Les tensions du processus bolivarien : nationalisme populaire, conquêtes sociales et capitalisme rentier

Le 16 décembre 2013 auront lieu les élections régionales au Venezuela, nouveau scrutin test pour le camp bolivarien et le gouvernement vénézuélien ; ceci alors que le président Hugo Chávez vient d’annoncer au pays une nouvelle opération à Cuba, du fait d’un cancer semble-t-il très avancé et que les médecins de l’île n’ont pu soigner jusqu’à présent. Les dernières déclarations du leader sud-américain ont créé un grand émoi chez  ses partisans, à l’échelle de tout le continent, tout en faisant apparaitre une véritable mystique populaire dans certains quartiers de Caracas. Pour la première fois, H. Chávez a ostensiblement désigné un possible « successeur » pour conduire les destinées de la « révolution bolivarienne ». Le vice-président Nicolas Maduro (plutôt situé à la gauche du chavisme) a ainsi été présenté comme celui qui pourrait défendre les couleurs bolivariennes lors d’éventuelles élections anticipées, dues au retrait de la vie politique du président ou en cas de son décès, d’ici la fin de son nouveau mandat. Nous publions ici une analyse de conjoncture réalisée par notre rédacteur Franck Gaudichaud, pour la revue Inprecor, suite à un séjour à Caracas à l’occasion des élections présidentielles du mois d’octobre. Cette note sera accompagnée dans quelques jours d’un entretien, à plusieurs voix, avec la direction du courant anticapitaliste bolivarien Marea Socialista.

Dimanche 7 octobre, Hugo Chávez fêtait sa troisième victoire aux élections présidentielles, avec 55,1 % des suffrages, contre 44,3 % en faveur de son principal adversaire, le candidat néolibéral Henrique Capriles Radonski. La polarisation politique était telle que les 4 autres candidats en lice ont été littéralement balayés1. La popularité, la capacité de mobilisation et le leadership charismatique de Chávez restent donc solidement démontrées, ancrés et majoritaires au sein de celles et ceux « d’en bas » ; ceci alors que la participation électorale a atteint des sommets en dépassant les 80% du corps électoral. La manifestation de centaines de milliers de personnes (peut-être plus d’un million !) qui ont occupé les rues de Caracas, le jeudi 4 octobre, a constitué une incontestable démonstration de vitalité de la « révolution bolivarienne » et aussi l’omniprésence du président au moment de soulever l’enthousiasme des foules. Ceci sous les auspices d’un slogan de campagne d’ailleurs passablement éloigné du socialisme : « Chávez, cœur de la patrie ! ». On retrouve ici certainement la force du nationalisme populaire tel qu’il s’est incarné au Venezuela : celui d’un « césarisme » progressiste et anti-impérialiste (au sein de Gramsci) ou encore cette « raison populiste » post-néolibérale, décrite par Ernesto Laclau2, qui a réussi à créer, à reconstituer par en haut et par en bas, une nouvelle communauté politique populaire au Venezuela, tout au long de cette dernière décennie. Pourtant, si ferveur il y a, elle n’est pas le fruit unique d’une quelconque « irrationalité » politique, comme on peut le lire régulièrement dans la presse dominante, ou d’une simple émergence plébéienne discursive.

La force du bilan social du bolivarisme

Cet appui populaire de masse existe aussi grâce au bilan social, bien réel et bien compris, du processus bolivarien :

« A la différence de ce qui se passait sous les gouvernements précédents, une grande part de la rente pétrolière a été utilisée pour financer la politique sociale. Les humbles (nombreux) qui crient ”Viva Chávez !” se réfèrent sans doute aux millions de personnes qui, chaque jour, accourent dans les différents programmes — Mercal, Pdval, Bicentenario, Farmapatría — où ils peuvent acheter les produits de première nécessité à prix subventionnés. Les jeunes qui s’enthousiasment — ”Chávez va gagner !” — songent d’évidence à la politique d’inclusion et d’éducation menée à tous les niveaux, aux livres et aux ordinateurs (les canaimitas) gratuits qui leur sont distribués. Les vieux qui se vêtent de t-shirts rouges, le font probablement parce que les 200 000 retraités touchant une pension à la fin de la IVe république ont fait des petits et sont devenus 2 300 000 aujourd’hui. Quand les mères de familles parlent avec émotion du ”comandante”, c’est parce que les différentes ”missions” mises en place leur ont donné accès à la santé, c’est parce que deux millions d’entre elles et de leurs proches bénéficient désormais du régime de la sécurité sociale. Que les mal-logés prennent parti n’a rien de surprenant non plus : la Grande mission logement Venezuela, certes trop tardivement créée, a bâti des dizaines de milliers d’habitations depuis sa naissance voici dix-huit mois »3.

D’après la Commission économique pour l’Amérique latine de l’ONU (CEPAL), le Venezuela est le pays qui a connu la baisse de la pauvreté la plus spectaculaire en Amérique latine : entre 2002 et 2010, celle-ci passe de 48,6 %  à 27,8 % et de 22,2 %  à 10,7% en ce qui concerne l’extrême pauvreté. De plus, le pays possède désormais l’un des niveaux d’inégalités le plus faible de la région, ce qui n’est pas rien dans le continent le plus inégalitaire de la planète. Les changements sont donc bien palpables, bien loin des années néolibérales de la IV° République (1958-1998). Il faudrait ajouter à cela la création d’espaces de participation populaire, notamment au travers des milliers de Conseils communaux ou des coopératives paysannes issues de la réforme agraire ; la récente réforme du code du travail, la plus progressiste du continent4 ; la mise en place d’un des salaires minimums le plus élevé de la région ou encore le retour de la discussion sur la souveraineté du peuple, le socialisme et l’anti-capitalisme, bien au-delà des seules sphères militantes. Le programme de campagne de Chávez était d’ailleurs clairement orienté autour de ces questions stratégiques. L’élection de dimanche avait aussi un caractère géopolitique évident. Une défaite du candidat du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et de ses alliés du Grand Pôle patriotique (dont le Parti communiste vénézuélien) aurait fortement détérioré les rapports de classes continentaux, menaçant les conquêtes sociales et démocratiques de la dernière décennie, mais aussi menacé la nouvelle autonomie relative du Sud face à l’impérialisme, la toute jeune Union des nations sud-américaines (UNASUR) et, surtout, mis à mal des projets novateurs, bien que encore balbutiants ou limités, tels que l’ALBA5 ou la Banque du sud.

Limites et obstacles d’un processus national-populaire progressiste

Pourtant, cette nouvelle victoire électorale -très claire et indiscutable – ne saurait cacher les multiples problèmes non réglés depuis 13 années de pouvoir, les « dilemmes » et les intenses contradictions du processus bolivarien, au-delà des discours sur le « socialisme du XXI° siècle » (dont on peine encore à voir ne serait-ce que les contours flous)6. Citons en quelques-uns parmi les plus criants :

-        La corruption qui reste endémique, et à tous les niveaux institutionnels (en particulier au niveau des gouverneurs des États fédérés), au point que l’on peut parler d’un phénomène structurel et enkysté, héritage d’un État rentier et petro-dépendant qui n’a pas été transformé.

-        La bureaucratie, l’inefficacité et la faible institutionnalisation des politiques publiques, le manque de productivité des entreprises étatiques, la valse permanente des responsables dans les ministères et, comme l’a reconnu et répété le président lui-même pendant la campagne « le manque de suivi des projets », notamment ceux destinés à améliorer l’accès à l’électricité, à diversifier le modèle productif ou encore à assurer la souveraineté alimentaire d’un pays qui importe encore plus de 75% de son alimentation.

-        L’insécurité (surtout dans les villes) et l’ampleur de la criminalité, qui fait du Venezuela l’un des pays avec le plus fort taux d’homicides, par arme à feux légère, du continent (hors conflit armé) : une préoccupation et un calvaire quotidien pour les secteurs populaires, largement instrumentalisée par la droite et l’oligarchie, malgré certaines avancées réelles avec la récente réforme de la police et un début de prise en compte du phénomène.

-        La faiblesse de la structuration du mouvement syndical, l’échec – et y compris la répression – d’expériences de contrôle ouvrier et de cogestion (tel à SIDOR ou Sanitarios Maracay)7, la remise en cause de l’indépendance de la classe ouvrière, alimentée par la tentation permanente d’un contrôle par en haut du syndicalisme par l’exécutif, verticalisme renforcé dernièrement par les divisions internes et la crise de l’UNETE (Unión Nacional de Trabajadores de Venezuela) et la création (en 2011) de la CSBT (Central Socialista Bolivariana de los Trabajadores), inféodée au ministère du travail.

-        La question de l’omniprésence de Hugo Chávez, parfois qualifiée « d’hyperprésidentialisme » et donc le niveau de personnalisation du pouvoir, dans un contexte – de plus – où le président est gravement malade d’un cancer et donc considérablement affaibli.

-        Le maintien d’un modèle de développement (et d’un État) rentier issu de la paradoxale « malédiction » de l’abondance pétrolière8 : un modelé non durable, essentiellement basé sur l’exploitation de cette ressource et une économie capitaliste mixte où plus de 70% du PIB reste dans les mains du secteur privé9, alors qu’une caste – dénommée « boli-bourgoisie » – s’enrichit à l’ombre de cette manne et d’une « droite endogène » au gouvernement, incarnée par quelques hommes forts (et richissimes), tel Diosdado Cabello (aujourd’hui président de l’Assemblée nationale).

-        La politique extérieure, particulièrement celle au Moyen-Orient, où au nom d’une stratégie anti-impérialiste « campiste », Hugo Chávez a choisi de soutenir, contre vents et marées, plusieurs gouvernements autocrates, voir sanguinaires, de la région : une stratégie renouvelée dès le lendemain de l’élection, quand le président dans une conférence de presse a tenu à renouveler son amitié à Bashar El Assad face aux « terroristes » et à l’OTAN.

Une opposition oligarchique rénovée

Cependant, et c’est ce que nous avons pu constater lors de notre séjour à Caracas durant les dernières élections, de plus en plus de voix et de collectifs issus du « chavisme critique » se font entendre pour renouveler leur appui conscient au processus (et à ses conquêtes)10, tout en dénonçant sa stagnation et l’absence d’avancées dans bien des domaines, expliquant aussi que si une partie de l’électorat populaire a décidé de voter Capriles, c’est afin d’exprimer son mécontentement ou son désarroi. Comme le note Patrick Guillaudat :

« En regardant de près les résultats, la victoire est fragile, malgré le fait que Chávez ait gagné contre Capriles dans 22 des 24 états du pays. Entre les dernières présidentielles de 2006 et celles de 2012, Chávez a gagné 752976 voix pendant que l’opposition en gagnait 2175984, soit près de trois fois plus. Dans les quartiers populaires de Caracas (Petare, 23 de Enero, La Vega,…) le vote chaviste a baissé de 6 à 9 %. C’est le même mouvement dans les autres villes du pays. D’autre part, le décompte précis des voix de chaque candidat, réparties parti par parti, permet de voir que plus d’un cinquième des voix obtenues par Chávez se sont portées sur d’autres partis que le PSUV.[...] La défiance ou les critiques se sont aussi exprimées par un vote porté sur d’autres organisations que la PSUV, notamment le PCV. Dans les jours qui ont suivi l’élection, des signaux contradictoires ont été lancés. D’un côté, Chávez prône le dialogue et l’ouverture en direction de l’opposition. De l’autre côté, des militants du PSUV demandent une « rectification » dans le sens d’un approfondissement du processus »11.

Il est également important de souligner que le panorama de l’opposition a largement évolué : on peut même affirmer, comme le marxiste Manuel Sutherland, que Capriles Radonski, candidat de l’oligarchie et de l’impérialisme, est d’une certaine manière un « perdant vainqueur »12. Le candidat de la MUD, (Mesa de la Unidad Democrática), vaste coalition d’une trentaine d’organisations (allant de groupuscules ex-maoïstes à l’extrême-droite), a réussi à s’imposer lors de primaires, y compris face aux grands partis historiques de « l’ancien régime » : COPEI (démocrate-chrétien) et Acción Democrática (social-démocrate). Trentenaire, issu de la grande bourgeoisie, dirigeant de Primero Justicia (nouveau parti créé en 2000 avec l’appui d’ultraconservateurs états-uniens) et très actif durant le coup d’Etat de 2002, Capriles a largement réussi son pari : en imposant sa stratégie, il a aussi rajeuni et dynamisé l’image de l’opposition, réussi avec brio des meetings nombreux dans tout le pays. Ceci, loin de l’hystérie semi-fasciste des années antérieures, allant jusqu’à faire une campagne de propagande aux tonalités de centre-gauche, « humaniste », se disant proche de Lula et attaché au progrès social… tout en proposant en sous-main un programme violemment néolibéral13. Conclusion de Sutherland :

« Capriles Radonski a clairement donné l’impression d’être un rival qui se prépare à prendre le pouvoir à moyen terme (2018), à l’occasion d’un contexte électoral plus favorable, c’est-à-dire au moment où la détérioration de la popularité du charisme du fait de l’augmentation des problèmes que rencontre la société vénézuélienne (insécurité, coût de la vie élevé, chômage, etc.) sera déterminante. Si les tendances électorales actuelles continuent d’évoluer dans ces directions pour les deux camps, Capriles pourrait bien être le prochain et le plus néolibéral président du Venezuela ».

Les élections régionales (élections des gouverneurs et des parlements fédérés) de la mi-décembre seront sans aucun doute un nouveau test pour le camp bolivarien. Et déjà un certain malaise se fait sentir au sein du chavisme militant, face aux candidats choisis, tous nommés par « en haut », et représentants la direction bureaucratique d’un PSUV toujours plus éloigné de sa base ou directement issus du pouvoir militaire qui entoure le Président. Par exemple, dans l’État de Bolivar, on retrouve Francisco Rangel Gómez qui aspire à une seconde réélection, alors qu’il s’était fait connaitre en 2008 par son opposition féroce contre les ouvriers de SIDOR ou encore dans l’État de Lara, l’ex-gouverneur et militaire Luis Reyes Reyes, portera encore les couleurs bolivariennes, alors qu’il est accusé par de nombreux mouvements sociaux d’être responsable de violation des droits de l’homme par le passé.

Les paris d’un courant anticapitaliste bolivarien

Malgré tout, et malgré ce panorama ouvertement critique (qui nous semble indispensable au moment de savoir comment exprimer notre internationalisme aussi bien face à l’intense campagne médiatique antichaviste14 que face aux oligarchies du sud comme du nord), le peuple bolivarien (et ses luttes) reste vivant, dynamique, rebelle, prêt à ruer dans les brancards. Le processus n’est donc pas mort, loin de là. Il suffit de parcourir les ranchos des grandes villes, les rues de Caracas, les usines de Ciudad Guyana ou l’intérieur du pays pour s’en rendre compte. Ce que le politologue et altermondialiste Edgardo Lander, a pu nommer un « projet alternatif en tension » reste ainsi une donnée centrale des coordonnées politiques du Venezuela actuel. Ce projet, traversé par une « tension entre le contrôle par en haut et l’autonomie à la base », s’est cristallisé autour de la notion médullaire de l’ensemble du discours politique bolivarien : le peuple souverain15. Et c’est précisément de ce dernier que dépendront les prochains mois. Selon l’éditorialiste de La Jornada Guillermo Almeyra :

« Ceux qui votent pour Chávez ne sont pas aveugles face aux problèmes de la corruption, du verticalisme, du bureaucratisme, de la direction militaire d’un processus qui exige, par contre, la plus large participation décisive de la population, la discussion ouverte des diverses options possibles pour résoudre les grands problèmes, le contrôle populaire des réalisations et des institutions gouvernementales ». Et il ajoute : « Au lieu de présenter une candidature indépendante et antichaviste, comme celle du syndicaliste combatif Orlando Chirino, séparant les socialistes des chavistes, la gauche révolutionnaire aurait dû travailler ensemble avec les chavistes partisans du socialisme pour renforcer l’auto-organisation des travailleurs et, après la défaite de la droite, livrer bataille dans de meilleures conditions contre le verticalisme et les bureaucrates-technocrates qui espèrent la disparition d’Hugo Chávez pour contrôler l’appareil d’Etat. Car les grandes batailles se livreront après le mois d’octobre ».

Cette option est partagée, notamment, par Marea Socialista, courant anti-capitaliste du PSUV, et dont nous présenterons un entretien dans quelques jours. Durant la présidentielle, ces militants – fortement impliqués dans le mouvement syndical et une partie de la jeunesse – ont lancé une campagne autour des mots d’ordre « Le 7 octobre : Chávez président ; le 8 octobre : débarrasser la révolution de ses bureaucrates » « Pour un gouvernement du peuple travailleur sans capitalistes ! ». Ils s’étaient regroupés, en mai 2012, au sein de l’APR (Alianza Popular Revolucionaria) qui essaye de construire une mobilisation bolivarienne autonome, non inféodée aux structures de l’État ou du PSUV, aux côtés de l’organisation paysanne « Courant Révolutionnaire Bolivar et Zamora », le Mouvement despobladores, l’Association Nationale des Medias Communautaires Libres et Alternatifs (ANMCLA), Surco (collectif d’éducation universitaire), des organisations féministes, etc. Face aux velléités d’une partie du gouvernement de conciliation avec l’opposition ou l’oligarchie, qui semble poindre ces dernières semaines, ces secteurs critiques soulignent que seules les luttes sociales et l’approfondissement des conquêtes démocratiques, des formes de participation autonome et un contrôle sur l’économie comme sur le fonctionnement de l’État, la création de formes de pouvoir populaire réel, pourront donner un contenu concret aux appels au « socialisme du XXI° siècle ». Et commencer ainsi à dépasser ainsi les obstacles et contradictions du processus bolivarien, sans pour autant permettre le retour des néolibéraux et des agents de Washington dans le pays. Il s’agit certainement de la dernière opportunité au sein de cette nouvelle séquence politique qui s’ouvre, après 13 ans de pouvoir. Or rien ne dit pour l’instant qu’elle soit la plus probable, loin de là, même si elle reste la plus souhaitable du point de vue des anti-néolibéraux conséquents et des anticapitalistes.

Franck Gaudichaud

Article paru dans la revue Inprecor, n° 588/589, novembre-décembre 2012, http://www.inprecor.fr/article-inprecor?id=1380

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Notes :

[1] Auteur de plusieurs ouvrages tel que Neoliberalismo, sociedad civil y democracia. Ensayos sobre América Latina y Venezuela (1995), il a publié de nombreux articles sur le processus bolivarien, dont dernièrement en français avec Pablo Navarete, « Le Venezuela et le processus bolivarien » (in Le Volcan latino-américain, dir. F Gaudichaud, Textuel, 2008).

[2] En 1958, la chute du dictateur Pérez Jiménez donne lieu au pacte de Punto Fijo entre les deux partis dominants de cette époque, Action démocratique (AD) et le COPEI (social-chrétien). Ce pacte organise le partage du pouvoir et l’alternance entre les deux partis, sur la base de l’exclusion du Parti communiste et des secteurs populaires du système politique. Pendant 40 ans, ils appliqueront plus ou moins les mêmes politiques au service de l’oligarchie locale, marquées par le clientélisme et la corruption généralisée.

[3] L’une des principales promesses électorales d’Hugo Chavez en 1998 est d’en finir avec la IVème République (celle du pacte de Punto Fijo) et de convoquer une Assemblée Constituante.

[4] Petróleos de Venezuela SA (abrégé en PDVSA) est la compagnie pétrolière appartenant à l’État vénézuélien. Fondée en 1975, elle a été reprise en main durant le gouvernement Chavez.

[5] SIDOR est une immense aciérie située dans l’Etat de Bolivar. Sa nationalisation fait suite à un long conflit social et a été prise par Chávez alors que le principal actionnaire, la multinationale italo-argentine Techint, refusait d’améliorer les conditions de travail des salariés (en partie avec la complicité du ministre du travail, limogé depuis).

[6] Le PSUV a été créé en 2007 afin de regrouper dans une seule organisation, l’essentiel des forces politiques qui soutiennent le gouvernement Chávez et le processus bolivarien, à commencer par le Mouvement cinquième république (majoritaire). A l’inverse, Patria Para Todos et le Parti communiste ont refusé de s’intégrer à ce parti, tout en continuant à soutenir activement la politique menée par le président vénézuelien. Le PSUV compterait pas moins de deux millions et demi de militants (sur une population de 28 millions d’habitants).

[7] Considéré comme un représentant de l’aile gauche du gouvernement, Aristóbulo Iztúriz a été maire de Caracas en 1994 et ministre de l’éducation sous Chavez. Figure du parti Patria Para Todos avant son intégration dans le PSUV, il a perdu l’élection à la métropole de Caracas en novembre 2008.

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Source : Contretemps, janvier 2009.

Entretien traduit de l’espagnol (vénézuélien) par Robert March.


Enrique   |  Actualité, Analyse, International, Politique   |  12 15th, 2012    |