Nouvelle trahison des travailleurs cubains par la CCT
Communiqué commun MLC (Mouvement libertaire cubain) – GALSIC (Groupe de soutien aux libertaires et aux syndicalistes indépendants à Cuba)
Le journal Granma, organe officiel du Parti communiste de Cuba, a publié le 13 septembre dernier, une déclaration (1) de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), dans laquelle le syndical officiel lui-même se charge de publier, de justifier et de défendre les mesures d’ajustement au niveau du travail décidées par l’État cubain “en correspondance avec le processus de mise à jour du modèle économique et des prévisions économiques pour la période de 2011-2015″. Parmi ces mesures, des lignes directrices sont fixées, elles prévoient pour l’an prochain “le licenciement de plus de 500 000 travailleurs dans le secteur public et en parallèle leur renvoi vers le secteur non-étatique.”
En savoir plus…
Chers lecteurs… et chères lectrices,
Il n’est pas toujours facile de communiquer en temps réel… alors pour ceux qui lisent l’espagnol et l’anglais, voici quelques adresses intéressantes actualisées en permanence sur Cuba.
http://www.cubaencuentro.com/ La revue Cuba Encuentro fut fondée par Jesus Diaz, écrivain devenu dissident et parti en exil au début des années 1990 en Espagne. Le site internet a été créé par la suite. Malgré de nombreux problèmes de fonctionnement et une fermeture temporaire l’an dernier, ce site est une mine. Il regroupe à la fois de l’actualité, des colonnes d’opinion, avec des contributions de cubains insulaires, de cubains exilés et d’universitaires spécialistes de la question, mais également des informations sur la culture cubaine (concerts à Paris ou à Madrid, expositions, lancement d’ouvrages, etc.) En espagnol.
http://www.diariodecuba.net/ Né d’une scission avec Encuentro (nombreux désaccords surtout en matière de gestion de l’association fondatrice), ce site dispose de caractéristiques proches de celle de Encuentro. Il met en ligne de nombreuses photos et vidéos.
Recomposition politique à Cuba
Depuis les années 1990 et l’échec des projets alternatifs (rénovation ou abrogation du socialisme) à celui des autorités cubaines (tenir coûte que coûte et réformer le moins possible), le panorama politique à Cuba semblait plutôt sinistré. Des dissidents trop proches des Etats-Unis pour être crédibles aux yeux de la population (qui souvent ne les connaît pas) et trop soutenus par les ambassades occidentales et surtout par le gouvernement américain et certaines agences américaines pour être réellement indépendants (sans mentionner leurs projets politiques dont certains – pas tous ! – constituent un retour pur et simple au capitalisme des années 1950). Une contre-culture effervescente mais cantonnée à la sphère culturelle (uniquement dans certains espaces) ou dans l’underground (concerts sauvages, activités organisées en grande banlieue). Des intellectuels divisés et surtout atones face à une répression qui les avait pris de court dans la seconde moitié des années 1990…
Les années 2000 ont vu la constitution de quelques réseaux (artistes et intellectuels travaillant ensemble sur des projets socio-culturels, polémique en ligne d’intellectuels exigeant l’ouverture d’un débat sur la politique de censure et de répression dans les années 1970, émergence d’un mouvement de blogueurs contestataires)… mais toutes ces tentatives semblaient encore trop éparpillées et divisées pour réellement peser sur un possible changement social et politique dans l’île.
La CTC (Centrale des travailleurs cubains) et la liberté syndicale
C’est la CTC, la Centrale des travailleurs cubains, le syndicat unique, qui a une nouvelle fois servi de courroie de transmission au gouvernement pour annoncer aux travailleurs la suppression de 1,3 millions d’emplois dans la fonction publique.
À Cuba, le système du syndicat unique persiste, il n’existe pas de réelle négociation collective et le droit de grève n’est pas prévu dans la législation. Les syndicalistes indépendants sont toujours en butte aux persécutions, et sept des dirigeants syndicaux condamnés à de lourdes peines de prison en 2003 sont restés derrière les barreaux. L’aide humanitaire qui leur était destinée ainsi qu’à leurs familles a été confisquée par les autorités. Un autre syndicaliste, arrêté en 2004, est lui aussi toujours en prison.
Les autorités cubaines ne reconnaissent qu’une seule centrale syndicale nationale, la Centrale des travailleurs cubains (CTC). Le Code du travail qui a été promulgué en juillet 1985 n’inclut pas la possibilité réelle et objective de la liberté syndicale. Le gouvernement interdit explicitement les syndicats indépendants, mais nie l’obligation légale pour les travailleurs de s’affilier à la CTC.
CITATIONS SUR L’ARGENT DE FIDEL CASTRO
“Seuls les fous et les maniaques peuvent croire qu’ils détiennent le monopole de la vérité.”
Discours de clôture du XIIe Congrès de la CTC (Centrale des travailleurs cubains) , 29 août 1966
“À l’avenir nous devrons nous libérer de l’argent, des cartes de rationnement et de tout.
Le jour viendra, Messieurs, où comme résultat de l’augmentation de la production, l’argent ne vaudra plus rien. Bien sûr, depuis notre naissance, on nous a appris à aimer l’argent… L’homme apprend de très bonne heure à priser cette chose que l’on appelle l’argent, un intermédiaire entre l’homme et ce qu’il produit.
LES CASTRO RENONCENT AU SOCIALISME MAIS PAS AU POUVOIR
Les décisions du gouvernement cubain de supprimer à long terme 1,3 millions d’emplois publics nous laisse présager d’un abandon définitif du modèle soviétique. Moins d’État et plus d’économie privée, mais en évitant les excès qui ont eu lieu en Russie après le départ de Gorbatchev. Un système plus proche de la voie chinoise ou vietnamienne, en tentant de prévenir le développement des inégalités… ce qui prouve que si les Castro ont renoncé à la construction du socialisme et à l’idéal porté par les révolutionnaires cubains à la fin des années 50, ils n’ont pas renoncé au pouvoir.
Licenciement de 500 000 fonctionnaires
Cuba va supprimer plus d’un demi-million d’emplois dans le secteur public. C’est ce qu’a annoncé lundi 13 septembre la Centrale des travailleurs cubains, le syndicat cubain unique. La mesure va prendre effet immédiatement et durera jusqu’au premier trimestre 2011. Elle s’inscrit dans le cadre d’un processus de rationalisation de l’économie, lancé par le président Raul Castro afin d’augmenter la productivité de l’île.
A Cuba, 500 000 fonctionnaires perdront leur travail d’ici mars prochain. Ils se verront proposer des emplois de substitution dans le secteur privé, au sein des coopératives agricoles, par exemple, ou encore comme travailleurs indépendants.
C’est une mesure comme Cuba n’en a pas vue depuis les années 60. Elle fait partie d’un programme lancé par Raoul Castro, il y a un an.
Fidel : « le modèle cubain ne fonctionne même plus pour nous ».
Extraits de l’interview de Fidel Castro par Jeffrey Goldberg (The Atlantic) :
Au cours de cette première conversation, nous sommes sans cesse revenus à la crainte exprimée par Castro qu’une confrontation entre l’Occident et l’Iran pouvait se transformer en un conflit nucléaire. « La capacité iranienne à riposter est sous-estimée, » dit-il. « Les hommes pensent qu’ils peuvent se contrôler mais Obama pourrait perdre son sang froid et une escalade progressive pourrait aboutir à une guerre nucléaire. » Je lui ai demandé si sa crainte venait de sa propre expérience de la crise des missiles en 1962, lorsque l’Union Soviétique et les Etats-Unis ont frôlé la guerre à cause de la présence de missiles à têtes nucléaires à Cuba (missiles installés à la demande, bien-sûr, de Fidel Castro). J’ai rappelé à Castro la lettre qu’il avait écrite à Khrouchtchev, le premier ministre soviétique, en plein crise, dans laquelle il conseillait aux Soviétiques d’envisager une attaque nucléaire contre les Etats-Unis si les Américains attaquaient Cuba. « Ce serait le moment de penser à la liquidation définitive d’un tel danger par le biais du droit légitime à se défendre, » a écrit Castro à l’époque.
Je lui ai demandé : « À un moment donné, il semblait logique que vous recommandiez aux Soviétiques de bombarder les États-Unis. Ce que vous leur avez recommandé vous semble logique maintenant ». Fidel a répondu : « Après avoir vu ce que j’ai vu, et avoir su ce que je sais maintenant, ça ne valait vraiment pas la peine ».
Fidel Castro : Je suis responsable des persécutions contre les homosexuels qui ont eu lieu à Cuba
Traduction d’un article de Carmen Lira Saade publié dans le journal mexicain La Jornada, le mardi 31 août 2010.
La Havane.
Bien que rien ne crée un malaise en apparence, je pense que Fidel ne va pas aimer ce que j’ai à lui dire :
– Commandant, tout le charme de la Révolution cubaine, la reconnaissance, la solidarité d’une grande partie de l’inteligentsia universelle, les grandes conquêtes du peuple contre le blocus, bref, tout cela a été gommé en raison de la persécution des homosexuels à Cuba.
Fidel ne rejette pas le sujet. Il ne nie pas, il ne rejette pas le jugement. Il ne demande que du temps pour se rappeler, il dit par exemple, comment et quand les préjugés sont nés dans les rangs des révolutionnaires.
“Tout le monde sait qu’ils n’ont jamais pris une guagua, qu’ils ne se sont jamais alimentés avec les produits distribués par la libreta, qu’ils n’ont jamais fait la queue devant un hôpital, ni ailleurs, qu’ils n’ont jamais attendu des mois ou des années pour qu’on leur livre du matériel pour réparer leur maison”
Les revendications de nos intellectuels, Yoani et la sagesse du peuple cubain
(extraits)
Plusieurs intellectuels de stature international, des compagnons engagés dans notre pays, entre autres Esteban Morales, Silvio Rodríguez, Guillermo Rodríguez Rivera, José María Vitier, Leonardo Padura, Pablo Milanés, Arturo Arango et Tato Quiñones, ont exprimé récemment et par différents canaux leur préoccupation par rapport à la dérive que pourrait représenter la transformation du futur immédiat de Cuba.