce qui explique la décision des autorités de construire 16 terrains de golf comprenant des villas qui pourront être achetées par des étrangers.

Marcelo Salinas


Enrique   |  Actualité   |  08 31st, 2010    |