Sers-toi, ton capitalisme est ici

Le régime castriste a bien confirmé sa volonté d’introduire plus de souplesse dans son économie. Selon les dirigeants, on ne peut pas parler de réformes, mais d’une “actualisation du socialisme”. L’État a autoriser l’ouverture de petits commerces privés. L’offensive libérale touche tous les secteurs de la société cubaine.

L’économie cubaine cherche un nouveau souffle. Tenue à plus de 90% par l’État, elle est gangrenée par la corruption. Le marché noir y règne en maître et elle est plombée par l’imposante bureaucratie locale. Isolé depuis 48 ans par l’embargo américain, Cuba est fortement dépendante des importations. Le président Raoul Castro souhaite relancer la production locale notamment dans le secteur agroalimentaire. C’est pourquoi il envisage de redéployer des emplois. Près d’un million de postes de fonctionnaires devrait ainsi disparaître notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Ces personnes seront redirigées vers des domaines où la main d’oeuvre fait défaut.

Ces changements se traduisent dans la rue à travers un certain de nombres signes et de symboles qui illustrent l’évolution cubaine vers le capitalisme, une rupture totale avec les principes fondateurs de la Révolution.

Ci-contre une affiche de la Centrale des travailleurs cubains (syndicat unique relié directement au Parti communiste cubain, le parti unique). Le texte : “Si tu produis, NOUS aurons plus de recettes”… Cette affiche a été créée par la Centrale des travailleurs cubains lors de son 20e congrès.

La seconde photo ci-dessous à droite a été prise face au Capitol, à l’entrée du local des éditions Abril de l’Union des jeunesses communistes de Cuba. “Le héros de la classe des travailleurs” s’affiche en vitrine à la manière d’un squelettique rappeur de Miami.

Photo en bas à gauche : sur le stand d’un petit libraire privé, sur la rue Monte à La Havane. Parmi les livres : Traîtés de spiritualité afro-ancestrale… La loi de sécurité routière… Cuisine et cocktails… La privatisation, la clef pour un meilleur gouvernement !… Les produits d’importation foisonnent, les étales sont envahis par des ouvrages de seconde main, tous les sujets sont proposés, le capital de Marx en 18 volumes est bradé, les traités d’économie libérale sont fort prisés.

L’île souffre aussi d’un déficit de devises car avec la crise économique internationale, les touristes sont moins nombreux. Cette activité représente normalement 2 milliards de dollars de recette chaque année. Pour rendre la destination Cuba plus attractive, le gouvernement va lancer un programme de construction de 16 terrains de golf avec des villas. Pour la première fois depuis les années 1990, des étrangers pourront y acquérir des maisons.
Reste à savoir si cette ouverture vers le capitalisme va réellement porter ses fruits, c’est-à-dire renflouer les caisses de l’Etat et
offrir un peu plus de bien être et de liberté aux Cubains.



Enrique   |  Politique, Économie   |  04 30th, 2013    |