La Havane dans la cinématographie cubaine : capturer l’esprit d’une ville en mouvement

Si l’on parle du cinéma cubain, force est de mentionner quelques propositions intéressantes, qui se démarquent non seulement par leurs valeurs cinématographiques, mais aussi par le fait d’être des témoignages de différentes dimensions de La Havane.

Memorias del subdesarrollo

Mémoires du sous-développement (Memorias del subdesarrollo, 1968, Tomás Gutiérrez Alea) : L’excellente photographie en noir et blanc de ce long métrage et la construction d’un récit qui mêle fiction et réalité, offrent une Havane multiforme depuis la perspective de ses habitants qui s’intègrent dans l’architecture citadine.

Dans ce film, le paysage humain et le paysage citadin fusionnent pour nous offrir une Havane multiple. Dans La Havane d’autrefois et celle qui est en train d’émerger, on découvre une ville qui change et qui ne s’arrête pas.

Los Sobrevivientes

Les Survivants (Los Sobrevivientes, 1978, Tomás Gutièrrez Alea) : Même si ce film ne se déroule pas explicitement à La Havane, il a en sa faveur le fait d’être aussi une manifestation de l’espace suburbain havanais, où les champs et la ville convergent pour remémorer une ville autrefois florissante grâce à ses constructions familiales et à ses styles architecturaux.

La maison où habite la famille joue un rôle fondamental non seulement pour l’intrigue et pour un récit plus allégorique, mais aussi pour connaître tout ce qui a pu être construit à Cuba à des époques à la fois convulsées et prolifiques.

Se permuta

Échange souhaité (Se permuta, 1983, Juan Carlos Tabío) : En observant la ville de La Havane et ses citadins, le visiteur curieux verra forcément une œuvre qui, sur le ton de la comédie, nous rapproche du phénomène récurrent de l’échange d’appartement non seulement dans la capitale, mais aussi tout au long du territoire cubain. De fait, pourquoi le film a-t-il été un énorme succès à la caisse lors de sa sortie et plaît-il toujours à tous ?

Tout simplement parce qu’il reflète la personnalité des Cubains à des moments caractérisés par les changements personnels qui s’avèrent difficiles lorsqu’on ne comprend pas qu’ils sont subordonnés à la dynamique de la société et à ses lois, à la politique et à la culture. Ici, La Havane devient un catalogue de conflits internes et externes.

Vampiros en La Habana

Vampires à La Havane (Vampiros en La Habana, 1987, Juan Padrón) : Dans ce film, on fait allusion à l’histoire de la patrie, spécifiquement à celle correspondant à la période de mandat de Gerardo Machado, à celle de bars et buvettes, de mafiosi, ainsi qu’à celle de rebelles naissants qui cherchaient à tout prix la liberté pour Cuba. La représentation de La Havane atteint tous les niveaux d’espaces divergents : la demeure, la maison de la classe moyenne, le solar, la toiture et la rue.

Habana Blues

Habana Blues (2005, Benito Zambrano) : Œuvre du prestigieux réalisateur espagnol, la coproduction hispano-cubaine Habana Blues est un long métrage significatif car il s’agit de l’un des rares films qui reflètent d’une manière équilibrée, le poids d’un contexte, comme celui de La Havane, pour la formation du Cubain ordinaire, mais aussi de l’artiste, en l’occurrence d’un musicien, qui tente de laisser une empreinte dans une totale liberté. La voix de la capitale provient des endroits les plus insoupçonnés car elle est en fait le protagoniste.

Barrio Cuba

Barrio Cuba (2005, Humberto Solás) : La ville n’acquiert pas toujours la catégorie de personnage dans l’intrigue d’un film. Solás y réussit à Barrio Cuba grâce à son habituelle maîtrise. La Havane, en l’occurrence, est un espace d’union et de rupture, de vie et de mort, de désenchantement et d’espoir, de frustration et de rêve. Barrio Cuba est l’un des films les moins prétentieux du cinéma cubain et l’un des plus beaux de tous temps. La capitale est plus qu’une toile de fond.

El Benny

El Benny (2006, Jorge Luis Sánchez) : Comme tout biopic, l’important ici ce sont les débuts de l’artiste et son ascension compliquée jusqu’au moment où il atteint sa plus grande splendeur.

Le contexte est, notamment, celui de La Havane nocturne des années 1940, celle de revues culturelles à succès, mais aussi celle de cabarets et salons, où la foule suivait, entre autres, la musique et la danse d‘El bárbaro del ritmo.

José Martí : El Ojo del Canario

José Martí : l’œil du canari (José Martí : El Ojo del Canario, 2011, Fernando Pérez) : Cette proposition nous transporte, grâce notamment à la direction artistique et à la photographie, à La Havane coloniale, celle que nous connaissons par les manuels d’histoire et les récits descriptifs.

Fernando Pérez et son équipe ont trouvé des espaces architecturaux et des rues qui conservent encore leurs valeurs presque originaires comme des témoins d’une ville aussi ancienne que moderne.

Précisons que ce ne sont pas là les seuls films qui s’inspirent de La Havane, même s’ils montrent la diversité qui caractérise cette capitale.

Daniel Céspedes

Traduction : Fernández-Reyes

https://www.cubania.com


Enrique   |  Culture, Société   |  01 30th, 2020    |