Cuba : le négationnisme de Ségolène Royal

Depuis plusieurs années Ségolène Royal est un fidèle soutien du régime dictatorial cubain. Elle était présente le dimanche 4 décembre 2016 à Cuba en tant que ministre de l’Écologie du gouvernement français, pour assister aux funérailles de Fidel Castro, décédé le 25 novembre 2016à 90 ans. Elle est le seul membre d’un gouvernement européen, avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, à avoir fait le déplacement à Cuba, la ministre a salué « un monument de l’histoire », et prétendu que les accusations de violations des droits de l’homme sont de la « désinformation ».

Les propos de Ségolène Royal

« Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française, sans pour autant connaître la terreur qu’il y a eue pendant la Révolution française. »

« Il y a toujours du positif et du négatif dans les histoires, mais certains ne vont pas se rhabiller à bon compte au nom des droits de l’homme alors qu’on sait qu’ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n’en a pas. Eh bien, fournissez-moi des listes de prisonniers politiques, à ce moment-là on pourra faire quelque chose. »

« Je sais que ça dérange, parce que justement voilà un pays insulaire qui protège son patrimoine, qui interdit les prédateurs, qui a réussi aussi à faire en sorte qu’il y ait une propreté, une sécurité vraiment remarquables, que l’on n’atteint pas dans beaucoup de pays qui donnent aujourd’hui des leçons de droits de l’Homme. »

« c’est aux historiens de faire le bilan de ce pays avec ses ombres et ses lumières, un pays magnifique et courageux qui est en train de s’ouvrir. Dire d’un pays qui reçoit 4 millions de visiteurs et de touristes par an qu’il s’agit d’une dictature, ce n’est pas vrai, M. le député. »

ll n’est pourtant pas bien difficile de trouver, sur Internet, des listes détaillées de victimes et de prisonniers politiques à Cuba. L’organisation Cuba Archive, dont les membres se consacrent à documenter les crimes de la dictature castriste, propose un ensemble de rapports sur les exécutions et assassinats commis par ce régime, ainsi qu’une base de données, que l’on peut interroger en ligne : Cuba Archive’s Database of documented deaths

Cette base de données contient la liste détaillée de plus de 10 000 personnes assassinées par le régime cubain (une mort n’est comptabilisée que si elle est confirmée par deux sources indépendantes). Rappelons qu’il faut ajouter à cette liste macabre 80 000 civils assassinés par les forces policières, para-policières, militaires ou paramilitaires, alors qu’ils tentaient de fuir la dictature.

Mais tout cela n’empêche pas la négationniste Ségolène Royal et ses semblables de prétendre que « quand on demande des listes de prisonniers politiques [à Cuba], on n’en a pas ».

La commission des droits de l’homme de l’ONU a condamné à de multiples reprises dans des rapports le régime cubain pour son non-respect des droits de l’homme, notamment des exécutions sommaires. Le pays est classé 171e sur 180 dans le classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Selon Amnesty International, «malgré l’amélioration progressive des relations diplomatiques du pays, plusieurs milliers de cas de harcèlement à l’égard de détracteurs du régime, d’arrestations et de détentions arbitraires ont été signalés» récemment.

Concernant les prisonniers politiques, Amnesty International note, dans son dernier rapport sur Cuba, que, en 2015, « selon la Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale (CCDHRN), plus de 8 600 militants et opposants au régime ont été placés en détention pour des motifs politiques durant l’année ».

Malgré des persécutions permanentes de la part de la dictature cubaine, les membres de la CCDHRN (Comision Cubana de Derechos Humanos y Reconciliacion Nacional) publient chaque mois une liste des détenus politiques, sur leur site. On peut y télécharger les listes mensuelles des prisonniers politiques, victimes de détentions arbitraires, avec tous les noms, lieux et dates, d’octobre 2010 à mai 2015.

Mais pour la négationniste Ségolène Royal, ces prisonniers politiques n’existent pas… Elle préfère rester solidaire avec un mort au lieu de s’occuper du sort des vivants et des innombrables victimes qui ont été torturées, emprisonnées, harcelées.


Enrique   |  Politique, Répression   |  07 15th, 2020    |