L’ethnologue cubaine Natalia Bolívar Aróstegui : un pilier de sagesse et de cubanité
Natalia Bolívar est morte à La Havane le 20 novembre 2023. Avec sa mort, Cuba a perdu un bastion de la recherche et de la sauvegarde des traditions africaines, ainsi qu’un être humain d’une extraordinaire sensibilité et d’un engagement envers les idéaux de justice. L’île perd l’un des intellectuels les plus polyvalents du XXe siècle.
Le nombre de personnes qui décèdent ou quittent l’île est supérieur à celui des naissances
11 septembre 2024, La Havane. Le nombre des Cubains qui ont émigrés, uniquement en 2022, dépasse celui des naissances en trois ans.
Le nombre de décès enregistrés à Cuba en 2023 est supérieur à celui des naissances au cours de la même période, selon un rapport récent du Bureau national de statistique et d’information (ONEI) et révèle la diminution drastique de la population de l’île. Des experts indépendants de ce même bureau ont attiré l’attention aussi sur cette même diminution et finalement les autorités n’ont pas eu d’alternative que de la reconnaître.
La crise économique s’intensifie
Faits et circonstances d’une quatrième génération d’anarchistes à Cuba. Notes écrites depuis l’intérieur de l’île
Le livre Cuba. Révolution dans la révolution, que nous avons publié aux éditions CNT en 2012, visait à donner la parole à ceux qui luttent, sous le « signe libertaire » au cœur de la grande île des Caraïbes. Les textes étaient majoritairement des écrits publiés clandestinement par des activistes antiautoritaires et libertaires, ils donnent un corps et une voix aux idées d’émancipation, aux valeurs libertaires nées à Cuba en 1857 et ayant pour références au départ les théories de Proudhon.
Plusieurs générations d’anarchistes se sont succédées à Cuba. Les trois premières eurent à faire face à différents cycles de répression et à des régimes militaires despotiques sous Machado, Batista et Castro. La quatrième génération, dont il est question dans cet article, se confronte aujourd’hui à l’immense appareil de répression sociale organisé par la police politique et son département de la sécurité de l’État. Toute expression sociale autonome des institutions étatiques, a toujours été désintégrée et réprimée méthodiquement en condamnant les militants à l’exil ou en les incarcérant dans les geôles castristes.
Ce texte nous raconte comment depuis 2006, malgré les obstructions d’un régime profondément dictatorial, des militants antiautoritaires, notamment nos compagnons regroupés au sein de l’Atelier libertaire de La Havane, questionnent la réalité cubaine et offre des alternatives au capitalisme d’État et au capitalisme libéral.
Daniel Pinós
Cofondateur des GALSIC (Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba)
Des Cubains recrutés dans l’armée russe se retrouvent sans argent ni documents après leur expulsion de Russie
De jeunes Cubains ont été « recrutés » par au moins deux femmes (Elena et Dayana) pour combattre pour la Russie sur le territoire ukrainien. Elles ont l’avantage de parler Russe, servant d’intermédiaire entre l’armée et les recrues cubaines, elles n’ont pas versé les salaires complets et ne leur ont pas remis de passeport russe. Les Cubains ont été escroqués, ils reçoivent aujourd’hui des menaces et se retrouvent dans l’illégalité sur le sol russe.
Amérique latine de Borgo Egnazia, Burgenstock à La Havane : tous les chemins croisent ceux de Moscou et mènent à Pékin ?
La Havane, capitale de la République cubaine, a reçu les 12-17 juin un détachement de la marine militaire russe saluée de 21 coups de canon à son entrée dans le port. Le lendemain, les 13-14 juin, à Borgo Egnazia, l’Italie, a reçu le dernier « G7 », cénacle des Etats-Unis et de leurs alliés principaux. La Russie en effet n’est plus membre du G8, redevenu G7, depuis 2014. Il a beaucoup été question pourtant, de la Russie, à Borgo Egnazia, en présence de plusieurs gouvernants latino-américains. Rebelote en Suisse, à Bürgenstock, 24 heures plus tard. Là, les 15 et 16 juin, un Forum de puissances occidentales et assimilées s’est réuni pour parler Ukraine, et encore Russie. Toujours avec le président de Kiev, mais sans son homologue de Moscou, en présence ici encore d’invités latino-américains.
Luis Dulzaides Noda, la passion oubliée d’un anarchiste cubain
Le vendredi 14 juin après-midi, dans l’atelier de l’artiste visuel Yornell Martínez Elías à La Havane, un petit groupe de personnes s’est réuni pour se remémorer et rendre hommage à Luis Dulzaides Noda, un individu oublié par les mémoires dominantes à Cuba depuis de nombreuses décennies. Il reste méconnu malgré toute la diversité et la cohérence de son activité sociale pendant près de quarante ans à Cuba, au cours de la première moitié du XXe siècle. Dulzaides est rappelé marginalement aujourd’hui comme un critique impertinent et corrosif des artistes et des arts plastiques qui se développaient à Cuba au début des années 50 à travers sa revue Inventario, mensuel polémique d’art et de littérature.
Rapport d’Amnesty International 2024 sur Cuba
Dans un contexte de poursuite de la répression de la dissidence, des militant·e·s, des opposant·e·s politiques et des journalistes ont été harcelés, persécutés et incarcérés. Les défenseur·e·s des droits humains étaient en butte à des attaques et se heurtaient à des obstacles dans l’exercice de leurs activités ; certains 188 La situation des droits humains dans le monde étaient toujours incarcérés au mépris de toute procédure régulière. La crise économique et humanitaire s’est poursuivie, marquée notamment par des pénuries de nourriture, de carburant et d’électricité. Les discriminations demeuraient très répandues et concernaient notamment les personnes d’ascendance africaine, les femmes et les filles, les personnes LGBTI, les dissident·e·s politiques et les membres de communautés religieuses.
La population de Santiago de Cuba proteste aux cris de “courant” et de “nourriture”.
Retour à Cuba
Samedi
Arrivée à La Havane et retour à Cuba vingt ans plus tard. Nous avons immédiatement un aperçu de la bureaucratie tropicale, car il fallait télécharger un formulaire, ce que nous avons fait, contrairement à d’autres voyageurs. Mais, de toutes façons, les policiers n’en vérifient qu’un sur deux, assis derrière leurs tables bancales en bois. Les guérites antédiluviennes meublent le passage pour le contrôle des passeports. Les bagages arrivent ensuite au compte-goutte bien qu’il n’y ait qu’un seul avion à débarquer.
Le trajet vers le centre-ville se fait dans le noir (pas de lumière pour éclairer les rues), rares voiture, mais le chauffeur de taxi nous explique la pénurie d’essence qui sévit du fait de la crise économique au Venezuela. Nous voyons d’ailleurs des stations-service fermées, et d’autres avec des dizaines de voitures qui attendent. Certains chauffeurs ont installé leurs chaises et leurs tables pour patienter.
A l’entrée de La Havane, les portraits géants et illuminés de deux des héros de la Révolution, Che Guevara et Camillo Cienfuegos, contemplent la faillite. Un immense slogan nous interpelle sur un mur “Patria o muerte”. Mais de nombreux bâtiments sont écroulés ou lépreux.
La jeune femme qui nous accueille dans notre hébergement, nous dit que ça a beaucoup changé en vingt ans, mais “en pire”.