Le gouvernement cubain anéantit la liberté d’expression sur Internet

Des organisations et la presse indépendante signent un manifeste contre le décret-loi 370.

Plusieurs organisations et médias ont publié une déclaration dénonçant le fait que le gouvernement cubain anéantit la liberté d’expression sur Internet par le biais du décret-loi 370.

Les signataires, dont le site de contre-information 14ymedio, soutiennent que, bien que la censure contre la liberté d’expression et de la presse vienne de loin à Cuba, la situation a été aggravée par une nouvelle législation concernant les télécommunications, dont les effets sont évidents dans le contexte de la pandémie de coronavirus.

« Au moins 30 personnes ont été soumises à des interrogatoires, des menaces et la confiscation de médias, en particulier de journalistes, pour avoir diffusé leurs opinions sur les réseaux sociaux et 20 ont été condamnées à une amende de 3 000 pesos (120 dollars US), soit trois fois le salaire mensuel moyen », indique le rapport. Les signataires mettent en garde contre le danger du non-paiement de ces montants élevés, qui a déjà entraîné l’emprisonnement de sept personnes.

Dans le contexte d’une maladie contagieuse, cette mesure est particulièrement contestable compte tenu de l’appel lancé par les autorités sanitaires internationales pour promouvoir la distanciation sociale et réduire au minimum la population carcérale.

Le communiqué, promu par le centre juridique Cubalex, considère que les préceptes constitutionnels concernant la liberté de la presse sont contradictoires, puisqu’ils la soumettent toujours à un prétendu « intérêt social » qui, comme le précise le décret-loi 370 (article 68 clause i), est soumis à ce que quiconque reconnaîtrait comme une censure en pénalisant la diffusion « à travers les réseaux publics de transmission de données, d’informations contraires à l’intérêt social, à la morale, aux bonnes mœurs et à l’intégrité des personnes ».

L’État, dénoncent les signataires, force ainsi l’autocensure face à la peur d’une pénalisation qui pourrait conduire à la prison et à cause de la discrétion de la norme.

Le texte met également en évidence le piètre bilan de Cuba en matière de liberté de presse et d’expression. Selon Reporters sans frontières, il est le dernier du classement américain et figure parmi les dix plus mauvais du monde. Pour Freedom House, elle répète la pire position sur le continent et est la quatrième pire des 65 qu’ils examinent. L’indice CIVICUS, qui surveille la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique, classe le pays comme « fermé ».

Les Nations unies et le système interaméricain ont également exprimé leur inquiétude quant à la situation de ces droits et à l’aggravation de leur statut en vertu du décret-loi 370.

« Nous demandons à la communauté internationale, aux gouvernements, à la société civile et aux organisations internationales de protection des droits de l’homme d’exiger que le gouvernement cubain mette immédiatement fin à cette persécution », demandent les signataires, qui demandent également la restitution des biens réquisitionnés et que les citoyens puissent accéder à une information libre.

Il existe également des demandes spécifiques adressées aux organismes internationaux tels que l’Union européenne, l’ONU et l’OEA pour qu’ils ajustent leurs relations avec le gouvernement s’il ne respecte pas ses obligations en matière de droits de l’homme, un appel répété qui n’a pas reçu de réponse satisfaisante dans ces organismes multilatéraux depuis des années.

« Compte tenu de ce qui précède, nous réitérons notre pleine solidarité avec les journalistes indépendants et les acteurs de la société civile qui sont persécutés dans l’exercice de leur liberté d’expression », conclut le texte.

Ces derniers mois, le décret-loi 370 a entraîné des amendes, des arrestations ou des menaces de poursuites contre des journalistes tels que Mónica Baró, dont l’amende de 3 000 pesos a suscité l’indignation de la Fondation Gabo, qui lui a décerné le prix l’année dernière, ou des militants comme Enix Berrio Sarda, qui est toujours porté disparu après avoir été arrêté le week-end dernier.

14AYMEDIUM

https://www.14ymedio.com/sociedad/Gobierno-aniquila-libertad-expresion-internet_0_2870112967.html


Enrique   |  Actualité, Politique, Répression   |  05 7th, 2020    |