Un film : “Baracoa. Deux à Cuba”
Le premier long métrage du cinéaste argentin Pablo Briones dépeint le quotidien de deux enfants dans la grande banlieue de La Havane. Sean Clark et Jace Freeman partagent la réalisation de ce film qui brouille les frontières entre fiction et documentaire en accentuant les liens doux-amers de l’enfance, pleine de taquineries, d’espièglerie et de tendresse innocente.
C’est un film sur la vie quotidienne de deux enfants cubains quand les vacances d’un été caniculaire viennent de commencer : Antuán, treize ans, à l’allure modeste et au tempérament explosif, et Leonel, neuf ans, mince, réservé et sensible. Les deux amis ont grandi à Pueblo Textil (1), un village cubain. Ils sont les seuls protagonistes de cette fascinante promenade dans des paysages abandonnés où les terres non-cultivées et les friches industrielles témoignent de la débâcle économique qui affecte l’île de Cuba.
Le seul antidote à la répression à Cuba est la collectivité
Suppression, érosion, démolition : les autoritarismes contre les académies (1)
Sans la liberté de presse et de réunion sans restriction, sans une libre lutte d’opinions, la vie meurt dans chaque institution publique, la vie meurt dans chaque institution publique, elle devient un simple semblant de vie, dans laquelle seule la bureaucratie reste un élément actif.
Rosa Luxemburg
Les universités sont des vecteurs fondamentaux de la culture démocratique. Elles deviennent des écoles de citoyenneté, où les gens apprennent à coexister avec des idées différentes des leurs et à exercer leur esprit critique. Dans leurs classes, nous pouvons, si nous vivons dans un ordre démocratique, voir à travers les mensonges du pouvoir – qu’il soit politique, économique ou pastoral – et forger des critères alternatifs. C’est pourquoi les universités et les instituts de recherche sont des cibles privilégiées pour ceux qui aspirent, indépendamment de leur idéologie et de leur légitimité, à concentrer le pouvoir d’une nation entre les mains de quelques-uns.
Entretiens avec deux anarchistes cubains à propos des manifestations du 11 juillet dernier
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Pour explorer les causes et les implications de la vague de protestations qui a éclaté à Cuba le 11 juillet 2021, nous reproduisons deux entretiens avec des anarchistes cubains.
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LES MANIFESTATIONS SONT LE FRUIT D’UNE EXPLOSION SOCIALE
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Nous avons interviewé deux anarchistes. L’un d’eux est impliqué dans l’Atelier libertaire Alfredo López à La Havane. Un autre est impliqué dans des projets en dehors de La Havane, dans différentes parties de l’île. Tous deux restent anonymes pour leur sécurité.
Mortalité maternelle à Cuba : la couleur de la peau fait la différence
Nous publions aujourd’hui le premier d’une série d’écrits publiés par la journaliste cubaine Rafaela Cruz à propos de la mortalité maternelle des femmes noires à Cuba.
Une femme afro-cubaine a six à sept fois plus de risques de mourir pendant la grossesse, l’accouchement ou la période post-partum qu’une Cubaine blanche. Elle souffre également davantage des hauts et des bas de l’économie. Il s’agit du premier d’une série d’articles sur les différences importantes au sein de la population de l’île en fonction de la couleur de la peau.
Petite histoire naturelle des actes de répudiation à Cuba (suite et fin)
Le texte ci-dessous, que l’on doit à Mario Luis Reyes, a été publié sur le site cubain « el estornudo » en février 2021. Il traite d’un sujet, les actes de répudiation, totalement ignoré en France, sauf à s’intéresser de très près à l’histoire cubaine récente, celle du régime castriste sévissant depuis son instauration en 1959. Il est traduit par notre ami Floreal Melgar.
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Censure contre Réalité
Le gouvernement cubain n’a jamais condamné les actes de répudiation, mais craint qu’ils se diffusent. Fin 2016, le film Santa y Andrés, réalisé par Carlos Lechuga, a été censuré lors de la 38e édition du Festival international du nouveau cinéma latino-américain à La Havane. Le film montre un acte de répudiation à l’encontre d’un écrivain « dissident », au cours duquel ses voisins chantent l’hymne national. Le 10 octobre 2020, les participants à l’acte de répudiation contre Camila Lobón et cinq autres personnes ont également chanté l’hymne national.
Petite histoire naturelle des actes de répudiation à Cuba (première partie)
Le texte ci-dessous, que l’on doit à Mario Luis Reyes, a été publié sur le site cubain « el estornudo » le 22 mars 2021. Il traite d’un sujet, les actes de répudiation, totalement ignoré en France, sauf à s’intéresser de très près à l’histoire cubaine récente, celle du régime castriste sévissant depuis son instauration en 1959. Il est traduit par notre ami Floreal Melgar.
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La Havane, février 2021
Il est un peu plus de dix heures du matin ce 22 février et l’activiste Anyell Valdés, l’une des personnes barricadées au siège du Mouvement San Isidro, à la mi-novembre de l’année dernière, craint une expulsion violente de son domicile, une maison occupée par elle et ses trois enfants depuis plus de cinq ans, lorsque sa précédente maison en bois menaçait de s’effondrer.
La nuit précédente, Valdés et Adrián Rubio, un autre activiste, avaient peint sur un mur de la maison les inscriptions « Patria y Vida », « Revolución es represión », « No queremos más dictadura », « Díaz-Canel, no te queremos » et « Abajo Díaz-Canel » (« La patrie et la vie », « La révolution c’est la répression », « Nous ne voulons plus de dictature », « Díaz-Canel, nous ne t’aimons pas » et « A bas Díaz-Canel »), ce qui explique pourquoi à leur réveil ils ont découvert une patrouille de police à quelques mètres de la maison. Ils ne le savent pas encore, mais ces inscriptions ont activé l’un des leviers les plus sinistres du régime cubain : les actes de répudiation.
À Cuba, la police empêche les dissidents de manifester
Une manifestation pour la libération des prisonniers politiques prévue lundi à Cuba n’a finalement pas eu lieu. Plusieurs dissidents ont en effet été arrêtés ou empêchés de se déplacer par les autorités qui ont moqué une « opération ratée » des États-Unis.
Les dissidents cubains n’ont finalement pas pu mener à bien leur manifestation, lundi 15 novembre. Vers 15h (20h GMT), heure prévue du rassemblement à La Havane et dans six provinces, les rues de la capitale étaient calmes, avec de nombreux agents de police en uniforme et en civil. Sur les réseaux sociaux, quelques Cubains postaient des photos d’eux, vêtus de blanc dans la rue comme le disait la consigne, mais l’appel ne semblait globalement pas avoir été suivi.
Le ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a moqué une « opération ratée », alors que le gouvernement communiste accusait les États-Unis de vouloir déstabiliser Cuba via cette manifestation pour la libération des prisonniers politiques.
Le succès du 15N, le 15 novembre
Il ne s’est pas passé grand-chose aux yeux de ceux qui rêvaient d’une fin soudaine de la dictature, mais pour ceux qui comprennent cette fin comme le fruit d’un processus déjà irréversible, le 15 novembre a été un triomphe.
Le 15 novembre, seule une poignée de personnes a réussi à défiler dans les rues de Cuba. Depuis différentes parties de l’île, les rapports de journalistes indépendants et les images et témoignages publiés sur les réseaux sociaux coïncident : la tension était palpable dans l’air des avenues vides, investies par la police, les agents en civil et des foules prêts à réprimer.
Cuba : éveil civique, réaction autoritaire
Un bilan des événements récents (1)
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Le texte qui suit nous a été envoyé par notre ami cubain Armando Chaguaceda. Il est le résultat d’une collaboration académique entre Gouvernement et l’analyse politique (GAPAC) de Veracruz au Mexique, et l’Institut Hannah d’Artivisme (/INSTAR (https://artivismo.org/inicio/) de La Havane. Nous remercions tout particulièrement les chercheurs de l’Institut, Tania Bruguera, Camila Lobón, Marta María Ramírez et Aminta de Cárdenas, ainsi que divers militants cubains, pour leur soutien dans la réalisation de ce rapport. Nous remercions également le soutien technique de l’Observatoire cubain des droits de l’homme dans l’élaboration, l’application et le traitement de l’enquête, pour leurs commentaires : María Matienzo, Salomé García, Camila Rodríguez, Carolina Barerro et d’autres collègues dont les témoignages, les idées et le débat sur les idées qui ont animé ce texte ont été d’une aide précieuse pour sa réalisation finale.