“Latinoamérica”, un hymne à l’Amérique latine

Avant de rejoindre la grève (interprétez ce mot comme vous le souhaitez…), Polémica cubana vous offre une embellie dans ce été pourri pour les parisiens : “Latinoamérica”. Une œuvre magnifique, chanté et composé par le groupe Calle 13 de Puerto Rico, c’est un véritable hommage aux cultures et aux peuples d’Amérique Latine, il est en passe de devenir un hymne à l’échelle continentale.

A noter que le morceau existe en plusieurs versions mais celle-ci est la principale. Il est réalisé en collaboration avec la nicaraguayenne Toto La Momposina et Susana Baca, notre amie la diva péruvienne devenue ministre de la culture.

Voici les paroles et la traduction :

AMÉRIQUE LATINE

Je suis,
Je suis ce qu’ils en ont laissé,
Je suis les restes de ce qu’ils ont volé (1).
Un peuple caché dans les sommets,
Ma peau est tannée, c’est pour cela qu’elle résiste à n’importe quel climat.
Je suis une usine à fumée,
Main-d’œuvre paysanne pour ta consommation
Front froid au milieu de l’été,
L’amour au temps du choléra (2), mon frère.
Le soleil qui nait et le jour qui meurt,
Avec les meilleurs couchers de soleil.
Je suis le développement incarné,
Un discours politique sans salive.
Les visages les plus beaux que j’ai connus,
Je suis la photo d’un disparu (3).
Je suis le sang dans tes veines,
Je suis un bout de terre qui vaut la peine.
Je suis un panier de haricots,
Je suis Maradona contre l’Angleterre te marquant deux buts (4)
Je suis la hampe de mon drapeau
Ma cordillère est l’épine dorsale de la planète.
Je suis ce que mon père m’a appris,
Celui qui n’aime pas sa patrie, n’aime pas sa mère.

Je suis l’Amérique Latine,
Un peuple sans jambes mais un peuple qui avance.

Refrain
Tu ne peux pas acheter le vent.
Tu ne peux pas acheter le soleil.
Tu ne peux pas acheter la pluie.
Tu ne peux pas acheter la chaleur.
Tu ne peux pas acheter les nuages.
Tu ne peux pas acheter les couleurs.
Tu ne peux pas acheter ma joie.
Tu ne peux pas acheter mes peines.

J’ai les lacs,
J’ai les rivières.
J’ai mes dents quand je souris.
La neige qui maquille mes montagnes.
J’ai le soleil qui me sèche et la pluie qui me mouille.
Un désert ivre de peyotes (5) pour un verre de pulque (6).
Pour chanter avec les coyotes (7),
(C’est) tout ce qu’il me faut !
J’ai mes poumons qui respirent du bleu ciel.
L’altitude qui les suffoque.
Je suis les molaires de ma bouche mastiquant la coca (8).
L’automne avec ses feuilles pâles,
Les vers écrits sous la nuit étoilée,
Une vigne pleine de raisins,
Un champ de canne à sucre (9) sous le soleil de Cuba.
Je suis la mer des Caraïbes qui veille les cabanons,
En faisant des rituels d’eau bénite.
Le vent qui peigne mes cheveux.
Je suis tous les saints qui pendent à mon cou (10).
L’essence de ma lutte n’est pas artificielle,
Parce-que le fruit de ma terre est naturel

Refrain x1
+ bis en portugais
Você não pode comprar o vento
Você não pode comprar o sol
Você não pode comprar a chuva
Você não pode comprar o calor
Você não pode comprar as nuvens
Você não pode comprar as cores
Você não pode comprar minha felicidade
Você não pode comprar minha tristeza

Tu ne peux pas acheter le soleil.
Tu ne peux pas acheter la pluie.
Nous traçons notre route,
Nous avançons.
Tu ne peux pas acheter ma vie.
Ma terre n’est pas à vendre !
Je travaille dur mais avec dignité,
Ici on partage, ce qui est à moi est à toi.
Ce peuple ne se noie pas dans la houle (11),
Et s’il s’effondre je le reconstruis.
Je ne sourcille pas non plus quand je te regarde,
Pour que tu te rappelles de mon nom.
L’opération Condor (12) envahissant mon nid,
Je pardonne mais jamais je n’oublie.

[chœur] Nous avançons, [/chœur]
Ici ça respire la lutte
[chœur] Nous avançons, [/chœur]
Je chante parce que ça s’entend
Ici nous sommes debout

Que vive l’Amérique Latine
Tu ne peux pas acheter ma vie !

Références :
1. Référence au pillage de la colonisation par les Espagnols et Portugais
2. Célèbre roman du prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez (colombien)
3. Disparitions « étranges » de résistants aux régimes dictatoriaux des années 1960 – 1980 : période surnommée la « guerre sale »
4. Quart de finale du mondial de foot 1986 : traversée du désert et « main de Dieu »
5. Petit cactus millénaire sans épines, aux propriétés hallucinogènes utilisées dans de nombreux rituels amérindiens : source
6. Boisson alcoolisée mexicaine à base de maguey : source
7. Passeurs illégaux de la frontière mexico-étatsunienne rackettant les candidats à l’immigration illégale
8. Véritable fondement culturel des communautés amérindiennes : source
9. Difficile à traduire : peut-être roselières (champs de roseaux)
10. Colliers que les croyants portent avec une image de leurs saints protecteurs
11. Difficile à traduire : du portugais marulho, littéralement « grandes vagues ». Hésitation avec « l’écume » également.
12. Campagne d’assassinats et de tortures organisée par les régimes dictatoriaux des années 70, visant à éliminer les leaders des mouvements subversifs : source.

LATINOAMÉRICA

Soy, soy lo que dejaron, Soy las sobras de lo que te robaron,
Un pueblo escondido en la cima, Mi piel es de cuero por eso aguata cualquier clima,
Soy una fábrica de humo, Mano de obra campesina para tu consumo,
En el medio del verano, El amor en los tiempos del cólera,
Mi hermano!

Soy el que nace y el día que muere, Con los mejores atardeceres,
Soy el desarrollo en carne viva, Un discurso sin saliva,
Las caras más bonitas que he conocido, Soy la fotografía de un desaparecido,
La sangre dentro de tus venas, Soy un pedazo de tierra que vale la pena,
Una canasta con frijoles.

Soy Maradona contra Inglaterra Anotándole dos goles.
Soy lo que sostiene mi bandera, La espina dorsal de mi planeta, en mi cordillera.
Soy lo que me enseño mi padre, El que no quiere a su patria no quiere a su madre.
Soy América Latina un pueblo sin piernas pero que camina.

Tú no puedes comprar al viento,
Tú no puedes comprar al sol
Tú no puedes comprar la lluvia,
Tú no puedes comprar al calor.
Tú no puedes comprar las nubes,
Tú no puedes comprar mi alegría,
Tú no puedes comprar mis dolores.

Tengo los lagos, tengo los ríos, Tengo mis dientes pa cuando me sonrío,
La nieve que maquilla mis montañas, Tengo el sol que me seca y la lluvia que me baña,
Un desierto embriagado con pellotes, Un trago de pulque para cantar con los coyotes,
Todo lo que necesito!

Tengo a mis pulmones respirando azul clarito,
La altura que sofoca, Soy las muelas de mi boca mascando coca,
El otoño con sus hojas desmayadas, Los versos escritos bajo las noches estrelladas,
Una viña repleta de uvas, Un cañaveral bajo el sol en cuba,
Soy el mar Caribe que vigila las casitas, Haciendo rituales de agua bendita,
El viento que peina mi cabello, Soy todos los santos que cuelgan de mi cuello,
El jugo de mi lucha no es artificial porque el abono de mi tierra es natural.
Vamos caminando, vamos dibujando el camino!

Trabajo bruto pero con orgullo, Aquí se comparte lo mío es tuyo,
Este pueblo no se ahoga con marullos, Y si se derrumba yo lo reconstruyo,
Tampoco pestañeo cuando te miro, Para que te recuerdes de mi apellido,
La operación cóndor invadiendo mi nido, Perdono pero nunca olvido, oye!

Vamos caminado, aquí se respira lucha.
Vamos caminando, yo canto porque se escucha.
Vamos caminando, aquí estamos de pie.
Que viva Latinoamérica.
No puedes comprar mi vida!


Enrique   |  Culture, Histoire, Société   |  07 13th, 2012    |