Un débat critique sur le reggaeton cubain organisé par l’Observatoire critique

Le colloque a approfondi les problèmes sociaux de Cuba à travers une analyse sur le reggaeton.

Le reggaeton est un problème social plutôt que d’être juste un genre musical, c’est ce qu’ont convenu les participants et les organisateurs d’un colloque sur le thème, appelé par la chaire Haydée Santamaria, l’initiative citoyenne de la Confrérie de la négritude et les collectifs membres du réseau protagoniste  de l’Observatoire critique.

« Le reflet de la crise systémique, des valeurs, de l’économique et de la société cubaine, n’est pas exclusivement lié au reggaeton, mais il est très répandu dans la musique populaire cubaine », a déclaré la chercheuse et militante Yasmin S. Portales, lors de la réunion du 25 Février à la Maison communautaire du quartier La Ceiba à La Havane.

Pour l’essayiste, cette tendance musicale « a occupé les espaces vides ou mal couverts par les institutions culturelles cubaines, et il a là construit une culture hégémonique ». La plupart des clips vidéo de ce genre contiennent une « forte charge de la violence », dit-elle lors du deuxième colloque Pensons-nous sur le thème du reggaeton.

Pour sa part, le professeur d’université Carlos Forcade Simon a considéré le reggaeton comme un phénomène hégémonique qui pose problème politiquement à la société cubaine parce qu’il ne mentionne pas la politique. À son avis, ce genre musical à Cuba n’est pas marginal, une classification qui défendent plusieurs spécialistes dans le domaine.

« Il n’est pas révolutionnaire au sens où il ne peut révolutionner une réalité sociale. Il n’a pas ce potentiel », opina au cours des débats le bloggeur et photographe Orlando Luis Pardo. Pendant ce temps, l’anthropologue Mario Castillo a associé ce genre de musique avec « la destruction de la culture populaire ».

À son tour, le militant de la chaire HaydéeSantamaria Dimitri Prieto a noté que cette tendance musicale et ses modes de consommation parmi la population cubaine expriment « une transition vers une dynamique de type capitaliste parce qu’elle s’impose à partir de la logique de l’argent, du sexe dominant, du pouvoir ».

De façon comparative, le membre de la Confrérie de la négritude Tato Quiñones mit en évidence le « caractère rebelle, antigouvernementale et protestataire du reggaeton à Porto Rico », ce qui ne caractérise pas les artistes de cette tendance à Cuba. Il a déploré également le « manque d’espaces dédiés à la danse et la crise profonde de la musique de danse populaire cubaine », quelques-uns des facteurs qui conduisent à l’hégémonie dans le domaine de la musique cubaine du reggaeton.

Lors de la conférence, les débats se sont approprié les dynamiques de l’éducation populaire, en présence de deux membres du groupe de rumba « Les Papines » qui interprétèrent une pièce musicale qui mêle rumba et reggaeton. Beaucoup de groupes se sentent obligés d’inclure dans  leur répertoire des thèmes « reggaetoneros »  afin de parvenir à une diffusion massive et recevoir l’acceptation du public, expliquèrent-ils.

Ces derniers temps, ce genre a suscité des  polémiques dans l’espace publique cubaine, sur des problèmes liées aux paroles et aux représentations dans les clips vidéo tels que la violence, le sexisme, le consumérisme et l’impact sur les jeunes générations, les principaux consommateurs, entre autres.

Pour le comité d’organisation, la rencontre et  le thème peuvent être un véhicule pour analyser la société afin de promouvoir une approche des dynamiques de la vie quotidienne. Pour cette raison, ils ont appelé à ce rendez-vous qui a prolongé l’expérience d’un précédent colloque, dirigé par la chaire Haydée Santamaria en 2007, à la Madriguera, institution récréative et culturelle de La Havane.

Rédaction IPS Cuba

http://www.ipscuba.net/index.php?option=com_k2&view=item&id=3408:observatorio-cr%C3%ADtico-debate-sobre-reggaeton-cubano&Itemid=5

Pour en savoir plus sur ce colloque, vous pouvez lire sur le blog de l’Observatoire critique les interventions de plusieurs participants :

http://observatoriocriticodesdecuba.wordpress.com/2012/02/28/que-dijimos-acerca-del-regueton/


Enrique   |  Culture, Société   |  02 28th, 2012    |