Le gouvernement cubain met sous sept clés les informations officielles

Le nouveau décret-loi sur le système d’information contient également un « cadeau » pour les FAR (Forces armées révolutionnaires) et le MININT (Ministère de l’intérieur).

Le Conseil d’État cubain a approuvé un décret-loi pour organiser le système d’information de toutes les structures gouvernementales qui assure un contrôle absolu sur ce qui est diffusé publiquement sur leur gestion.

Le règlement contient également une section spéciale consacrée aux Forces armées révolutionnaires et au ministère de l’Intérieur.

Le décret-loi n° 6, publié dans La Gaceta Oficial du 30 juillet, propose les concepts généraux avec lesquels le système statistique national et ses systèmes d’information institutionnels fonctionneront dorénavant.

En outre, il prévoit le contrôle et la supervision des informations officielles, ainsi que les éléments organisationnels qui en assurent l’administration.

Dorénavant, le système d’information du gouvernement sera dirigé par le Premier ministre, qui pourra déléguer cette responsabilité à un vice-premier ministre, et coordonnera le fonctionnement de l’ONEI (Office national des statistiques et de l’information).

Le système d’information, selon le texte du nouveau décret-loi, s’applique à tous les organismes d’État, entreprises d’État, toutes le formes de propriété privée, sociétés à capital mixte et étranger à Cuba et organisations de masse, mais « il couvre également les individus et les ménages, qui sont des sources et des destinataires importants de l’information gouvernementale, et qui ont des droits et des obligations à cet égard.

Selon le texte, ce système est organisé « pour satisfaire les besoins d’information liés aux objectifs et aux plans du gouvernement à tous les niveaux, de la société et du citoyen, dans les domaines économique, social, démographique, géographique, environnemental, dans le fonctionnement de ses organes et dans d’autres qui peuvent être décidés, ainsi que pour la prise de décision, la conception et le suivi des politiques publiques qui assurent le développement économique et social du pays ».

Toutefois, le décret-loi contient une disposition spéciale unique qui habilite les ministres des Forces armées révolutionnaires et de l’Intérieur à « adapter, si nécessaire, l’application des dispositions établies (…) en fonction des caractéristiques structurelles et des fonctions de ces ministères ».

Cette indication fait que, comme c’était le cas jusqu’à présent, la disponibilité d’informations publiques sur les deux structures reste presque inexistante, et que la responsabilité de leur gestion est discrétionnaire et soumise à la décision de leurs dirigeants.

De même, l’article 40 de la disposition habilite les « chefs des organes de l’État, des organismes centraux de l’administration de l’État, des administrations locales du pouvoir populaire, des entités nationales et des organismes supérieurs de gestion des entreprises » à « autoriser la diffusion d’informations d’intérêt ».

Cela garantit que l’accès de la presse et des médias en général aux informations de l’État et du gouvernement reste compliqué, une situation dont se plaignent à maintes reprises les journalistes officiels eux-mêmes. C’est pourquoi les dirigeants cubains ont souvent demandé que les structures de l’État soient « plus transparentes ».

L’ONEI, qui est responsable de la diffusion de l’information statistique officielle, est le destinataire des demandes d’information écrites et officielles de toute personne intéressée par des chiffres et des données spécifiques. Sur la base de cette demande, l’unité décidera d’autoriser ou non « sa diffusion ultérieure par l’utilisateur ».

« Dans ce cas, l’Office national des statistiques et de l’information et ses représentations territoriales signent avec les utilisateurs les accords de protection et de confidentialité des sources d’information, ainsi que les conditions qui limitent la diffusion », précise le décret-loi.

Historiquement, le gouvernement cubain a été interrogé par les organisations internationales, les gouvernements et les investisseurs étrangers, en raison de la rareté des informations statistiques, notamment économiques, et du secret qui prévaut sur des questions aussi sensibles pour la société que le taux réel de féminicide ou d’émigration, pour ne citer que deux exemples.

Mais le nouveau décret-loi fait de la gestion opaque et du secret autour de questions qui devraient être du domaine public une disposition de conformité générale.

Diario de Cuba

Photo : réunion de la ONEI.


Enrique   |  Actualité, Politique   |  08 5th, 2020    |