Anarchisme en Amérique Latine : une ébauche autour de son Histoire, traits et Perspectives

Recevez, participants et organisateurs de cet événement, le salut solidaire des anarchistes vénézuéliens, en particulier du groupe auquel j’appartiens : le Collectif Éditeur du journal El Libertario, d’où nous venons en nous efforçant depuis 17 ans de parcourir les chemins de la dignité, la combativité et l’enthousiasme qui ont été hier, sont aujourd’hui et seront demain des signes qui identifient et donnent une pleine vigueur à notre mouvement dans le monde. Dans l’intention de contribuer depuis l’Amérique Latine à ce que les anarchistes connaissions, reconnaissions et fortifions cette identité qui nous fait frères, mes compagnons de El Libertario et moi-même, nous pensons qu’il serait plus convenable de présenter dans cette rencontre une introduction globale de l’histoire, des traits et des perspectives de l’anarchisme dans notre continent.

Etant donnée l’assistance ici de beaucoup de jeunes gens, avec divers niveaux d’intérêt sur le sujet mais en général avec peu ou un accès limité à l’information sur les thèmes de cette exposition, je présenterais un schéma basique avec des idées, des personnages, des faits et des références historiques nécessaires pour comprendre l’anarchisme latinoaméricain et sa trajectoire. Ce récit, spécialement dans ses aspects historiques, ne prendra pas un ton érudit, alors j’espère que si ces paroles génèrent des effets dans l’audience, ils seront plus dans des dynamiques de solidarité militante et un échange vif avec le mouvement anarchiste contemporain dans notre continent, et moins dans la production de « papers » et de thèses universitaires. En synthèse, ce serait une discussion plus pour anarchistes que pour spécialistes, et en aucune manière pour ces « anarchologues » qui se complaisent à décréter que l’idéal anarchiste s’est éteint avec la fin de la Guerre Civile Espagnole en 1939.

Pour entrer en matière, je proposerai un sommaire qui examine le passé, le présent et l’éventuel avenir de l’anarchisme latino-américain en l’étudiant à travers quatre moments historiques : 1) le XIXe siècle, son étape originaire, avec son arrivée depuis l’Europe et son insertion chez nous ; 2) le premier tiers du XXe siècle, avec l’essor de l’anarcho-syndicalisme et de la présence libertaire dans les luttes sociales, la dynamique politique et la scène culturelle et intellectuelle du continent ; 3) la période de son éclipse et sa quasi disparition, entre le milieu des années 30 et le commencement de la décennie des années 90 ; et

4) le laps de temps entre les dernières années du XXe siècle et ce qu’il advient du XXIe siècle, avec un retour encourageant de l’anarchisme, en faisant face aux défis des nouvelles réalités et à travers elles mettre en évidence les potentialités de l’idéal libertaire.

Bien que cette périodisation donne une notion approximative quant à une situation temporelle, elle ne prétend pas déterminer des laps de temps exacts pour ce qui était en train d’arriver dans les pays de notre continent, puisque les circonstances ont varié entre eux, parce que le point de vue proposé doit s’adapter selon chaque contexte spécifique. Pour mentionner un exemple : au Vénézuela, le processus d’arrivée et d’insertion a été lent et intermittent (jusqu’à la seconde ou troisième décennie du XXe siècle), mis à part qu’il n’y a pas eu tout de suite un moment d’essor évident comme celui vu dans d’autres endroits d’Amérique Latine, il y a des variations significatives (comme on le voit en Bolivie, au Costa Rica, à Cuba ou en Uruguay, pour citer quelques cas).Une difficulté très importante pour affronter la trajectoire de l’anarchisme continental est le silence qu’imposent les historiens officiels positivistes, libéraux ou marxistes sur ce thème, et duquel on semble commencer à sortir seulement récemment. Avec cette entrave « d’invisibilité » pesant sur l’histoire de l’anarchisme dans chaque pays, on peut imaginer la tâche épuisante que ce serait de proposer cette tentative pour rendre compte du chemin libertaire dans l’ensemble de la zone, si il n’existait pas un antécédent d’une valeur extraordinaire comme appui et inspiration dans cette tâche : le Prologue ‘Anarchisme Latino-américain’, écrit par Angel Cappelletti en 1990 pour le volume de compilation intitulé L’Anarchisme en Amérique Latine. Sous la discrète identification comme Prologue, nous avons un texte étendu où se combinent le savoir le plus rigoureux et la passion pour l’idéal anarchiste, avec un panoramique de l’histoire du mouvement libertaire continental (depuis ses origines jusqu’au milieu du XXe siècle) qui, de mon opinion, est une lecture indispensable pour qui que ce soit s’intéressant à ce thème. Ce commentaire sert à encourager la nouvelle publication en espagnol de ce travail (édition épuisée depuis des années et seulement disponible en digital), ainsi que sa traduction et sa diffusion dans d’autres langues.

En remontant à ces temps (décennies de 1870 et 1880) où l’Internationale anti-autoritaire dont nous évoquons ici à Saint-Imier le 140ème anniversaire, a pris son envol, de multiples publications, personnages, débats et faits rendent compte de comment l’anarchisme n’était pas seulement alors arrivé dans les terres latino-américaines, sinon qu’il initiait son adaptation et son enracinement dans les réalités de cette partie de la planète, dans laquelle il faut fortement tenir compte de la manière avec laquelle d’amples secteurs parmi les opprimés ont identifiés les propositions libertaires avec des traditions d’égalitarisme collectiviste qui pour beaucoup de peuples indigènes étaient antérieures à l’impérialisme européen, aztèque ou inca, alors que pour ceux d’origine africaine ils venaient de la période antérieure à leur esclavage.

L’effort « d’acclimatation » à l’anarchisme a été rapide et fertile, ce processus mérite plus de connaissance pour les anarchistes des autres continents, pour être une des raisons qui expliquerait que l’idéal anarchiste traversait tant de nos luttes et de nos mouvements sociaux. Comme témoignages de cette créolisation précoce de l’Idée, citons la ‘Escuela del Rayo y del Socialismo (l’Ecole du Rayon et du Socialisme)’ au Méxique, Enrique Roig San Martin et le journal El Productor (Le Producteur) à Cuba, Manuel Gonzalez Prada au Pérou, et le ferment d’activistes et de publications qui bouillonaient dans la zone de Rio de la Plata, où, en 1872 ont été fondées les sections uruguayennes et argentines de l’A.I.T., les deux avec une orientation libertaire plus marquée. Pour une ample vérification de l’expression de l’anarchisme continental dans les décennies de la fin du XIX e siècle et les quatre premières décennies du XX siècle, voyez la Chronologie (1861-1940) que Cappelletti a inclus comme Appendice dans le volume cité.

En entrant dans les années 1900, la naissance de la FOA (Fédération Ouvrière Argentine), et plus tard de la FORA (Fédération Ouvrière Régionale Argentine), en Argentine, de la FORU (Fédération Ouvrière Régionale Uruguayenne) en Uruguay, de la Confederação Operária Brasileira (Confédération Ouvrière Brésilienne), de la Federacion Obrera Regional del Paraguay (Fédération Ouvrière Régionale du Paraguay), l’indomptable activité syndicale libertaire à Cuba, le labeur clandestin obstiné de propagande et l’organisation ouvrière du Partido Liberal Mexicano (Parti Libéral Mexicain) de Ricardo Florez Magón, sont des signes qui indiquent comment l ‘anarcho- syndicalisme se convertit dans l’expression plus voyante (mais pas unique) de la présence des idées et des pratiques anarchistes en Amérique Latine dans le premier tiers du siècle nouveau. La flamme libertaire prend avec force en ces temps non seulement parmi les travailleurs/ses des pays mentionnés, mais aussi généralement de tout le reste du continent, d’une manière qui rend juste l’affirmation suivante de Cappelletti : « …On peut dire sans qu’il ne fait aucun doute que l’anarchisme a pris racine parmi les ouvriers autochtones d’une manière beaucoup plus profonde et sur une plus longue durée que le marxisme (avec, peut-être, comme seule exception, au Chili) ».

Une telle déclaration sera objectée à partir des interprétations officiellement acceptées parmi la droite et la gauche autoritaire, qui ont toujours ignoré, minimisé et falsifié la profonde empreinte anarcho-syndicaliste dans le devenir social latino-américain. Face à cela, Cappelletti soutenait déjà son jugement avec une base solide de références documentaires pour chaque pays, qui plus tard se sont développées en quantité et en qualité grâce à diverses investigations historiques précieuses et denses dont je ne mentionnerais que quelques-unes seulement, à savoir : Biófilio Plancasta : el eterno prisionero (l’éternel prisonnier) (1992) del Colectivo Alas de Xué de Colombia (du Collectif les Ailes de Xué de Colombie) ; El anarquismo en Cuba (L’anarchisme à Cuba) (2000) de Frank Fernández ; Magonismo : utopía y revolución, 1910-1913 (Magonisme : utopie et révolution) ; (2005) de Ruben Trejo ; Historia do anarquismo no Brasil (Histoire de l’anarchisme au Brésil) (2006-2009) en deux volumes d’un résumé à la charge de Rafael Deminicis, Daniel Reis et Carlos Addor ; La choledad antiestetal. El anarcosinsicalismo en el movimiento obrero boliviano (La choledad (terme d’identité nationale) anti étatique. L’anarchosyndicalisme dans le mouvement ouvrier bolivien) (2010) de Huáscar Rodriguez ; en plus de ce qui se trouve dans les pages web du groupe J.D. Gómez Rojas du Chili et des Archives Anarchistes Péruviennes.

De partout et à tout moment l’action anarcho-syndicaliste s’est unie à la préoccupation pour penser et rendre vivante une culture libertaire qui s’affronte aux supports idéologico-culturels de l’oppression. Dans les décennies initiales du XX e siècle et déjà avant, les expériences se multiplièrent en Amérique Latine, qui furent des essais et des propositions du désir d’ouvrir la route pour construire d’un seul coup le monde libre que proposait l’anarchisme. Ces efforts ont été faits, pour mentionner quelques-unes de leurs dimensions, au travers des coopératives autogestionnaires, des fonds solidaires de secours mutuels, des écoles libres de la tutelle ecclésiastique ou étatique, des expériences de vie en communauté, des entreprises d’éditoriaux sans buts lucratifs, des projets autonomes de création/diffusion culturelle. Ses vues étaient telles, ce n’est pas étonnant qu’un important secteur d’artistes et de lettrés se soient sentis attirés par une pensée et une pratique qui proposaient de manière si vivace la rupture avec le conservatisme qui régissait alors les sociétés du continent. Il convient de rappeler que ce lien d’une partie de l’intellectualité avec l’anarchisme eût lieu en des termes bien distincts au processus analogue avec le marxisme, où cette élite culturelle assume un rôle d’avant-garde dirigeante, puisque qu’elle est supposée être la seule capable à interpréter convenablement la conscience révolutionnaire pour les travailleurs/ses et les autres exploités.

Pour les autres, en cette aurore du XX e siècle la volonté pour développer dans le continent une théorie anarchiste appropriée à une réflexion et une intervention sur les traits spécifiques de notre réalité se maintient et se consolide depuis l’Europe, puisque que de lui-même, il a donné des réponses nouvelles et cohérentes devant des sujets comme, par exemple, celui qui concerne la situation d’oppression, de racisme et d’abrutissement que subissaient les paysans/nes et les indigènes ; l’avancée agressive du capitalisme impérialiste externe qui s’associait avec les pouvoirs semi-féodaux locaux ; l’hégémonie culturelle réactionnaire qu’exerçait l’Eglise Catholique ; la lutte pour la libération de la femme ; ou comment faire pour qu’un mouvement politico-social résolument rationnel et moderne comme l’anarchiste, puisse arriver à ses finc dans une situation de traditionalisme où le peuple dirigé par des chefs guerriers est maintenu dans une ignorance généralisée qui règne toujours dans nos terres, pour lequel il est arrivé à créer des réponses organisatrices si originales comme la FORA argentine ou le Parti Libéral Mexicain.

Voir comment ces camarades réfléchirent en ces circonstances, pour après agir en conséquence et le faire en accord avec l’Idéal, est une précieuse leçon pour aujourd’hui, quand nous apprenons de leurs réussites et de leurs carences, comme des tensions et des débats qui ont été générés dans les boutiques libertaires. Les exemples sont multiples, quelques-uns de telle importance qu’ils n’ont pas pu être effacés de la mémoire collective, malgré les arguties des historiens/nes au service du pouvoir ; d’autres commencent à peine à être arrachés à des mystifications ou à des oublis et sont mis en valeur dans leur importance. A ce processus de réflexion, de débat et d’action, il faut y associer des personnes et des groupements qui l’exprimèrent avec valeur, raison et finesse, j’en mentionnerais quelques unes ensuite comme une façon d’appeller l’attention sur leur oeuvre et leurs trajectoire, qui méritent un examen beaucoup plus détaillé que ce qu’il convient de faire dans cette ébauche historique.

Je dois de nouveau recourir au prologue de Cappelletti, puisque sont proposées là trois raisons, que j’estime valables, pour expliquer la déclinaison dont souffre l’anarchisme latino-américain à partir des décennies de 1930 et 1940. J’en ajoute une quatrième, qui les complète. Ces raisons sont :

1°) L’apogée autoritaire qui est endurée en Amérique Latine durant ces décennies, visible dans les dictatures comme celles de Machado et de Batista à Cuba, de Vargas au Brésil, de Uriburu en Argentine, de Terra en Uruguay, plus un sinistre « etcetera » dans d’autres pays. Ces régimes ont été spécialement systématiques et féroces dans la persécution contre le mouvement ouvrier et anarchiste, puisque pour ce laps de temps a été introduit dans notre continent le modèle répressif propre au modèle répressif de l’État totalitaire moderne, qui offre alors des exemples à suivre en Italie fasciste et en Allemagne nazie.

2°) La fondation des partis communistes dans le continent, dont le relatif fleurissement (dans certains cas aux côté de l’anarchisme) a beaucoup à voir avec le « prestige révolutionnaire » eux qui se vantent de leur dépendance de l’Union Soviétique, qui les contrôle et les soutient en tant qu’instruments internationaux de sa politique d’État.

3°) L’apparition des courants nationalistes-populistes (APRA (Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine) au Pérou, PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) mexicain, le péronisme, Acción Democrática (Action Démocratique) du Vénézuela, battisme en Uruguay, etc…), qui avec l’appui des facteurs de pouvoir émergents ont du succès dans la diffusion de leur idéologie de réformisme pro-étatiste et de vague patriotisme, en se présentant comme une possibilité supposément plus réaliste pour sa flexibilité politique et pour l’offre de réussites plus immédiates par rapport aux promesses de l’anarchisme.

4°) La déroute de la révolution espagnole et ce qu’elle génère en terme de crise ou reflux pour l’anarchisme latino-américain. Le 1936 ibérique ayant été une aube d’espérance tant marquée pour un mouvement anarchiste qui commençait déjà à se percevoir de toutes parts –excepté ici- en régression ou à la défensive, mis à part qu’il a généré une solidarité anarchiste continentale intense, le résultat final de ce processus a été plus que sombre pour ceux qui levaient encore des drapeaux libertaires dans cette partie du monde, unie par tant d’amples liens avec la Péninsule.

Dans une atmosphère semblable, la simple survie des groupes, des publications et des activités anarchistes en quantité devenait une tâche extrêmement difficile pour qu’au moins on se souvienne encore de ce que, dans tant d’endroits, la génération antérieure avait connu. L‘anarchisme latino- américain ne s’est certainement pas éteint dans cette période qui démarre à la fin des années 1930 et qui s’étend jusqu’autour des années 1990, mais dans beaucoup de lieux il a semblé disparaître sans laisser plus de trace que ça, ou il subsistait seulement pendant que vivaient encore les militants vieillissants et les rares portes voix de l’Idéal. Pas même l’arrivée du grand contingent des éxilés libertaires ibériques qui s’est dispersé en Amérique Latine après 1939 ne renversa cette tendance, malgré les efforts qui ne manquèrent pas parmi eux pour contribuer a un mouvement au sein duquel ils s’installèrent. Il y a sans doute eu des initiatives pour inverser ce courant déclinant, dont la 1ère Conférence Anarchiste Américaine de Montevideo en 1957 fut peut-être le meilleur exemple, mais peu ou rien ne fut réalisé à ce sujet.

Pour aggraver les choses, la fidélité marxiste-léniniste que proclament en 1961 les dirigeants de l’insurrection qui avait mis en déroute deux années auparavant le dictateur Batista, ce que l’on fit appeler la révolution cubaine, est apparue à beaucoup comme la preuve concluante comme quoi le dogme de la faucille et du marteau était l’unique voie pour impulser avec succès des changements révolutionnaires progressistes dans notre continent. Cette foi s’est imposée jusque dans les détachements radicaux du nationalisme populiste (comme le montre les MIR (mouvements de la gauche révolutionnaire) du Vénézuela, du Pérou et de la Bolivie) ou de l’activisme catholique de base, dont la théologie de la libération fusionnait avec le marxisme sans grande complication. Ainsi, jusque dans les années 1980, le débat de la gauche était distribué entre les variantes marxistes, qui empêchaient son profil autoritaire comme insigne révolutionnaire de souche, tandis qu’on comprenait ou qu’on attendait très peu de ce qui pouvait venir de l’anarchisme, qui dans le meilleur des cas se diluait dans ce qui était digéré par ce que l’on nommait la critique marxiste.

L’isolement faisant, une partie du mouvement libertaire tendait à se réfugier dans la nostalgie du passé glorieux, ce qui rendait difficile la compréhension et l’entendement d’une action contemporaine compréhensible, tandis qu’un autre secteur promouvait le rapprochement vers des postures marxistes (par exemple, en modérant ou en taisant le prêche anti-électoral, en se refusant à critiquer le régime de Fidel Castro, en assumant le discours ambigu de la « libération nationale », et/ou en s’accommodant des mythes guévaristes militaristes autour à la lutte armée), dans ce qui était, en conclusion, plus de la claudication que de l’ approximation. L’exemple le plus pénible de cette réddition face au marxisme a été la position d’une frange de l’anarchisme continental (par exemple, la Fédération Anarchiste Uruguayenne) et mondiale (Daniel Cohn-Bendit lors du 1er congrès de l’IFA), qui se prêtèrent au silence, et encore plus à justifier, la féroce répression du castrisme qui a liquidé ou envoyé en exil le mouvement libertaire cubain.

Des semblables circonstances expliquent fondamentalement pourquoi dans le laps de temps entre le mois de mai 1968 français et la chute du mur de Berlin, quand dans d’autres parties du monde il y a une relative réapparition des drapeaux noirs, la décadence continue à être de règle pour l’Amérique Latine. Pas même la sortie de la clandestinité de l’anarchisme ibérique après la mort de Franco, avec l’exemple vivant qu’il pouvait signifier et la diffusion de ses publications, n’eut, au début une incidence appréciable. On peut peut-être se rappeler, dans les années 80 de la présence d’une lueur libertaire qui fut interprétée par les médias destinés aux jeunes comme l’extension de la culture punk, ou plus concrètement anarcho-punk.

Avec la décennie de 1990, il y a un changement sur la scène et les références qui définissaient la gauche continentale. Les échos de l’effondrement de l’empire soviétique arrivent, qui laisse orphelins de manière politico-idéologique les fidèles au marxisme, y compris ceux qui avaient tenté des critiques mesurées de cet épouvantail du capitalisme d’État pudiquement dénommé socialisme réel. Parce qu’ils étaient peu nombreux, les régimes d’aspect similaires qui ont survécu, comme celui de la Chine, ont accéléré leur enthousiaste « Longue Marche » vers la globalisation néolibérale, la Corée du Nord en moins, perdue dans une autarcie staliniste et dynastique. L’expression du dit effondrement dans le nouveau monde a donné à voir se défaire le mirage de la révolution cubaine, qui avait servi de consolation narcotique au marxisme léninisme continental tout au long des trente années de déroute des plus douloureuses pour ses dévots (avec l’insurrection de la guérilla dans les années 60, le Chili d’Allende, le déplacement des sandinistes au Nicaragua, pour en citer quelques-unes).

En plus, les tactiques routinières tordues du léninisme ont été la meilleure école pour que beaucoup de politiques et d’organisations nés de cette matrice enseignent le plus insolent des opportunismes, arrivant à renier tout discours ou toute intention révolutionnaire. L’effondrement du bloc soviétique et les fameux échecs de la ligne autoritaire marxiste dans nos pays, ont donné des limites « politiquement correctes » pour que ces convertis à la sainteté de la démocratie bourgeoise empruntent un chemin qui plus en avant leur donnerait des fruits en ce qui concerne l’escalade des positions de pouvoir, qu’ils ont exercé avec un attachement propre aux intérêts de l’État et du Capital.

Avec la cassure des certitudes étatiques qui régnèrent sur les décennies antérieures, les idées et les pratiques anarchistes vont avoir une audience inconnue depuis longtemps, bien que ceci ne génèra pas un essor immédiat ou de grandes formalités. Elles opéraient quelques fois des influences en dehors de l’aire continentale, quand il a été clair que la pensée et l’action des plus émergeantes dans le reste du monde en lien avec la réactivation des luttes sociales, à l’organisation collective qui surpasse les faillites des modèles léninistes, ou les propositions révolutionnaires conséquentes, venaient de façon croissante du camp libertaire. A ceci s’unit la découverte que différents acteurs sociaux, dans des contextes différents, donnaient maintenant tant d’importance aux idées de l’anarchisme comme de son histoire dans nos pays, puisque au sein de la gauche l’hégémonie exclusive du marxisme et de ses fractions s’était affaiblie. Ainsi, tout au long de ce laps de temps qui arrive jusqu’à aujourd’hui et couvre tous les confins de l’Amérique Latine, un nombre croissant d’activistes, de jeunes avec des questions et des inquiétudes, de femmes, d’indigènes, d’étudiants, de travailleurs, de personnes avec une curiosité intellectuelle, se rapprochent avec intérêt de l’idéal anarchiste, ce qui n’a comme précédents que l’époque de son réveil au commencement du XXème siècle.

Jusqu’en 1995-1996, quand internet était une nouveauté à la portée seulement d’une minorité en Amérique Latine, on commence à l’utiliser comme voie de contact, d’échange et de diffusion de l’anarchisme. Il en résulta qu’il fut un média très adapté à ces fins, c’est ainsi que, les années suivantes, le réseau des réseaux s’ouvrit lentement jusqu’à atteindre un niveau d’usage assez étendu dans la population, il resta un outil très précieux dans cette réapparition de l’anarchisme. Cela, non seulement par les possibilités de communication instantanée, ou d’échange d’informations dans d’amples volumes et à des prix de plus en plus bas, mais parce qu’il a préparé des modes de relation horizontale, de coordination non hiérarchique et d’action en ligne qui sont des pratiques anarchistes de toujours.

Nous vivons dans les 20 récentes années ce que j’ai osé nommer comme le retour de l’anarchisme latino-américain, avec des indicateurs précis et comparables : multiplication de publications périodiques (imprimées et virtuelles), joint à des efforts réanimés pour diffuser des livres et des brochures libertaires classiques ou des écrits récents ; le jaillissement continu de collectifs et d’espaces d’inspiration anarchiste (toujours dans des lieux sans antécédents anarchistes) ; l’expression de Ciber activisme plurielle et créative ; réapparition notoire de la militance, des propositions et des symboles de l’anarchisme en distinctes situations concrètes de la lutte sociale ; manifestations vivaces et reconnaissables dans les milieux les plus divers de la culture, que ce soit dans les arts figuratifs, dans les scénariis, dans la musique, dans la littérature, dans l’investigation et la réflexion socio-historique. Tout ce qui a été dit, évoque d’une certaine manière le panorama libertaire continental d’il y a un siècle, mais il en ressort une différence cardinale : il manque la suprématie de la vision et de l’action anarcho-syndicaliste qu’il eut alors en son sein. Aujourd’hui les efforts ne cessent pas pour récupérer quelque chose de cette présence autrefois aussi visible, mais la lenteur de cette récupération dans le monde du travail contraste avec l’encourageante perspective dans d’autres secteurs.

Le cadre de l’anarchisme dans le monde se complète en référence aux tensions et aux défis avec lesquels on doit combattre aujourd’hui, en signalant préalablement trois sources pour cette réflexion. En premier lieu, le livre posthume de l’inoubliable camarade Daniel Barret : Los sediciosos despertares de la anarquìa (Les éveils séditieux de l’anarchie) (2011), dont je valide qu’il contient l’examen le plus achevé qui a été fait sur les réalités et les tâches à affronter aujourd’hui pour le mouvement anarchiste latino-américain, et j’en recommande la diffusion et la lecture comme je le fis avec le Prologue de Cappelletti. La deuxième référence est la liste de courrier électronique Anarqlat, qui depuis 1997 est un forum virtuel d’échange pour le mouvement libertaire continental et c’est par là que son histoire récente s’est manifesté de façon importante. Le troisième support est sur le web du périodique vénézuélien El Libertario (Le Libertaire), dont la section ‘textes’ fournit des travaux divers et denses autour de l’actualité de l’anarchisme latino-américain, plus un dossier qui compile les publications sur cet outil commun qu’est l’édition imprimée de ce porte-parole anarchiste qui circule depuis 1995.

Ce qui a été mentionné avant, quant à la récente publication d’œuvres qui ouvrent un cap prometteur pour reconstruire la mémoire de l’anarchisme latino-américain, contribue sans doute à l’avancée de la connaissance historique et à l’éclaircissement de débats entre érudits, mais pour nous, elle est d’une grande importante dans la récupération de la capacité d’exposer des interprétations propres et pertinentes sur la société, la politique et la culture de nos pays, ce qui requiert une compréhension juste de ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous aspirons à être.

Nous avons besoin alors d’une histoire délivrée des pièges positivistes, libéraux ou marxistes, et que s’impose aussi la connaissance et l’approfondissement re-créateur à propos de l’idéal anarchiste, en vainquant les parti pris contre le savoir et la capacité intellectuelle proche de la tradition anarchiste de gens qui lisent pour réfléchir, débattre et construire l’utopie possible. Ceci tombe juste à point pour le présent et le futur de l’anarchisme latino-américain, puisque nous devons reconstruire et faire avancer une pensée/action propre, différente non seulement contre ce que posent nos évidents adversaires de la droite, sinon de ce que propose un marxisme qui en différents endroits du continent se pose maintenant en gestionnaire de l’État et garant des intérêts du capitalisme globalisé, rôle que ses exposants bigarrés accomplissent de manière semblable malgré des différences dans le maquillage.

Il serait désastreux pour notre mouvement, qu’il soit incapable de définir son cours autonome qui a été une de ses forces dans le passé, ce qui en aucune manière ne signifie s’isoler mais bien plutôt maintenir son propre profil et ne pas diluer nos objectifs spécifiques. Nous dirons maintenant que c’est une obligation pour l’anarchisme de se recréer pour affronter les nouvelles circonstances, mais il dénaturalise son identité s’il le fait en cherchant l’efficacité dans les plates-formes organisationnelles vidées du léninisme, s’il promeut un anti-impérialisme où le cri de la dénonciation contre l’interventionnisme agressif yankee se tait face à d’autres puissances impériales au talent similaire, s’il questionne le capitalisme privé pour excuser le capitalisme étatique, s’il accepte que les avances dans la conquête du pain excusent les reculs dans la conquête de la liberté, s’il propose qu’avec la tolérance et même un patronage « d’État progressiste », il est possible de construire un « pouvoir populaire ». Pour finir, si l’anarchisme retombe dans des voies qui ont conduit le marxisme à échouer comme une option d’échange révolutionnaire positive, il donnerait paradoxalement raison aux augures de l’autoritarisme rouge sur les impossibilités du socialisme libertaire.

Depuis les années 1930 et 1940, l’anarchisme latino-américain a un défi en suspens : comment affronter avec succès la démagogie du populisme nationaliste, qui dans ses variantes modulables est toujours une figure dominante de la scène politique continentale. L’actuelle grande vague de «gouvernements progressistes » est la nouvelle mascarade de ce vieux rival, devant laquelle il est vital de contester avec des réponses spécifiques dans la pratique et bien articulées au niveau théorique, qui rendent évidente aux yeux du collectif la fraude de ces prétendues réussites étatiques et de ces supposées bonnes intentions des gouvernants, promouvant et agissant pour construire en partant du bas des sorties réalistes d’actions autonomes, étrangères aux disputes pour le maniement de l’Etat et indépendantes des institutions du pouvoir. Ces idées générales (et son exécution pratique) requièrent toujours plus de réflexion et de travail de la part du mouvement anarchiste latino-américain, dans ce qui sans doute n’est pas une atmosphère pour répéter des gaffes marxistes, non plus pour les ignorer maintenant et les laisser pour après, ni pour opter pour la tolérance complice ou pour appuyer comme alliés mineurs les populistes « moins méchants », ceux/celles qui se disent de gauche ou socialistes. L’évidence de l’urgence d’un tel défi, des confusions qu’il génère et du persistant dommage que l’anarchisme a souffert pour ne pas l’avoir déchiffrer, est que maintenant nous devrions nous lier avec « l’anarcho-chaviste » au Vénézuela, comme si les lamentables parodies de « l’anarcho-péronisme » ne suffisent pas, « l’anarcho-battlisme » en Uruguay et « l’anarcho-castrisme » cubain.

J’insiste sur quelque chose que je juge essentiel pour que l’encourageant retour finisse de s’enraciner : il faut consolider l’anarchisme comme outil valable et constructif pour les luttes sociales autonomes d’aujourd’hui, qui en plus vont l’orienter jusqu’à la perspective de la révolution inhérente à l’idéal libertaire. Sans doute que les impulsions de la renaissance en vigueur en Amérique Latine ont été sa racine conjoncturelle dans des processus de la culture de masses comme la diffusion du punk, intellectuelles comme la revitalisation de l’intérêt pour les idées anarchistes, et politique comme l’irruption néo zapatiste depuis 1994 et l’essor du mouvement anti-globalisation à partir de Seattle en 1999, mais si plus tard elles ont pu se maintenir, c’est par ce que de diverses façons elles ont pu obtenir de se connecter avec les demandes et les conflits collectifs, comme le vérifiera quiconque a fouillé le panorama contemporain de l’activisme et de la lutte sociale continentale. Même quand elles ne sont pas aussi solides et étendues que nous le souhaitions, ces connexions existent et elles nous offrent une possibilité qu’il serait impardonnable de laisser passer.

Je partage l’affirmation comme quoi l’anarchisme sera une action sociale ou ne sera pas. Ajourner ou subordonner cette action en faveur de faits qui servent d’exemples, de la prophétie et de la répétition des « jours de furies », d’un « style de vivre libre » personnel qui mène à être un prétexte contre la solidarité, de s’isoler dans un anarchisme pour l’intellectuel cultivé ou la jouissance esthétique, condamnerait notre idéal à la stérilité à l’inertie.

En entrant dans la partie finale de cette discussion, je présenterai une liste avec les auteurs/ses anarchistes d’Amérique Latine que je considère personnellement comme les figures les plus révélatrices de la pensée libertaire continentale.

Ils/elles sont les ’classiques’, pour nommer ainsi ceux/celles qui ont écrit leur œuvre basique avant 1950 :

Enrique Roig San Martìn (cubain; 1843-1889). Manuel González Prada (péruvien; 1844-1918). Ricardo Flores Magón (mexicain; 1873-1922). Rafael Barrett (hispano-paraguayen; 1876-1910). Luisa Capetillo (portoricaine; 1879-1922). Edgard Leuenroth (brésilien; 1881-1968). José Oiticica (brésilien; 1882-1957). Francisco Pezoa (chilien; 1885-?). Diego Abad de Santillán (Espagne- Argentine, 1897-1983).

Plus tard, nous avons les ‘contemporains’, qui se font remarquer à partir de la 2e moitié du XXème siècle :

Jacobo Maguid (argentin; 1907-1997). Luce Fabbri (italo-uruguayenne; 1908-2000). Abraham Guillén (Espagne-Uruguay; 1913-1993). Edgar Rodrigues (luso-brésilien; 1921-2009). Ángel Cappelletti (Argentine-Venezuela; 1927-1995). Roberto Freire (brésilien; 1927-2008). Rubén Prieto (uruguayen; 1930-2008). Alfredo Errandonea (uruguayen; 1935-2001). Rafael Spósito (a) “Daniel Barret” (uruguayen; 1952-2009).

Il est impératif de mentionner aussi les groupements et les propositions collectives marquants :

Asociación Continental Americana de Trabajadores/as (Association Continentale Américaine des Travailleurs/ses) – ACAT/AIT. Casa del/de la Obrero/a Mundial (Maison Mondiale de l’Ouvrier/ère) (Mexique). Centro de Cultura Social (Centre de la culture Sociale) (São Paolo, Brésil). Centro de Estudios Sociales Germinal (Centre des Etudes Sociales Germinal) (Costa Rica). Colônia (Ruban) Cecília (Brésil). Comunidad del Sur (Communauté du Sud) (Uruguay).

Confederação Operária Brasileira (Confédération Ouvrière Brésilienne). Confederación General de Trabajadores/as (Confédération Générale des Travailleurs/ses) (Mexique). Diario La Protesta (Journal La Protestation) (Argentine). Federación Obrera de la Habana (Fédération Ouvrière de la Havane) (Cuba). Federación Obrera Local (Fédération Ouvrière Locale) (La Paz, Bolivie). Federación Obrera Regional Argentina(Fédération Ouvrière Régionale Argentine). Federación Obrera Regional Peruana (Fédération Ouvrière Régionale Péruvienne). Federación

Obrera Regional Uruguaya (Fédération Ouvrière Régionale Uruguayenne). IWW-Internatinal Workers of the World (Chili; autres pays du continent). Partido Liberal Mexicano (Parti Libéral Mexicain). Periódico La Protesta (Journal La Protestation) (Pérou). Revista Guángara Libertaria (Revue Libertaire Guángara) (Cuba depuis l’exil).

Également, voici un échantillon de la diversité qui existe aujourd’hui parmi les centaines de présences sur l’internet anarchiste d’Amérique Latine :

AculturA/ La Libertaria (culture libertaire) – Venezuela <www.acultura.org.ve> Archivo Anarquista Peruano (Archive Anarchiste Péruvienne) <anarquismoperu.noblogs.org> Coletivo Ativismo (Collectif Activisme) ABC e Casa(maison) da Largatixa Preta – Brésil www.ativismoabc.org Cuba Libertaria (Cuba Libertaire) – <http://issuu.com/ellibertatio/docs> et <www.nodo50.org/ellibertario/cubalibertaria.htlm> Federación Anarquista de México (Fédération Anarchiste du Mexique) <congresolibertario.blogspot.com> Federación Libertaria Argentina (Fédération Libertaire Argentine) <www.libertario.org.ar> Federación Obrera Regional Argentina (Fédération Ouvrière Régionale Argentine) <fora- ait.com.ar> Grupo (Groupe) José Domingo Gómez Rojas – Chili <grupogomezrojas.org> Hommodolars Contrainfo – Chili <hommodolars.org/web> La Libertad (La Liberté) – Costa Rica <lalibertadcr.blogspot.com> La Papalota Negra (Noire) – El Salvador <papalotanegra.noblogs.org> Mujeres Creando (Femmes Créant) – Bolivie <www.mujerescreando.org> No borders, no nations – anarquismo (anarchisme) “latino en USA <butterflyrevolt.tumblr.com> Nu-Sol – Brésil <www.nu-sol.org> Periódico Anarquía (Journal Anarchie) – Uruguay <periodicoanarquia.wordpress.com> Radio Piromanía (Pyromanie) – Colombie) <radiopiromania.latenia.net> Sala de Noticias Anarquistas & Punk (Salle de Nouvelles Anarchistes) – Venezuela <anarcopunknoticias.blogspot.com> Semillas Libertarias (Semences Libertaires) – Puerto Rico <smillaslibertarias.blogspot.com> Soma, uma terapia anarquista (Somme, une thérapie anarchiste) – Brésil <www.somaterapia.com.br>

Je terminerai em récapitulant les sources de consultation clefs pour préparer cette intervention :

*ANARQLAT (forum voie et mail pour l’anarchisme em Amérique Latine <http://lists.riseup.net/www/info/anarqlat>) *BARRET, Daniel. (2011) Los sediciosos despartes de la anarquia(Les éveils séditieux de l’anarchie). Buenos Aires: Anarres. (Aussi dans www.quijotelibros.com.ar/anarres.htm) *CAPPELLETTI, Angel y Carlos RAMA – comps. (1990). El anarquismo em América Latina(L’anarchisme em Amérique Latine. Caracas: Bibliothèque Ayacucho. [Edition imprimée épuisée; digital dans www.bibliotecaaayaacucho.gob.ve/fba/index.php? id=97&no_cache=1&download=155.pdf&catalogUid=157&filetype=ayaDigit] *El Libertario (Le Libertaire) (journal anarchiste du Vénézuela; accessible à www.nodo50.org/ellibertario). *MENDEZ, Nelson et Alfredo VALLOTA. Bitácora de la utopia. Anarquismo para el S.XXI.(Un habitacle de l’utopie. Anarchisme pour le XXI ème siècle). Editions imprimées depuis 2001 au Venezuela, en Argentine, au Mexique, au Chili et en République Dominicaine, multiples versions digitales sur internet)

Saint-Imier, Suisse. Août 2012.

Nelson Méndez

[Membre du collectif éditeur de El Libertario (Le Libertaire) ; Professeur Titulaire de l'Université Centrale du Vénézuela à Caracas.]


Enrique   |  Histoire, International, Politique, Société   |  11 26th, 2012    |