La censure et les sites webs officiels cubains

Les stratégies misent en œuvre pour appliquer la censure dans les sites officiels cubains sont diverses, et  elles sont appliquées avec une entière discrétion par les administrateurs de ces espaces. Dans ce journal, je me réfère à la censure de commentaires sur les sites.

La page du journal Granma, organe officiel du Parti communiste de Cuba, se présente comme un cas extrême, car elle ne permet aucun commentaire de la part des internautes. Le PCC (Parti communiste cubain) est clair sur ces objectifs, il prétend ne pas avoir besoin de commentaires.

Cependant, d’autres espaces gouvernementaux s’ouvrent progressivement à l’intervention publique, avec des degrés divers de liberté d’expression.

Le site du journal Juventud Rebelde, quant à lui, est un de ceux qui permettent, avec le plus d’amplitude, la participation des personnes, elles peuvent apporter des visions diamétralement opposées à celles présentées par l’auteur de l’article.

Les règles de Juventud rebelde :

1)    Les commentaires doivent être fondés sur le respect des opinions.

2) Ne seront pas admises les injures, les expressions vulgaires ou les paroles obscènes.

Le site du journal Trabajadores, l’organe de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), limite l’espace des commentaires aux personnes accédant à partir de l’Intranet cubain (sous contrôle permanent des autorités), et l’ouvre également à ceux qui ont accès à Internet. Pensez-vous que dans l’île il y a plus de travailleurs accédant à Internet qu’à Intranet ?

Je viens de découvrir que le web officialiste Cubadebate applique avec discrétion la censure aux commentateurs qui viennent sur le site pour participer aux discussions. Ce qui est intéressant ici, ce  n’est pas qu’ils suppriment certains commentaires pour avoir fait preuve d’esprit critique, mais qu’ils excluent directement certaines personnes déterminées.

Je peux l’assurer, car à plusieurs reprises, j’ai essayé de laisser un commentaire, en respectant les conditions d’utilisation, et après j’ai vu que mes paroles n’étaient pas publiées, même si elles concordaient  avec les autres commentateurs qui ont réussi à rendre visibles leurs positions.

Les règles de CubaDebate :

Éliminer ceux qui sont hors sujet ou utilisent des propos grossiers, violents, racistes, contenant des injures ou contraires à la loi.

J’ignore les commentaires contraires aux lois. Si je dis que je suis contre la loi d’Ajustement cubaine, ils me censureraient  pour ça aussi ? Et contre la loi sur le budget de l’État cubain ?

Par ailleurs, CubaDebate active et désactive les commentaires par rapport aux articles selon les choix des administrateurs. Imaginez alors que nous ayons des  auteurs irréprochables, possesseurs de la vérité absolue.

Quoi qu’il en soit, je ne vois pas comment les contraintes techniques et financières que brandissent les autorités cubaines qui ne permettraient pas la pleine utilisation des potentialités d’Internet, peuvent déterminer cette sous-exploitation des ressources technologiques disponibles.

Pour moi, c’est tout simplement de la censure. Si non, que quelqu’un vienne et m’explique.

Isbel Díaz Torres

Publié sur Havana Times

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QUELQUES ÉLÉMENTS POUR COMPRENDRE LA SITUATION DU WEB À CUBA :

Nous avons souvent abordé la question du web sur notre blog. Voici, en résumé, un état des lieux du cyberespace cubain.

Depuis mardi 4 juin, Cuba autorise l’accès public à Internet, avec l’ouverture de 118 «salles de navigation». Cette décision est une “Revolución” dans le web cubain, mais la connexion aux particuliers depuis leur domicile reste toujours impossible.

Depuis 20 ans, les autorités de l’île ont limité l’utilisation d’internet à un « usage social », c’est-à-dire réservé aux institutions, aux universités et à certaines professions, comme les médecins ou les journalistes. Mais cet accès est resté limité car, jusqu’en 2011, Cuba n’était connectée à la toile que par satellite. L’arrivée d’un câble sous-marin fourni par le Venezuela est arrivé ensuite.

Tout particulier pourra surfer dans ces salles pour cinq dollars de l’heure, et dépenser la moitié de cette somme, pour relever son courrier électronique. Des tarifs à comparer au salaire mensuel moyen des Cubains, qui se situe autour de 19 dollars.


Enrique   |  Politique, Société   |  07 16th, 2013    |