L’école et l’armée, même combat patriotique ?
À Cuba, toute personne souhaitant débattre de la société civile ne doit pas oublier que “civil” et “militaire” sont des termes très liés dans ce pays. Souvent même, ils se mélangent et se confondent.
La révolution cubaine a toujours été définie comme une lutte contre le pouvoir impérialiste des États-Unis. Ces derniers auraient comme volonté suprême d’arracher l’indépendance à l’île caribéenne. C’est pourquoi tous les Cubains sont préparés au combat au cas où l’hypothétique guerre qui flotte dans l’atmosphère depuis plus d’un demi-siècle soit déclenchée.
Chaque adulte a l’obligation de s’enregistrer dans l’un des innombrables comités militaires dispersés sur l’Île et doit prendre part aux “mobilisations” (de brefs cours d’entraînement militaire) dès qu’il est appelé. Par exemple, les étudiants et universitaires reçoivent des leçons de “préparation à la défense”, de “préparation militaire intégrale” et d’autres cours théoriques et pratiques.
Les discours officiels martèlent sans relâche la “guerre de tous les Cubains” et du “peuple en uniforme”. Aucune déviance de pensée n’est possible, l’État essayera toujours de mettre un fusil entre chaque main. Le plus terrible est que ce processus commence sans qu’on ne s’en rende compte dès la plus tendre enfance.
La bureaucratie cubaine, bouc émissaire ou menace réelle ?
L’article qui suit a le mérite de poser les problèmes liés à la bureaucratisation du système cubain. Si l’auteur semble faire confiance aux intentions de Raul Castro afin mettre fin à la corruption, nous pensons que la bureaucratie est inhérente à tous les systèmes autoritaires. Des systèmes qui dépossèdent les citoyens de toute autonomie et de tous les moyens de prendre en mains leur destin.
Le gouvernement de Raúl Castro et la presse officielle ont entrepris une vaste opération de lutte contre la bureaucratie. Celle-ci se retrouve pointée du doigt et jugée responsable de tous les maux dont souffre l’économie cubaine. Les bureaucrates sont vus comme des « virus mortels » aussi virulents que les agents de la CIA et presque aussi « néfastes que le blocus américain ».
Mais d’où vient cette plaie qui affaiblit l’appareil étatique tout en freinant les réformes économiques ? L’instauration du socialisme soviétique en est-il la cause ? La presse et les dirigeants, via leurs multiples discours, pourront-ils mettre un terme à cette bureaucratie ?
Une protagoniste du mouvement des “Indignés” espagnols à Cuba
Par Isbel Díaz Torres
Photos : Jimmy Roque Martínez et Isbel Díaz Torres
Traduction : Daniel Pinós
L’Atelier libertaire Alfredo López du réseau Observatoire critique a organisé le 19 août une réunion public ayant pour thème : “Ni le Real Madrid, ni Barcelone… le 15-M”, sur le mouvement espagnol des “Indignés”. Elle a eu lieu dans un Parc du quartier du Vedado, les activités de l’Atelier libertaire étant interdites à Cuba. Les activistes du réseau ont fait preuve de sérénité, de maturité et de courage malgré les intimidations et les manipulations de la Sécurité d’État. Les connexions que nos ami-e-s établissent avec les luttes anticapitalistes et anti-autoritaires en Europe sont très importantes à l’heure où l’on assiste à la dérive cinique de l’État-parti cubain vers une restauration du capitalisme sous prétexte de “perfectionner le socialisme” selon Raul Castro.
À Cuba, d’après le pouvoir, toutes les initiatives autonomes sont financés par la CIA, le réseau de l’Observatoire critique nous prouve depuis des années le contraire avec ténacité…
L’article d’Isbel :
“Une membre du mouvement du 15 mai espagnol (15-M) ; ici, à mes côtés !” dit quelqu’un avec émotion. Sa joie exprimait ce que ressentait peut-être la majorité des membres présents à cette réunion à l’appel de l’Observatoire critique. Marta a été impliqué dans les manifestations qui ont lieu en Espagne, et elle est venu passé un moment avec nous.
Hip Hop conscient. De La Havane à Paris, la même révolte
Un studio d’enregistrement clandestin au rez-de-chaussée d’un “solar”, une vieille maison coloniale en décrépitude. C’est là, dans un quartier marginal de La Havane, dans un réduit de 15 m2 à deux pas de la maison d’un “santero”, un religieux pratiquant la regla de Ocha (une religion africaine), que Raudel, artiste du projet interdit et censuré Escuadrón Patriota enregistre ses brûlots anti-système. Par un après-midi du mois d’août, dans la moiteur de ce studio à la température de 38°, un jeune amateur de rap français Christopher Pinós a rejoint Raudel afin d’enregistrer le premier titre de Hip Hop franco-cubain : “Catarsis”. Une rencontre entre deux générations, deux voix, une seule pensée, une seule connection : rap Cuba.
Ce titre est à entendre ici :
Mort aux vaches, mort aux lois ! Vive l’anarchie !
Samedi 18 juin 2011, face à la préfecture de Police de Paris, une soixantaine de personnes s’est retrouvée pour entonner “Hécatombe”, en hommage à Brassens et en solidarité avec les personnes de Cherbourg et de Toulouse qui ont fait l’objet de répression policière pour avoir eux-mêmes honoré ce monument de la chanson française. Après deux tours de chants dans une ambiance bon enfant et pacifiste, les gendarmes mals inspirés venus en nombre, ont procédé, après les sommations d’usage, à l’évacuation de la chorale vers la bouche du métro Cité-Palais-de-Justice. Cette évacuation n’étant manifestement pas assez rapide au goût des pandores, ces derniers ont bousculé les personnes présentes dans l’escalier du métro, entraînant des chutes et de nombreuses protestations.
Le navet audio-visuel s’approprie La Havane
Un vieux refrain disait : dans chaque quartier, un comité (en référence aux Comités de Défense de la Révolution [CDR]). Aujourd’hui, on pourrait ajouter : dans chaque quartier, un comité et un vendeur de disques !
On en retrouve dans pratiquement toutes les rues. Les étagères pleines de disques sont devenues une habitude dans le paysage havanais. Quelques mois après la légalisation de l’initiative privée, les disquaires ne sont peut-être pas les commerçants les plus nombreux dans la ville, mais ils sont en tout cas les plus visibles.
Le “drapeau” cubain de Yasser Castellanos
Le “drapeau” est une série de toile créée par Yasser Castellanos
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Mourir ? Plutôt crever !
Un film de Stéphane Mercurio, avec Siné.
Sorti à l’automne dernier sur les écrans, le film de Stéphane Mercurio sur la vie de Siné vient de paraître en DVD. Humoristique, offensif, à rebours de la nostalgie, ce documentaire revient sur la vie et l’œuvre d’un dessinateur qui a traversé les luttes des cinquante dernières années. De l’opposition à la guerre d’Algérie en passant par le soutien à Cuba ou l’amitié avec Prévert et Malcolm X ; de Siné Massacre à L’Enragé puis à Siné Hebdo, le fils de bagnard devenu un féroce caricaturiste n’en finit pas de s’attaquer aux puissants et à leurs chiens de garde. Tant qu’il y a de la rage, il y a de l’espoir.
On peut commander ce DVD sur le site des Mutins de Pangée.
Fernando Trueba : “Chico et Rita, un hommage à l’histoire du jazz”
Dans la galerie Martel du Xème arrondissement, des jeunes femmes affairées finissent d’accrocher des toiles. Les œuvres représentent des scènes des rue, des décors fouillés, parfois fouillis amplifiés de traits singuliers. Au centre, le dessinateur Javier Mariscal, accompagné du réalisateur Fernando Trueba, surveille d’un coin de l’œil l’installation de ses dessins tout en revenant sur le boléro musical et visuel : Chico et Rita.
Pour voir la bande-annonce :
La fraternité
Par l’écrivain Leonardo Padura Fuentes
Bien avant que je ne comprenne la signification exacte du mot fraternité et ses connotations éthiques ou historiques, la vie m’enseigna concrètement cette notion qui guida ma vie future.
Six ans avant ma naissance, en 1955, mon père s’est initié comme franc-maçon et s’est converti en frère – frater – d’une mystérieuse fraternité. Il fonda six ans plus tard la loge «Hijos de Luz y Constancia » (Les Fils de la Lumière et de la Constance) en compagnie de dix de ses frères. Celle-ci fut bâtie à quelques centaines de mètres de la maison où je suis né et où je vis encore (chose étonnante en ces temps de fréquents déménagements).