Corruption à Cuba : une vérification nationale du Parti communiste détecte plus de 3 000 « incidents »
Le gouvernement lui-même reconnaît des malversations, des abus de pouvoir et des détournements de ressources dans des secteurs tels que la Santé, l’Éducation, l’Agriculture et les Transports.
Les distorsions de l’économie cubaine, dont beaucoup sont créées par le gouvernement lui-même, affectent quotidiennement la vie de millions de personnes sur l’île. Au cœur de ces distorsions, la corruption progresse, comme l’a montré le récent « processus de vérification des relations contractuelles entre les entités étatiques et les formes de gestion non étatique », mené par le Parti communiste de Cuba (PCC), qui a détecté 3 172 incidents, selon le journal officiel Granma.
La plupart des faits étaient liés à des défaillances et violations dans la passation de contrats, les systèmes de paiement, l’acquisition et la livraison de marchandises, ainsi que dans le processus de location, a précisé le journal. Une grande partie des incidents dans le secteur public ont été détectés dans des entités relevant de la Santé, de l’Éducation et de la Culture, ainsi que dans celles rattachées à l’Institut national des sports, de l’éducation physique et de la récréation (INDER).
Dans le secteur entrepreneurial, « les plus grandes défaillances ont été constatées dans les entités du Commerce, de l’Agriculture et des Transports », a-t-il ajouté.
« En raison de la gravité des faits détectés, des plaintes ont été déposées pour des délits de malversation, d’abus de pouvoir et de détournement de ressources. De même, il a été décidé d’intensifier les contrôles par des organismes spécialisés du Parquet, de la Cour des comptes ou d’inspection administrative supérieure, dans un groupe d’entités situées dans les provinces de Mayabeque, La Havane, Matanzas, Sancti Spíritus, Villa Clara, Camagüey, Las Tunas, Holguín, Granma, Guantánamo, ainsi que dans la municipalité spéciale de l’Île de la Jeunesse », souligne le rapport.
Par ailleurs, la vérification a également approfondi l’analyse des liens familiaux entre les prestataires de services non étatiques et les cadres chargés d’approuver les contrats et services des entités étatiques, selon Granma. Le journal a aussi souligné des dépenses excessives dans les fiches de coûts de la part des prestataires et des paiements exagérés aux formes de gestion non étatique, révélant des faiblesses dans le processus de négociation.
« Concernant l’achat et la livraison de marchandises, les principales anomalies relevées concernaient l’impossibilité de vérifier la destination des ressources acquises dans certains centres, ou encore l’achat et la distribution de biens sans processus formel de réception ni d’entrée en stock », a insisté le rapport.
Bien que Granma ait mentionné que les autorités ont procédé à des analyses pour « éradiquer les causes et conditions ayant provoqué ces défaillances et violations graves, renforcer les mécanismes de contrôle interne et populaire des ressources matérielles et financières, et exiger une plus grande responsabilité de la part des cadres et des fonctionnaires publics dans leur activité quotidienne », la vérification n’a pas eu d’impact concret sur la vie des Cubains. De plus, le gouvernement n’a pas reconnu que la racine de ces incidents réside dans les distorsions économiques créées par les mêmes dirigeants qui cherchent aujourd’hui à corriger ces « violations graves ».
Un exemple récent : en août, le Tribunal provincial de Sancti Spíritus a condamné cinq travailleurs de l’Entreprise de fournitures agricoles de la province, dont plusieurs dirigeants, à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison, après les avoir reconnus coupables de malversations et de négligence administrative ayant causé des pertes de près de 100 millions de pesos. Plusieurs des faits pour lesquels ils ont été jugés étaient liés à des relations peu claires avec des acteurs économiques non étatiques. Dans le secteur entrepreneurial, les plus grandes défaillances ont été observées dans les entités du Commerce, de l’Agriculture et des Transports, ajoute le rapport.
Par ailleurs, deux affaires présentées lors d’une récente émission de l’espace télévisé de propagande officielle Hacemos Cuba, visant à mettre en avant la lutte des autorités contre la corruption, ont démontré le haut degré de malhonnêteté et de dégradation des personnes placées à des postes de haute responsabilité à Cuba, ainsi que du système socialiste lui-même. Il ne s’agit pas de cas isolés, mais bien de l’essence même de l’entreprise d’État socialiste.
D’après des informations publiées sur Diario de Cuba