Encore plus de pétrole dans la mer de Cuba

Le 8 octobre dernier, une centaine de mètres cubes de pétrole brut se sont répandus dans les eaux de l’emblématique baie de Matanzas, selon les médias officiels jeudi dernier.

Les faits se sont produits lorsqu’un navire a déchargé cette substance contaminante au terminal des supertankers de cette province de l’ouest de Cuba, où la plus grande quantité de pétrole atteint l’île.

En un dimanche, environ 92 % des hydrocarbures déversés ont été recueillis.

La majeur partie du produit a pu être contenue à l’intérieur de barrières dans une “zone de sacrifice” dans la baie, tandis qu’une autre partie s’est échappé, ayant ainsi un impact sérieux sur les plages d’El Judío (environ 300 mètres) et El Tenis, et dans les zones entourant les supertankers, a expliqué Oscar Luis García, le délégué du ministre des sciences en technologie et de l’environnement (CITMA).

Le fonctionnaire a précisé qu’entre 5 et 6 mètres cubes du matériau se sont échappés dans les eaux ouvertes de la baie, cependant, il a assuré que les évaluations effectuées ne montrent aucun dommage environnemental significatif d’aucune sorte. « Il n’y a pas de poissons ou d’autres formes de vie marine affectés », a-il dit.

Selon le délégué du CITMA, ce qui affecte le plus ce sont les incrustations de pétrole sur les rochers, qui sont enlevés avec une substance biodégradable qui dissout le pétrole.

Les employés de la compagnie pétrolière cubaine CUPET ainsi que l’armée, les raffineries Camilo Cienfuegos et Ñico López, atténuent les dégâts manuellement « avec des canettes, des seaux, et même avec leurs propres mains », selon des articles de presse.

Le dimanche a également été mentionné l’arrivée d’un squimmer et de quelques pompes d’aspiration.

En 2018, deux déversements d’hydrocarbures dans les eaux côtières ont été signalés à Cuba. La première a eu lieu en mai dernier, lorsque 12 000 mètres cubes d’eau pétrolière contenant 30 % d’hydrocarbures ont atteint la baie de Cienfuegos, en provenance de la raffinerie de pétrole de la province.

Les autorités n’ont pas présenté publiquement d’évaluations détaillées sur l’impact environnemental généré par ces catastrophes.

Impact environnemental des déversements

Les effets de ce type de catastrophe environnementale sont variés et ne peuvent pas toujours être identifiés à l’œil nu, étant donné qu’ils se produisent dans des écosystèmes très diversifiés et peuplés de milliers d’espèces différentes.

Lorsqu’il y a eu une marée noire, la surface de la mer est recouverte d’une sorte de couche sombre qui obstrue le passage de la lumière et, par conséquent, affecte le processus de photosynthèse de nombreux organismes primaires, et de là elle affecte également le reste de la chaîne trophique des écosystèmes.

Les poissons peuvent contenir des polluants organiques persistants et les prédateurs qui les consomment peuvent transmettre l’intoxication pétrolière d’un animal à l’autre tout au long de la chaîne alimentaire, mettant même en danger la sécurité alimentaire humaine.

Même les oiseaux sont vulnérables s’ils sont touchés par la marée noire. Le pétrole adhère aux plumes et les empêche de voler, de sorte qu’ils restent sur la côte et finissent par mourir de froid ou de faim.

Le pétrole qui s’imprègne dans les sédiments côtiers et le sol affecte également les organismes qui y vivent. L’écosystème côtier ne peut être régénéré car ce film d’hydrocarbures empêche la croissance de nouvelles plantes.

La mer présente une variété de changements intrinsèques en plus de ceux que l’on peut observer, car ses propriétés physiques et chimiques sont également affectées. Le processus qui donne lieu à un déversement de ce type et qui a une durée indéterminée s’appelle la météorisation.

Ce processus peut modifier les caractéristiques de l’hydrocarbure telles que sa composition chimique ainsi que les conditions météorologiques du lieu, c’est-à-dire la température et l’état de la mer.

Perspectives environnementales pour Cuba avec le pétrole en vue

La majeure partie de la production pétrolière cubaine se situe précisément dans un secteur situé entre La Havane et Matanzas où se trouve le plus grand gisement pétrolier, avec des réserves géologiques de l’ordre de 6 milliards de barils, selon le Portefeuille des opportunités d’inversion étrangère publié par le gouvernement cubain.

Mais au-delà, selon les techniciens de l’île, la quasi-totalité du territoire cubain à des perspectives d’exploration pétrolière, en plus de toute la zone des eaux peu profondes et son extension dans la zone des eaux profondes.

Ainsi, les opportunités offertes par le portefeuille d’activités sont mises en évidence :

- Contrats d’exploration pétrolière à risque et de production partagée dans 8 blocs d’eau peu profonde, 19 blocs terrestres et 49 blocs dans la zone économique exclusive du golfe du Mexique.

- Contrat de récupération secondaire dans les gisements d’exploration.

- Création d’une entreprise mixte pour la construction d’une base de stockage de carburants à Matanzas (un investissement de 328 millions de dollars).

Comme on peut le constater, le potentiel de catastrophes écologiques est assez élevé pour l’ensemble de l’île, en particulier dans la région de Matanzas, qui non seulement accueillerait favorablement le forage sur terre et dans ses eaux peu profondes, mais dispose également d’un terminal supertanker et d’une base de stockage pour hydrocarbures.

Le risque environnemental est intrinsèque à l’industrie pétrolière, au-delà des promesses de sécurité technologique que les entreprises font généralement.

Mais dans le cas cubain, l’île manque non seulement d’une bonne partie des dernières technologies de prévention et d’atténuation des catastrophes, mais ses entreprises et ses travailleurs n’ont pas la culture de prévention et de discipline qui est essentielle. Cela nous rend encore plus vulnérables.

Isbel Díaz Torres

Traduction : Daniel Pinós Barrieras

Garde forestier. Alternative dans l’action environnementale et la communication

https://guardabosquescuba.org/2018/10/08/mas-petroleo-cae-al-mar-cubano/


Enrique   |  Actualité, Politique, Écologie   |  11 18th, 2018    |