Des morts par choléra à La Havane

Osvaldo Pino Rodríguez, un havanais de 46 ans, est une des premières victimes mortelles du choléra à La Havane, selon ce qu’a confirmé sa mère, Miriam Rodríguez. Il est décédé le 6 janvier dernier à l’hôpital Salvador Allende, dans le quartier du Cerro.
Osvaldo était coiffeur de profession, il a eu durant deux jours de la diarrhée puis il a souffert d’une crise cardiaque après quoi il a été admis aux urgences. « Il a été placé en observation avec du sérum, il avait beaucoup de diarrhée et il était déshydraté », dit sa mère.

Bien qu’il n’y ait pas de reconnaissance officielle de l’existence du choléra dans la capitale cubaine, des sources venant de la Santé publique ont confirmé qu’il y a des dizaines de cas et plusieurs décès, l’affaire semble grave au point de mobiliser la Défense civile afin de faire face au désastre.
Nous avons demandé un entretien avec le ministère de la Santé publique afin derecevoir des informations sur l’ampleur de la maladie, mais il a refusé de parler. Certains médecins ont confirmé qu’on leur a demandé de ne pas mentionner le nom de la maladie.

Des doutes
Miriam nous explique que, dans le cas de son fils, les médecins « ont eu d’abord des doutes pour ce qui était de savoir s’il s’agissait du choléra ou pas, la veille de sa mort on a fait des examens, ils ont confirmé qu’il était atteint de la maladie et ils ont décidé de l’envoyer à l’IPK » un hôpital spécialisé dans les maladies tropicales.
Cependant, Osvaldo n’a jamais quitté l’hôpital Salvador Allende, « au moment où on l’a monté dans l’ambulance, un nouvel arrêt du cœur a eu lieu ». On a jamais pu le déplacer, à chaque seconde son était s’empirait, il remplissait des réservoirs avec la diarrhée », nous explique la mère.
À peine avait-on confirmé qu’il s’agit bien du choléra, « à l’hôpital on nous a donné 3 comprimés d’antibiotiques et immédiatement ils sont venus ici pour prendre des échantillons d’eau stagnante, d’eau potable, en distribuant des pastilles à tous les voisins et du chlore dans l’ensemble des maisons ».
La mère d’Osvaldo parle du fait que les autorités n’expliquent pas aux gens ce qui se passe, « il ya beaucoup de désinformation, nous avons été tout le temps en contact avec lui à l’hôpital, mais sans savoir que ce pouvait être le choléra ».
En privé
Selon des sources de la Santé publique, l’hôpital IPK est débordé et des chambres ont été ouvertes dans les centres de santé. Les voisins du quartier du Cerro assurent que la salle Muñoz de l’hôpital Salvador Allende est consacrée aux malades du choléra.
Le Cerro, un quartier situé dans le centre géographique de la ville, serait le point de départ de l’épidémie et la zone la plus touchée, mais le choléra serait en train de s’étendre vers d’autres quartiers de la capitale, selon un médecin qui a dit préfère garder l’anonymat.
Ces jours-ci, les chefs de plusieurs hôpitaux se seraient réunis avec le général Ramón Pardo, le chef de la Défense civile pour coordonner les actions afin de contenir la propagation d’une maladie qui, l’année dernière, est réapparue à Cuba, après avoir été éradiquée depuis un siècle.
Dans les quartiers touchés le personnel de santé va de maisons en maisons en distribuant 3 antibiotiques qui immunisent en théorie les personnes contre le choléra. Toutefois, une semaine après la mort d’Osvaldo, les autorités refusent encore d’émettre une alerte publique préventive.
Bien que la présence du choléra et la dengue soit confirmée par les personnels de santé qui travaillent directement afin de combattre ces deux maladies, il est difficile de déterminer la propagation réelle et s’il s’agit seulement de foyers ou si on peut déjà parler d’une épidémie.
Fernando Ravsberg


Lire cet article en espagnol :
http://cartasdesdecuba.com/muertos-en-la-habana-por-colera/


Enrique   |  Actualité, Société   |  01 16th, 2013    |