ENTRETIEN AVEC LE PETIT-FILS DE CHE GUEVARA
Nous reproduisons ci-dessous l’entretien que Canek Sánchez Guevara accorda à notre compagnon Daniel Pinós et au Monde libertaire en novembre 2005.
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« Je devais donner l’exemple, mais moi j’ai toujours été rebelle… »
Le cigare cubain en main, la barbe mal implantée, la chevelure brune, de bonne stature, Canek est le petit-fils de Che Guevara, le fils d’Hildita Guevara, la première fille du guérillero argentin et cubain. Résidant aujourd’hui au Mexique, Canek fait partie des « enfants rebelles de la révolution », il est membre du MLC (Mouvement libertaire cubain). Dans cet entretien, il exprime son point de vue sur Fidel Castro, le « Vieux », sur la révolution cubaine, et le rejet que celle-ci lui inspire. Son témoignage met en évidence son besoin de rompre avec les mythes de la révolution, qui auront bercé son enfance et son adolescence. Pour Canek, la révolution cubaine n’est qu’un vulgaire capitalisme d’État. Elle a accouché d’une bourgeoisie d’État qui use aujourd’hui des organes répressifs d’une dictature pour maintenir ses privilèges. La révolution a été étouffée par sa bureaucratie, par la corruption, par le népotisme et la verticalité.
CANEK SÁNCHEZ GUEVARA : L’INDOCILE HÉRITIER
Anarchiste, écrivain, punk, photographe ou graphiste : bien des mots pourraient décrire Canek Sánchez Guevara. Si son tempérament et son goût pour le voyage rappellent son légendaire grand-père, l’homme n’a jamais voulu qu’on le considère comme « le petit-fils du Che » : impossible, répétait-il, d’incarner ce pantin exemplaire tant attendu par le régime. Il choisit dès lors de s’éloigner de Cuba, en quête d’anonymat.
Fils de la Péruvienne Hilda Guevara Gadea, aînée du premier mariage du Che, et d’Alberto Sánchez Hernández, un communiste mexicain réfugié à Cuba, Canek — « serpent noir », en langue maya — naît en 1974 dans une maison havanaise du quartier de Miramar. La petite famille voyage beaucoup : entourée de réfugiés politiques et d’activistes locaux, elle s’installe à Milan, Barcelone et Mexico pour finalement rentrer à Cuba. Canek y reste jusqu’à la mort de sa mère ; il a alors 22 ans et décide d’abandonner l’île pour rejoindre la ville d’Oaxaca, au Mexique. « En marge de tout principe politico-idéologique, il y a deux choses que j’admire grandement chez Ernesto Guevara : son internationalisme et sa témérité, desquels je me suis sans doute nourri », dira-t-il en 2012, au cours d’une interview pour le quotidien brésilien La Folha de Sao Paulo.
La Biennale de La Havane 2024 : un écran de fumée pour cacher « abus et répression »
Une déclaration sur la Biennale de La Havane 2024 par les commissaires et les artistes Solveig Font, Coco Fusco, Celia Irina González, Hamlet Lavastida, Julio Llopiz-Casal et Yanelys Nuñez Leyva offre une critique détaillée de l’événement dans le contexte actuel de Cuba. Malgré son slogan, « Horizons partagés », qui promeut le respect de la différence et l’engagement social, les auteurs remettent en question l’authenticité de la biennale.
LA RÉVOLUTION CUBAINE EST-ELLE MORTE ? SIGNES DE LA FIN D’UN MYTHE
Lorsque la révolution cubaine a pris fin, le discours officiel a inventé une façon de la masquer. La fin était non seulement inévitable, mais naturelle. Au fil des ans, il est devenu absurde de continuer à qualifier le régime de La Havane de « révolution ». L’historien Enrique del Risco a qualifié ce qui s’est passé à Cuba depuis 1959 de grande opération de marketing dans laquelle un label magique a été utilisé : la révolution.
CHE GUEVARA AU-DELÀ DU MYTHE
LES CARNETS DE VOYAGE, film du réalisateur brésilien Walter Salles, présenté au Festival de Cannes 2010, retracent le voyage effectué à travers l’Amérique latine, en 1953, par un jeune bourgeois argentin nommé Ernesto Guevara de la Serna (1). Ce long-métrage évoque quelques mois de la vie du jeune Guevara. Les bases de l’oeuvre de Walter Salles reposent sur les carnets de Guevara et de son compagnon de route Alberto Grenado (2). L’odyssée racontée par les deux jeunes aventuriers argentins dévoile l’impact qu’eut sur Guevara la découverte des problèmes de pauvreté et d’injustice de son continent. Pourtant, le jeune Guevara du film de Walter Salles est très éloigné du mythe du Che. Salles traite du sujet avec lyrisme et humanité, plutôt que de se focaliser sur les choix politiques ultérieurs de Guevara.Nous connaissons tous Che Guevara, le guérillero héroïque qui fit sacrifice de sa vie au service de la révolution. Nous connaissons sa participation aux avant-postes de la révolution cubaine, ses responsabilités ministérielles sur l’île du Caïman vert et sa mort tragique en Bolivie. Mais au-delà du mythe, de l’icône révolutionnaire qu’il est devenu aujourd’hui, quel fut son itinéraire et quels furent ses choix politiques ?
AUGMENTATION DU NOMBRE DE SUICIDES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS À CUBA
L’annuaire des statistiques de santé de Cuba 2023 a révélé une augmentation des cas de suicide parmi les populations les plus jeunes de l’île. L’augmentation des décès dus à des lésions auto-infligées intentionnellement dans le groupe d’âge 5-18 ans – la troisième cause de décès – suggère que certains des événements tragiques peuvent avoir eu lieu à un âge plus jeune (10-14 ans), une indication alarmante de facteurs graves affectant la santé mentale des enfants cubains d’aujourd’hui.
Le documentaire Crónicas del absurdo de Miguel Coyula : meilleur film de la compétition Envision du prestigieux Festival IDFA d’Amsterdam
Crónicas del absurdo (77 min.), la dernière œuvre du Cubain Miguel Coyula, a remporté le prix du meilleur film dans la compétition Envision du Festival international du film documentaire d’Amsterdam (IDFA), l’événement annuel le plus important et le plus influent consacré au genre documentaire.
La rhétorique du fascisme au service de l’imposition autoritaire
Daniel Ortega, Nicolás Maduro y Miguel Díaz-Canel
En Amérique Latine, la rhétorique du fascisme a servi à ce que des régimes autoritaires identifient comme tels les luttes anti-autoritaires ou anti-totalitaires qui se produisent en leur sein, et ainsi à naturaliser la répression extrême à laquelle ils sont soumis.
Extorsion, saisies et menaces : Une nouvelle opération de répression contre la société civile
Préparons-nous à ce scénario d’ici quelques jours : des porte-paroles de la Sécurité de l’État cubain apparaitront sur les écrans de la télévision pour présenter sur un ton grandiloquent et une musique enjôleuse, les « résultats d’une nouvelle « investigation » qui, basée sur « des preuves accablantes », servira à « prouver » l’existence d’une nouvelle opération organisée par les États-Unis.
L’île risque d’être privée de 55 000 barils de pétrole par jour si Maduro s’en va
Cuba a importé du Venezuela 55 615 barils de pétrole par jour (bdp) en 2023. Ce chiffre représente 8% de la production nationale des Pétroles du Venezuela S.A. (Pdvsa) cette année, selon les documents consultés par Reuters.
La crise post électorale vénézuélienne et les dénonciations de fraude lors des élections qui ont eu lieu le 28 juillet 2024 plongent La Havane dans l’inquiétude qui estime qu’est menacée une importante fourniture de pétrole. En mai 2024, les importations ont augmenté de 70 000 bpd, comparés aux 23 000 bpd importés de Caracas le mois précédent. Une fourniture très supérieure aux 55 000 bpd enregistrés pour l’année 2023.