DOCUMENTAIRE. CUBA : MEMORIA SINDICAL

CUBA : MEMORIA SINDICAL est un documentaire de  Claudio Castillo et Jorge Masetti. Ce film de 27 minutes retrace l’histoire du mouvement ouvrier cubain avant et après la Révolution de 1959.
Selon Robert Siméon, un syndicaliste socialiste, la première grève cubaine a été menée par les travailleurs qui ont construit le Castillo de la Fuerza, château de La Havane, au dix-septième siècle, en raison de mauvaises conditions de travail et des salaires misérables dont souffraient les travailleurs.
Jorge Vals, coordinateur du mouvement ouvrier et membre du Directoire révolutionnaire étudiant des années 50, Frank Fernandez, historien anarchiste, Ricardo Bofill, un ancien membre du PSP (Parti communiste) qui lutte pour la défense des droits de l’homme à Cuba, sont les principaux témoins de ce documentaire.
Ainsi, nous apprenons que, c’est en 1865 et en 1886 que parurent les journaux La Aurora et Le Producteur, afin de défendre les luttes des travailleurs de Cuba. Ceux-ci étaient d’inspiration nettement anarchiste. En 1914, plusieurs ouvriers contestataires furent déportés vers l’Espagne. De nombreux dirigeants anarchistes ont été tués au cours de la dictature de Machado : Enrique Varona, Alfredo López et Margarito Iglesias, entre autres.


La chute du gouvernement du général Machado fut la conséquence d’une grève générale en 1933. La création par les communistes de syndicats entre 1934 et 1945 se fit avec le soutien de l’URSS. Le film explique comment le dictateur Fulgencio Batista fonda la CTC (Confédération des travailleurs cubains) et comment il la céda aux communistes en 1938. Tous les travailleurs cubains étaient contraints alors de contribuer au financement du syndicat à raison d’un % de leur salaire.
L’assassinat en 1942 lors d’une réunion publique du syndicaliste Sandalio Junco, fondateur du PCC avec Julio Antonio Mella, mais qui avait critiqué le manque de liberté et la répression contre les travailleurs en URSS, fut mené par un commando composé de trois sicaires : Osvaldo Sánchez (qui devint plus tard le premier chef de la sûreté du régime castriste), Joaquín Ordoqui et Armando Acosta (qui devint le grand coordinateur des CDR, les Comités de défense de la Révolution).

René Díaz et Calixto Campos, respectivement président et vice-président du Syndicat des centrales électriques raconte les avantages sociaux dont bénéficiaient les travailleurs, comme la construction de maisons en fonction de leurs besoins, les caisses de retraite, le versement de 90% de leur salaire sous forme de pension… À Cuba, il y avait un million et demi de personnes cotisant pour les syndicats, ce pour une population de seulement six millions d’habitants, c’était un véritable record.

La CTC se convertit à partir des années 40 en un pilier de la justice sociale. L’échec de la grève de 1958 fut apparemment organisé par le même Fidel Castro, afin de commencer à détruire le système syndical ouvrier auquel il devait faire face dans un proche avenir, selon ses calculs.
À partir de janvier 1959, commencèrent les saisies, la répression, les emprisonnements, les exécutions, la destruction de la CTC (David Salvador, le social-démocrate se retrouva en prison). Le contrôle total sur les syndicats a débuté avec l’interdiction du droit de grève et la création d’un département spécial chargé de contrôler les dirigeants syndicaux et leurs relations avec des citoyens étrangers au Ministère de l’Intérieur. On atteignit le point maximum lors du Congrès ouvrier de 1996. Le discours de Pedro Ross, véritable marionnette du régime fut simplement pathétique.
Le 18 janvier 1960,  avait été tenu le Congrès de melons (vert à l’extérieur, mais rouge à l’intérieur). Sur les 2 000 délégués, seuls 87 étaient staliniens. Pour la première fois, Fidel Castro fut sifflé lors d’un discours ! À partir de ce moment-là, les dirigeants syndicaux manifestèrent, ils commencèrent à conspirer ou à partir en exil.
Le 18 janvier 1960, Luis Orio Méndez Pérez, William le Santé Nasser et Julio Casielles Amigo furent fusillés.
Vicente Escobar nous raconte l’exécution, dans la province orientale, de plusieurs dirigeants syndicaux locaux qui avaient fait un appel à la grève. Jorge Vals nous parle de 30 dirigeants syndicaux  emprisonnés dans la tristement célèbre pénitentiaire de la  « prison modèle » de l’île des Pins.
Joël Brown, un ancien membre du Comité national de la CTC entre 1989 et 1997, explique comment la répression fut menée contre le syndicalisme indépendant le 4 décembre 1987. 132 travailleurs furent expulsés de leur centre de travail « pour atteinte contre les intérêts du travail ». D’autres furent condamnés à de longues peines de prison pour avoir tenté de défendre les droits des travailleurs, parmi eux Pedro Pablo Álvarez Ramos, (condamné à 25 ans prison), Iván Hernández Carrillo (condamné à 26 ans de prison), Miguelito Galván (condamné à 25 ans de prison), Héctor Raúl Vallas (condamné à 14 ans de prison), Carmelo Díaz Fernández, Nelson Molinet Espino, Lázaro González Adán, etc.
Tout au long du documentaire on peut voir de magnifiques images d’archives qui illustrent les paroles de personnalités, de syndicalistes qui ont des idées politiques divergentes et qui vivent maintenant en exil.
Actuellement le secrétaire général de la CTC doit être obligatoirement  membre du Comité central du Parti communiste de Cuba. Il est impossible de créer des syndicats pour les ouvriers ou les employés cubains qui travaillent dans des entreprises étrangères installées à Cuba.

L’émergence clandestine de syndicats indépendants pourra, peut-être, être la graine qui donnera naissance à la futur liberté syndicale qui débutera avec la fin de la dictature des frères Castro.
Le documentaire a été réalisé avec le soutien du syndicat suédois SAC.
Ce film est produit par les GALSIC Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba), la co-production et la distribution sont à la charge de l’Association Sin Visa.

Cette histoire vraie du mouvement ouvrier cubain, en rupture totale avec l’historiographie officielle cubaine peut être vue à l’adresse suivante :

http://video.google.com/videoplay?docid=4724046816165227970#


Enrique   |  Culture   |  07 28th, 2010    |