Un atelier libertaire sur le chômage

La Chaire Haydée Santamaría a organisé les 23 et 24 octobre à La Havane un vidéo-débat ayant pour thème le chômage, un thème qui pour la première fois depuis des décades commence à préoccuper sérieusement d’amples secteurs de la société cubaine.

Dans son traditionnel Atelier libertaire “Alfredo López”, la Chaire Haydée Santamaría a proposé aux assistants de prendre pour point de départ le documentaire “El taxista full” afin de lancer un regard critique sur  la situation difficile de l’emploi dans l’île.

L’invitation a circulé à travers le réseau de l’Observatorio Crítico et elle a permis de rassembler plusieurs participants aux différents projets du réseau. Pour les organisateurs “le chômage est déjà une réalité à Cuba, cependant, il n’existe pas encore d’espaces de débat et d’analyse sur cette réalité qui commence à nous affecter, et nous ne savons pas comment y faire face, cela va au-delà de la critique réactive instinctive”.

Le documentaire, présenté par Mari Castillo, coordinateur de la Chaire Haydée Santamaría, relate les initiatives et les expériences d’un travailleur sans emploi à Barcelone, qui décide d’occuper des taxis dans la matinée. Le protagoniste doit affronter alors le poids de la loi et, à la recherche de solutions il entame un intéressant périple à travers tous les groupes et tous les courants anticapitalistes de la ville.

Miguel Arencibia est membre de l’Observatorio et analyste des thèmes économiques et sociaux, auteur d’un vaste travail publié surtout sur le site web Kaos en la Red, il décrivit le parallélisme entre la situation raconté dans l’audiovisuel et la situation cubaine.

À partir de l’ultime trimestre de cette année et jusqu’à avril 2011, les institutions étatiques cubaines devront réduire d’un demi-million le nombre de personnes employés par l’État. Ce chiffre devra croître jusqu’à 1 300 000.

Selon Arencibia le chômage est utilisé comme un instrument de contrôle social pour diminuer les salaires et les prestations offertes aux travailleurs. “Tout cela va avoir lieu ici, et cela va se développer”, assura-t-il.

C’est ainsi, qu’il mentionna que ces mesures conduisent à l’agravation de la situation ; la réduction des personnels, la baisse des stimulants matériels en différentes monnaies, la suspension des services gratuits, la mise en vente de grandes étendues de terre à des acheteurs étrangers, la construction d’ensembles immobiliers pour les touristes, entre autres choses.

Le juriste remit en question la loi de sécurité sociale mise en vigueur qui augmente l’âge de la retraite, et la contradiction manifeste entre cette mesure et le fait qu’aujourd’hui il y a des millions de personnes en trop dans le secteur étatique. Arencibia commenta le fait que le processus de discussion de cette réglementation ne recueillit pas le véritable sentiment des travailleurs et il mentionna des institutions comme l’Institut de philosophie et l’usine de tabac La Corona.

Le débat approfondit le fonctionnement des entreprises cubaines. Hibert García, activiste du projet Socialismo Participativo y Democrático, rappela que “les entreprises cubaines étaient obligés d’apporter leur aide à l’État, par-dessus tout, même si elles doivent remettre en question leur propre existence”.

“Généralement ce sont des quote-parts, toujours croissantes, que les entreprises sont condamnées à payer, depuis toujours, pour maintenir à leur dépend la propriété sociale”, expliqua-t-il.

Durant cette rencontre, fut mis en évidence l’effet négatif de la double circulation monétaire, régnant à Cuba depuis 1993, sur le contrôle de l’efficience des entreprises. “Nous avons une des inflations les plus grandes du monde, mais elle est rendue invisible par la double monnaie”, rappela Arencibia.

En même temps, le débat reconnu les valeurs de la solidarité comme mécanisme effectif pour le développement social et personnel. Tato Quiñones, membre de la Cofradía de la Negritud, apporta des exemples concrets de pratiques solidaires qui persistent dans les espaces populaires de convivialité.

Le collectif de la Chaire Haydée Santamaría est intégré par des chercheurs en sciences sociales, des professeurs universitaires, des écrivains et des administrateurs culturels. Les débats au sein de la Chaire se caractérisent par un angle critique pour aborder les problématiques de la réalité cubaine du moment, là où se conjuguent le débat théorique, les expériences et les actions culturelles.

Voces. Comunicación alternativa


Enrique   |  Actualité, Analyse   |  11 30th, 2010    |