Hamel un passage magique à la Havane

Le Callejón de Hamel (littéralement « le Passage de Hamel ») est situé dans le populaire quartier havanais de Cayo Hueso. Il s’est converti au fil des années en un lieu des plus attrayants pour les Cubains et les touristes grâce à la magie de fresques représentant le legs africain à Cuba.

Vénérée par les habitants et les visiteurs, cette ruelle de 200 mètres a acquis un caractère de culte à partir de 1990, lorsque le peintre Salvador González a décidé de montrer ses créations en plein air. Il s’agit d’un artiste à la fois engagé et soucieux de spiritualité.
On y admire des Dieux et des Déesses, des Orishas ou d’autres images allégoriques de la santería afro-cubaine ou du syncrétisme religieux et culturel, comme l’a qualifié l’intellectuel cubain Fernando Ortiz.

Des aphorismes écrits en langue Yoruba, des cercles et des symboles abstraits sur les façades des maisons ont converti cet endroit en un lieu de visite obligatoire pour les amoureux de l’art, car c’est un véritable musée en plein air.

Origine et évolution

Les origines du célèbre passage remontent au XIXe siècle, avec l’installation d’un citoyen franco-allemand Fernando Hamel. C’était un homme de réputation douteuse en raison de son expérience comme capitaine de bateaux négriers. Il établit à cet endroit une petite fonderie avec des logements pour ses travailleurs, dont la plupart était d’origine chinoise ou africaine. L’entreprise fit faillite et disparut au début du siècle dernier, mais la population du quartier avait alors beaucoup augmenté en raison de l’essor d’une petite plage située dans cette zone et du déplacement de la population vers l’ouest de La Havane.

Un autre élément a influencé le fait que cette ruelle soit devenue une référence parmi la population havanaise : C’est en effet au numéro 1108 de la rue que le « Feeling », nouvelle tendance de la chanson cubaine a démarré dans les années 40.

Ce mouvement se caractérisait par une façon « de dire » des chansons comme si elles étaient destinées à une seule personne. Au début, elles étaient interprétées par des musiciens qui, lors de réunions informelles et intimes, échangeaient leurs opinions, leurs idées et, évidemment, leurs compositions.

Des musiciens de la trova traditionnelle, invités par le chanteur et compositeur Tirso Díaz, se regroupaient ainsi dans le salon de son appartement. Certes la musique issue de la culture des Etats Unis avait une certaine influence sur eux, spécialement le jazz, mais la plupart restait attirée par la chanson traditionnelle cubaine, comme les boléros. Par la suite, des chanteurs, des arrangeurs ou des guitaristes sont devenus de véritables légendes : César Portillo de la Luz, José Antonio Méndez, Niño Rivera, Ñico Rojas, Rosendo Ruiz, Aida Diestro, Frank Emilio ou Elena Burke, puis Pablo Milanés.

Certaines mélodies étaient des adaptations du patrimoine national, d’autres résultaient des compositions originales avec un ton plus intime, plus poétique.

Le « Feeling » a apporté des chansons aussi célèbres que Tu mi delirio, La Gloria Eres Tú ou Contigo En La Distancia, lesquelles ont été en tête de divers hit-parades dans le monde entier. Des années durant, et malgré leur renommée grandissante, ces mêmes amis continuèrent de se réunir chez Tirso Díaz où ils chantaient parfois même sur le balcon pour la joie et la fierté des voisins.

Cet esprit de bohème combiné au mysticisme des orishas fait aujourd’hui la renommée du Callejon de Hamel. Tous ceux qui parcourent cette petite ruelle perdue de La Havane le disent : on y éprouve une sensation très particulière…

Lettres de Cuba


Enrique   |  Culture, Histoire, Société   |  02 21st, 2013    |