Le Venezuela, partenaire principal et acteur sensible de l’économie cubaine

Cuba a multiplié par deux en un an le volume de ses échanges avec le Venezuela qui, à la fin de 2010, représentait près de 40% des échanges totaux de l’île, d’après un rapport officiel.

Le commerce au titre d’accords préférentiels et les investissements stratégiques situent le Venezuela, de loin, comme le principal associé et un élément très sensible de l’économie cubaine, mais les projets en marche dans l’île exigent encore entre deux et trois ans pour fonctionner pleinement.

Le Bureau National des Statistiques (Oficina Nacional de Estadísticas ONE, www.one.cu) informe que l’échange avec le Venezuela en 2010 était de 6, 027 679 milliards de dollars, contre 3,135490 milliards en 2009.

L’ONE a publié la quasi totalité de son rapport de 2010 au milieu de l’année dernière, mais a retenu jusqu’à la fin de la semaine dernière certains résultats, comme le commerce extérieur et les comptes nationaux.

Au début de 2010, le commerce cubain avec le Venezuela dépassait de plus de trois fois les échanges avec la Chine, le deuxième partenaire de l’île (1 900 millions de dollars). Le reste des principaux partenaires de Cuba était, dans l’ordre, le Canada, l’Espagne, le Brésil, la Hollande, les États-Unis, le Mexique, l’Italie et la France, pour un total de 15, 244 milliards de dollars.

Certains analystes attribuent la hausse des montants échangés avec le Venezuela à l’augmentation du prix du pétrole et au fait que le pays sud-américain a commencé à payer à Cuba des services qui n’étaient pas facturés auparavant.

L’axe de la relation de Cuba avec le Venezuela est la vente de services professionnels et l’achat de pétrole soumis à un accord préférentiel. D’après des sources connaissant le mécanisme, les services médicaux de l’île se payent à des tarifs indexés sur le prix du brut.

Conformément à l’accord en vigueur, Cuba peut payer en deux fois sa facture pétrolière (un versement sous 90 jours et un autre quinze ans plus tard ) dont les montants prennent en compte la hausse du prix du baril.

Petrolelos de Venezuela (PDVSA) a rapporté des ventes de 113 000 barils de brut et de dérivés à Cuba en 2010, alors que le brut vénézuélien se vendait approximativement à 70 dollars le baril. Ainsi, la facture pétrolière de l’île a pu tourner autour de 2 887 millions de dollars cette année.

La ONE a informé que le total des importations de marchandises vénézuéliennes était de 4 milliards, 300 millions, 560 mille dollars en 2010, mais que cela n’équilibrait pas la balance des services, qui fournissent à l’île ses principaux revenus.

Cuba vend au Venezuela des solutions de services clé en main et compte plus de 40 000 professionnels domiciliés dans ce pays, dans l’assistance médicale, les sports, l’informatique, l’agriculture, le sucre et la sécurité, entre autres.

L’entreprise mixte Cuvenpetrol gère la raffinerie de Cienfuegos (centre-sud de Cuba), dotée d’une capacité de plus de 65 000 barils par jour, et qui est en cours d’agrandissement pour atteindre les 150 000 barils en 2014.

La même entreprise mixte prévoit l’élargissement d’une autre raffinerie, celle d’Hermanos Diaz (Santiago de Cuba, dans l’Est du pays) et en conçoit une nouvelle à Matanzas (Nord-Ouest), d’après le rapport d’août dernier du président de PPDVSA, Asdrubal Chavez.

Cuvenpetrol projette à Cienfuegos la construction d’une usine d’urée et ammoniaque, avec des équipements chinois et japonais, qui commencera à fonctionner en 2015, et est en train de concevoir une fabrique de PVC, qui pourrait commencer à fonctionner en 2017. Dans la même ville, est prévue une usine de regazéification pouvant traiter 2 06 millions de tonnes par an, surtout pour l’électricité, et qui entrera en fonction en 2015, d’après ce qu’a déclaré Héctor Pernia, le directeur local de PDVSA, en novembre.

Une troisième entreprise mixte, Telecomunicaciones Gran Caribe, a tendu entre les deux pays un câble sous-marin de fibre-optique, destiné à multiplier la capacité de connexion pour la voix, les données et l’image. Le câble devait entrer en fonctionnement en juillet dernier, d’après le projet original, mais on ne sait toujours pas ce qu’il en est. Des rumeurs non-confirmées ni démenties indiquent que certains dirigeants du projet ont été détenus pour des accusations de fraude.

Pour l’instant, on sait très peu de chose sur l’état des autres projets binationaux de l’île, comme l’usine de fer et de nickel d’Holguin (Est), la réhabilitation de l’oléoduc de Cienfuegos-Matanzas et la prospection en eaux profondes dans le Golfe du Mexique.

Gerardo Arreola

source : Progreso Semanal/La Jornada, 18 janvier 2012

traduit de l’espagnol par Marc Harpon pour Changement de Société

Gerardo Arreola est le correspondant du jounral mexicain La Jornada à La Havane.


Enrique   |  International, Politique, Société   |  10 10th, 2012    |