Colomé Ibarra, alias Furry, le général qui s’est enrichi

Les forces armées cubaines sont la plus puissante institution de Cuba et les généraux de haut rang sont censés avoir un rôle crucial dans tous les scénarios imaginables de succession du fait de leur fidélité au Parti communiste cubain. L’armée contrôle 60 % de l’économie à travers la gestion de centaines d’entreprises dans des secteurs économiques clés comme le tourisme. Elle est également le pilier de Raúl Castro. En effet, ce dernier souligne le rôle des militaires en tant que « partenaire du peuple » dans de nombreux discours.

Des hiérarques militaires cubains s’enrichissent avec de multiples entreprises au nez et à la barbe des citoyens cubains. Dans le quartier qui se trouve entre les rues B, C, 29 et Zapata de La Havane, le général de corps d’armée Abelardo Colomé Ibarra, connu populairement  sous le nom de Furry (1), exhibe une partie d’un patrimoine familial aujourd’hui en plein essor.

C’est là où, celui qui est aussi ministre a offert à son fils José Raúl Colomé, une belle maison de deux étages afin de l’utiliser – comme d’autres résidents du quartier – afin de la louer à des étrangers. José Raúl est également propriétaire du restaurant Star bien, un des plus fréquenté par l’élite de la Havane.

Situé dans la rue 29 entre les rues B et C, au n° 205, ce restaurant a été récemment rénové pour devenir un joyau de la gastronomie de la capitale, il concurrence en prix et en qualité les meilleurs restaurants du secteur hôtelier de Cuba.

Selon certaines sources, qui préfèrent garder l’anonymat, la propriété a été acquise de façon restée très secrète, et en ajoutant les coûts de la rénovation, de l’équipement, de l’ambiance, des services et de la décoration elle est évaluée à pas moins de 100 000 CUC. Le négoce bénéficie d’une excellente gestion économique basée sur un travail admirable de marketing et de promotion. Le restaurant a une place prioritaire dans les guides de Cubatur et Havanatur, les deux principales agences touristiques de l’île, et il est au-dessus de prestigieux restaurants et paladares (2) comme La Guarida ou Gringo Viejo, pour ne citer que deux exemples.

Alors que La Havane s’effondre, Star bien reçoit toutes les nuits des bus de touristes et à ses alentours on peut observer une longue queue de voitures de luxe des corps diplomatiques accrédités à La Havane, ou appartenant à des artistes connus, des athlètes et d’autres personnalités qui dévorent fréquemment les délicieux plats offerts par la famille Colomé Ibarra. Certains voisins ont trouvé un emploi en ce restaurant. Lorsqu’on les interroge, ils s’abstiennent de faire tout commentaire, de peur de perdre leur salaire, qui est évidemment supérieur à ceux des restaurants de l’État. Mais un des gardiens qui avait en charge la sécurité des propriétés de Colomé, a osé confié : ” Il est humiliant de voir comment la majorité des petites entreprises, des Cubains ordinaires, ferment ou ne prospèrent jamais en raison de la quantité des contraintes que le gouvernement leur impose alors que les négoces des militaires fleurissent comme des pâquerettes.”

Alors qu’un nombre important de maisons s’effondrent à La Havane, la famille du général Colomé, toujours fidèle à la dictature castriste, possède plusieurs propriétés de luxe, en plus de celles déjà mentionnées. Elle possède également un appartement confortable dans le bâtiment 706, de la rue B entre les rues 29 et Zapata, offert par José Raúl à sa mère, là des cours d’anglais sont donnés aux enfants de l’élite castriste et parfois le logement est loué durant les vacances.

C’est une honte de voir que ces généraux, tous membres du Parti communiste, se répartissent les richesses du pays, tandis qu’ils continuent à lancer au peuple famélique ce slogan pourri : “le socialisme ou la mort”.

Dans l’après-midi de lundi, le journaliste indépendant León Padrón Azcuy a reçu la visite à son domicile de José Raúl Colomé, le  fils du général Abelardo Colomé Ibarra, le ministre de l’Intérieur, en réaction à un article publié sur le site Cubanet et consacré aux propriétés de cette famille et notamment au restaurant Star bien.

Selon les propos de José Raúl Colomé, le général est très contrarié par ce qui est reflété dans l’article, et il a promis de s’occuper de l’affaire personnellement. Colomé a récriminé Padrón Azcuy, il a dit que cette information l’avait blessé, ce à quoi le journaliste répondit qu’au contraire, aujourd’hui la fréquentation pour déguster les délicieux plats du restaurant allait augmenter grâce à la promotion faite dans l’article. Aujourd’hui León Padrón Azcuy a peur que la sécurité d’État lui rende visite à tout instant, mais il n’aurai jamais pensé que lui rende visite à domicile l’un des protagonistes de son texte.

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1. Le général Colomé Ibarra, alias Furry était à la tête des troupes qui réprimèrent les habitants du centre Havane dans le parc Maceo, le 5 août 1994. Il dirigeait alors les troupes spéciales du ministère de l’intérieur. On a appelé cet évènement le “Maleconazo”, il a été la plus grande manifestation à Cuba contre le régime de Castro, la protestation spontanée de milliers de Havanais qui fustigés par la situation économique, la discrimination raciale, l’apartheid tourístique, se sont lancés dans les rues en demandant “la liberté et la fin de la dictature”. On ne sait combien de morts et de blessés ce jour-là ont été relevés, de nombreuses arrestations eurent lieues sans que l’on en connaisse le nombre exact.

2. Les paladares sont des restaurants chez l’habitant donc en principe privés, malheureusement leurs taxes augmentent régulièrement et  ils deviennent inabordables, de fait il n’en reste pratiquement plus, reste les paladares d’État qui ressemblent à des restaurants très bien, mais très cher.


Enrique   |  Actualité, Politique, Société, Économie   |  01 15th, 2014    |