Les voix se libèrent

Élaborée par un membre du parti communiste de la province de Matanzas, nous reproduisons ici une réflexion sur la mort d’Orlando  Zapata, protagoniste d’une grève de la faim qui a eu un grand écho médiatique dans le monde entier, parce qu’elle semble refléter ce que beaucoup de gens pensent dans l’île à propos de cet évènement.

Une réflexion sur Zapata

Chers camarades : je m’appelle Daniel et je vis à Cárdenas, province de Matanzas. Je travaille dans le tourisme et ainsi j’ai pu voir ces jours-ci tout le débat qui s’est développé à la suite de la mort du prisonnier Orlando Zapata. Je l’ai vu sur CNN en espagnol et à la Télévision espagnole. J’ai aussi lu quelques journaux parce que dans les hôtels nous avons Internet. J’ai lu des articles écrits par des intellectuels étrangers, par des dissidents cubains, par des amis de la révolution, et des ennemis. À la suite de tout cela, et des lettres qui circulent ici et là, j’aimerais partager avec vous une réflexion. Je ne suis personne, ni acteur ou chanteur, ni personnage publique, pas non plus un intellectuel, mais je sers à quelque chose, avant m’occuper de tourisme j’ai fait des études de sociologie, je suis un militant du Parti communiste et membre de l’association des Combattants de la Révolution pour avoir accompli une mission internationaliste en Éthiopie.

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Enrique   |  Actualité, Analyse   |  05 10th, 2010    | 

Lettre de rejet des obstructions et interdictions actuelles d’initiatives sociales et culturelles

Voici, enfin traduite, la fameuse lettre ouverte aux institutions culturelles révolutionnaires écrites par les membres du projet Observatoire Critique, à La Havane. J’ai ajouté quelques notes pour faciliter la compréhension du texte.

Lettre de rejet des obstructions et interdictions actuelles d’initiatives sociales et culturelles

Quand ils sont venus chercher les Juifs,

je n’ai rien dit, car je n’étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les communistes,

je n’ai rien dit, car je n’étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,

je n’ai rien dit, car je n’étais pas syndicaliste.

Et quand ils sont venus me chercher,

il n’y avait plus personne pour protester[1].

Niemöller

Peu de temps après qu’une analyse exhaustive et « publique » de la période « grise » de notre histoire récente ait été réalisée, on respire à Cuba une atmosphère de re-pavonisation [2]. Sans intention d’attribuer de responsabilités universelles à une personne ou une institution en particulier, nous avons noté une série de faits qui signalent un climat d’accroissement du contrôle bureaucratique-autoritaire et d’obstruction des initiatives sociales. Chacun de ces faits séparément rappelle certaines pratiques connues des années 1970. Ici nous résumons certains de ceux que nous connaissons le mieux.

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CC   |  Analyse, Culture   |  05 10th, 2010    | 

Observer de manière critique


Nous avons déjà évoqué sur ce site l’existence de l’Oservatoire critique de La Havane,  un espace de rencontres et de réflexions horizontales autour d’ expériences auto-organisées dans le domaine social, artistique, écologique, des médias alternatifs, de la recherche socio-historique, de l’éducation et de la pédagogie, etc., autant de thèmes et de démarches qui se synthétisent dans la notion, nouvelle à Cuba, d’autogestion, autant comme pratique concrète que comme proposition politique générale adressée à l’ensemble de la société cubaine. Position qui a amené fin 2009 l’Observatorio Crítico à prendre l’initiative d’un appel contre les « obstructions et interdictions qui frappent actuellement les initiatives sociales et culturelles ». L’interview d’un des principaux organisateurs de cet Observatoire Critique permet d’en savoir un peu plus sur cette démarche novatrice, indépendante de l’Etat cubain, voire se situant dans une forme de dissidence de fait.

(Interview publiée dans la revue électronique d’art et de culture Esquife, n° 68, mars 2010)

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Enrique   |  Analyse   |  05 6th, 2010    | 

Sorti du n° 15 du bulletin “Cuba libertaria”

Télécharger ce numéro :

CL15

Dans une lettre ouverte, au début du mois de septembre 2003, un groupe de militants anarchistes proposa à la militance libertaire internationale la création de groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants qui luttaient à Cuba pour que le peuple récupère la liberté d’expression, de réunion et d’association afin de décider de son futur. Comme on pouvait le penser, les réactions furent nombreuses et coïncidèrent dans l’urgence de cette solidarité et dans la nécessité de la coordonner pour la rendre effective et efficace. Avec cette convergence, et sachant que la majorité était disposée à fonctionner comme un réseau ouvert, non centralisé, pour que l’information et les propositions puissent circuler directement (à travers Internet ou d’autres moyens de communications), il fut décidé de constituer en France le premier groupe des GALSIC (Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba).

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Enrique   |  Actualité   |  05 4th, 2010    | 

Rencontres du IVe Observatoire critique de Cuba : au-delà de la critique

Le 13 mars 2010, jour qui marque l’anniversaire de l’attaque historique (en 1957) du Palais présidentiel par des combattants du Directoire révolutionnaire, ont commencé à San José de las Lajas (province de La Havane) les sessions du IVe Observatoire critique de  Cuba.

Un forum convoqué par le réseau organisateur qui regroupe plusieurs collectifs et plusieurs projets sociaux-culturels engagés dans le développement de contenus libertaires et populaires au sein de la société cubaine. Le forum, parrainé par l’”Association des frères Saíz” de La Havane, avec l’appui décisif de la Maison du  jeune créateur de San José, a été décrit par les organisateurs comme “un espace d’analyse et d’articulation des expériences créatives, critiques, de gestion et d’investigation culturelles et artistiques, qui visent à renforcer les capacités locales, les mémoires historiques et les connaissances libératrices et sociales dans les scénarios actuels de Cuba, et ayant pour thème central les DYNAMIQUES MÉDIATIQUES, LES PROCESSUS CULTURELS ET LES COMMUNAUTÉS EN MOUVEMENT.

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Enrique   |  Actualité   |  05 4th, 2010    | 

L’Observatoire critique de La Havane sur la place de la Révolution lors du 1er mai

Les collectifs du réseau de l’Observatoire critique ont marché avec d’autres groupes solidaires ce samedi 1er mai sur la Place de la Révolution, malgré les tentatives de la bureaucratie étatique d’empêcher qu’un tel événement puisse se produire.

Voir sur le blog de l’Observatoire critique, le reportage d’Isbel Díaz et les photos de Jimmy Roque Martínez sur ce grand événement.


Enrique   |  Actualité   |  05 2nd, 2010    | 

Los Aldeanos secouent La Havane

Les “Aldeanos” (les Villageois), principaux représentants du hip hop cubain “underground”, ont fait vibrer 2 000 jeunes lors de leur premier concert grand public, avec une musique rythmée et des paroles très critiques à l’égard de la société et du gouvernement cubains.

Bien que privé de toute publicité dans les médias cubains entièrement sous le contrôle de l’Etat, le duo a fait salle comble le week-end dernier au théâtre Acapulco. Un exploit alors que même cette salle du centre-ville de La Havane avait gardé comme seule affiche de néons celle annonçant le film “Sherlock Holmes”.

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Enrique   |  Actualité, Culture   |  04 29th, 2010    | 

Des contrôleurs de corruption dans les centres de travail

Après les travailleurs sociaux créés par Fidel Castro et utilisés pour aller contrôler la corruption dans les centres de travail, particulièrement chez les pompistes, en 2005, les travailleurs cubains connaissent aujourd’hui les carmelitas. Corps social créé de toutes pièces, comme les travailleurs sociaux, son rôle est similaire: faire diminuer la corruption, sport national, qui asphyxie l’économie de l’île tout en permettant paradoxalement la survie de ses habitants. Quel sens a ce contrôle social alors que les plus hauts dirigeants des entreprises cubaines (comme la Cubana de Aviacion) sont destitués pour hauts faits de corruption? Contrairement aux dirigeants, les Cubains moyens sont contraints de voler pour vivre. Tant que les salaires (en pesos) ne seront pas en phase avec les prix (en CUC), les Cubains ne pourront faire autrement. En effet, 1 CUC = 24 pesos, et quand le salaire moyen est de  350 pesos, comment acheter de l’huile à plus de 2 CUC (50 pesos) sans trafiquer au marché noir et voler l’Etat?

Voir ce post de la bloggueuse Yoani Sanchez sur le sujet


CC   |  Actualité   |  04 20th, 2010    | 

Luis Sexto, éditorialiste reconnu, appuie le changement

Luis Sexto est un journaliste cubain, pas particulièrement connu pour sa capacité de critique sociale de l’autoritarisme, de la bureaucratie, de la censure, etc. Dans un article qui semble à première vue assez audacieux, il nous livre ses réflexions sur la nécessité d’un changement, à la fois économique et dans les pratiques politiques. En réalité, ce texte fait sûrement consensus dans la majorité de l’intelligentsia, et témoigne certainement de la capacité chaque jour plus réelle d’opiner politiquement à Cuba.

Je vous en traduis un petit passage:

La palpable résistance bureaucratique à la rénovation  est à relier au dogme et au culte superstitieux de certaines “vérités” intouchables. Nous n’aborderons pas, aujourd’hui, l’écheveau d’intérêts organiques qui peuvent pousser un individu, ou un ensemble d’individus, à persister dans une voie sans issue, mais réputée “correcte”. Et remarquons que si certaines tendances persistent à repousser, à remettre à plus tard – parfois inconsciemment – une politique de réforme, comprenant la réforme de l’économie, c’est qu’on y retrouve une approche doctrinaire qui transforme les idées et les principes en une espère de code, un manuel aussi inquestionnable que la posture d’un idole.

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CC   |  Analyse   |  04 15th, 2010    | 

Entretien avec Rafael Hernandez, directeur de la revue Temas

Rafael Hernández es director de la revista Temas, uno de los pocos espacios de debate que existe en Cuba. Como politólogo, básicamente defiende el sistema socialista cubano pero pide su democratización desde dentro. Asegura que durante medio siglo la política de Washington hacia su país ha sido nefasta y cree que eso explica muchos enroques oficiales, también la “desconfianza” hacia todo lo que lleve el apellido disidente. A su juicio, los opositores cubanos “se definen por ser ‘anti’ o ‘contra’, no por una propuesta política coherente, que convenza a la gente”. Su debilidad mayor, considera, “es que carecen de legitimidad y liderazgo”.

Mauricio Vicent: ¿No hay gente honesta en la disidencia? ¿Todos los disidentes y opositores son “mercenarios”, como dice el Gobierno?

Rafael Hernández: Si ‘mercenario’ (dice la Real Academia) es el que “por estipendio sirve en la guerra a un poder extranjero”, y“el que percibe una paga por sus servicios”, la pregunta sería: ¿los disidentes están recibiendo una paga y sirviendo al interés del Gobierno de Estados Unidos, el anticomunismo europeo e internacional? Lo de menos, sin embargo, es que reciban apoyo monetario; lo de más es que esos poderes extranjeros los respaldan. En política lo que importa no son las buenas intenciones, sino los intereses con los que uno se asocia.

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CC   |  Analyse   |  04 15th, 2010    |