Les Latinos au crible de Human Rights Watch

Le printemps arabe et la répression en Syrie sont au cœur du rapport annuel 2012 de Human Rights Watch (HRW), présenté au Caire le 22 janvier et à Washington le 23 janvier.

Fidèle à une tradition désormais solide, l’organisation de défense des droits de l’homme procède à un examen pays par pays.

L’Amérique latine, en marge de l’actualité chaude, n’échappe pas à l’exercice qui consiste à traquer méthodiquement les atteintes aux libertés, en utilisant des critères comparables, basés sur les textes de référence en matière de droits de l’homme.

« Cuba reste le seul pays d’Amérique latine où sont réprimés presque toutes les formes de dissension politique. En 2011, le gouvernement de Raul Castro a continué à imposer le consensus politique au moyen de brèves arrestations, de passages à tabac, de rassemblements de répudiation publique et de restrictions aux voyages. »

HRW pointe du doigt le monopole gouvernemental des médias à Cuba et l’absence de liberté d’expression qui en résulte. L’ONG critique les campagnes télévisuelles de diffamation contre les bloggeurs indépendants, présentés par La Havane comme des « cyber mercenaires » au service de l’étranger.

La liberté de la presse est en danger dans d’autres pays. HRW souligne les attaques au Venezuela et les menaces qui pèsent en Equateur et en Argentine.

L’absence d’indépendance de la justice au Venezuela aggrave la précarité des droits de l’homme dans ce pays, où abondent les abus des polices. La criminalisation d’opposants s’est étendue à une magistrate, la juge Maria Lourdes Afiuni, arrêtée en 2009, sur ordre du président Hugo Chavez.

Aucun grand pays d’Amérique latine n’échappe au crible de HRW. Le Brésil est épinglé aussi pour les abus policiers, les tortures persistantes et la situation inhumaine des prisons. L’indécence du système pénitencier se retrouve en Argentine, au Chili, presque partout.

Le Mexique, mis à feu et à sang par l’offensive gouvernementale contre les trafiquants de drogue, est critiqué pour l’impunité dont jouissent les militaires, placés en première ligne d’un combat pour lequel ils n’ont guère été formés.

L’impunité est un phénomène récurrent dans la région, à l’exception de l’Argentine, du Chili et, dans une moindre mesure, du Pérou, qui poursuivent les principales violations des droits de l’homme commises par les régimes autoritaires. Aux exactions des vieilles dictatures sont venues s’ajouter en 2009 celles des putschistes du Honduras, dont HRW dénonce l’impunité.

L’ONG crédite le président colombien Juan Manuel Santos d’une plus grande sensibilité que son prédécesseur Alvaro Uribe à l’égard des abus des forces de sécurité. Mais le conflit armé qui ronge la Colombie reste un motif de préoccupation majeur pour les défenseurs des droits de l’homme.

Enfin, HRW s’inquiète des restrictions assez générales sur le droit à l’avortement et pointe du doigt les trois pays les plus intransigeants contre le droit des femmes à disposer de leur corps : le Salvador, le Nicaragua et le Chili. Trois pays où la gauche est au pouvoir ou l’a été pendant vingt ans.

Pablo A. Paranagua/Le Monde

http://www.hrw.org/sites/default/files/related_material/wr2012spwebwcover-1.pdf


Enrique   |  International, Politique, Société   |  01 25th, 2012    |