Cuba. Mise en perspective du nouveau virage économique
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Une série de développements récents à Cuba ont frappé l’économie déjà chancelante de l’île, ce qui a conduit le gouvernement à adopter une série de politiques économiques qui vont dans le sens d’une plus grande ouverture au capital, tout en maintenant les contrôles politiques de l’État à parti unique. La première des dernières catastrophes qui se sont abattues sur l’île est la pandémie de Covid-19. Comparé à d’autres pays des Caraïbes, Cuba s’en est mieux sortie grâce à un système de santé publique qui, malgré son déclin au cours des trente dernières années, est toujours capable d’organiser une réponse adéquate aux catastrophes collectives telles que la pandémie. Ainsi, pour stopper la contagion, le gouvernement cubain a adopté des mesures drastiques telles que l’interruption totale des transports publics, et en réponse à un rebond de l’infection à partir de la fin août, il a rétabli des mesures tout aussi drastiques dans de nombreux endroits, y compris dans la zone métropolitaine de La Havane, bien que, début octobre, le gouvernement ait réduit les restrictions dans la plupart de ces endroits.
Que se passe-t-il à Cuba en ce moment ?
Nous publions aujourd’hui ce texte du réalisateur Ernesto Daranas publié sur le blog « La Cosa » de l’universitaire Julio César Guanche. Il nous permet de comprendre la situation à Cuba après la grève de la faim menée par les artistes du Mouvement San Isidro et la manifestation du 27 novembre devant le ministère de la Culture. Que nous disent ces événements ?
Ernesto Daranas Serrano est né en 1961 à La Havane. Il termine des études de pédagogie et de géographie en 1983. Il commença tôt à écrire et travailler pour la radio: biographies, chroniques, pièces de théâtre, nouvelles, jeux radiophoniques. A la télévision, il fut auteur de scénarios et développa quelques intrigues pour des téléfilms. En 2004, il conçut et réalisa le documentaire Los últimos gaiteiros de La Habana (Les derniers joueurs de cornemuse de La Havane) avec lequel il obtint le prestigieux prix international du journalisme « Rey de España ». La même année, Daranas réalisa le téléfilm La vida en rosa (La Vie en rose) dont il écrivit également le scénario. Avec sa critique sociale incroyablement surréaliste, l’oeuvre se plaça rapidement au rang de film culte et se vit offrir de nombreuses récompenses dans les festivals. L’oeuvre de Daranas tourne toujours, sous une forme ou une autre, autour des soucis des gens de La Havane, avec des thèmes comme la prostitution, la misère ou encore l’absence du père, qui imprègnent la société cubaine.
Parmi ses films récents figurent Los dioses rotos (Les dieux brisés), Conducta (Conduite) et Sergio y Serguei (Serge et Seguei).
“Éloge de Fidel Castro”. Un texte de Reinaldo Arenas
L’écrivain Reinaldo Arenas a écrit son « Eloge de Fidel Castro » en 1990, peu avant sa mort à New York.
Ce curieux article de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas était resté inédit jusqu’à 2017. Il y a 18 ans, le quotidien français Libération en avait publié un bref extrait. Arenas l’avait écrit en mars 1990, peu avant sa mort, sur la proposition de Liliane Hasson, sa traductrice française, sa grande amie, la conseillère littéraire de ses exécuteurs testamentaires et sa rigoureuse biographe, dont le livre sera publié prochainement aux éditions Actes Sud. La prose débordante du romancier cubain est tempérée dans ce texte pour dessiner avec ironie et distance un portrait à la fois rétrospectif et prospectif de Fidel Castro. Il le dénude et le visite dans un « éloge » à la manière des grandes épigrammes. Nous nous trouvons devant un témoignage plus que d’actualité, écrit avec son meilleur style littéraire, et qui contient des vérités incontestables sur son positionnement politique et sa vision du drame cubain.
Les derniers mots de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas
Cela fait 30 ans aujourd’hui que l’écrivain cubain dissident Reinaldo Arenas (juillet 1943-décembre 1990) est mort de sa propre main à New York. Arenas, qui souffrait du sida, s’est échappé de l’hôpital où il était hospitalisé pour sa maladie et s’est enfermé chez lui, où il a coupé toute communication avec le monde extérieur et où son assistant l’a trouvé mort, avec des instructions pour les personnes à appeler et sur son sort final.
L’acte d’écriture a été son principal outil de protestation contre les abus commis par le régime castriste. Ses dénonciations ont été constantes contre les mauvais traitements infligés aux homosexuels à Cuba, contre le manque de liberté et les pressions avec lesquelles le régime a réduit au silence ou forcé les écrivains à écrire en faveur du pouvoir établi. Il s’agit de thèmes récurrents dans toute son œuvre, qui englobe le roman, la nouvelle, les genres autobiographiques, l’essai, la poésie et le théâtre.
Les inconnues du prochain congrès du Parti communiste cubain
Les propositions visant à changer le nom du parti unique en Parti Fidéliste cubain sont réapparues de façon souterraine.
Le troisième jour du dernier mois de l’année, les conversations les plus fréquentes entre les Cubains portent sur la pénurie dans les marchés, les dates possibles de fin de la dualité monétaire, la dévaluation annoncée du peso, la hausse des prix, l’augmentation des salaires et les inconvénients du maintien des magasins controversés qui ne vendent qu’en monnaie librement convertible.
Le ministère de la culture ne rencontrera pas les artistes
Renforcement de la répression à La Havane
Après les déclarations du président Miguel Díaz-Canel, qui a qualifié les manifestations populaires qui ont eu lieu dans plusieurs provinces de l’île de « dernière tentative de renversement de la révolution cubaine » par l’administration de Donald Trump, les rues de La Havane ont été occupées par des troupes spéciales anti-émeute lourdement armées. Dans le même temps, les agents du redouté département de la sécurité d’État maintiennent un certain nombre d’arrestations, d’interrogatoires et une surveillance constante contre des dizaines de manifestants, en particulier contre les membres du Mouvement San Isidro qui avaient entamé une grève de la faim quelques semaines auparavant pour demander la libération de Denis Solis Gonzalez, l’un de ses membres condamné dans un procès sommaire à huit mois de prison pour le faux crime d’outrage.
Aujourd’hui, la police surveillent les maisons des artistes, des journalistes et des critiques d’art. Luis Manuel Otero Alcántara, membre du Mouvement San Isidro, s’est retrouvé contre son gré dans un hôpital. Fernando Rojas, le vice-ministre de la Culture a donné une image déformée de ce qui s’est passé lors de la réunion de vendredi dernier au ministère de la Culture. En moins de 24 heures, les accords ont été rompus. Rojas avait promis que les artistes ne seraient pas « diffamés et criminalisés » et pourtant, dans les médias, ils ont été qualifiés de « mercenaires ».
Le prisonnier politique Silverio Portal a été libéré mardi après plus de deux ans de prison
Des unités anti-émeutes déployées dans La Havane
Le journal Granma, organe du Parti communiste cubain, a publié ce mardi un éditorial en première page, où il rappelle que la lutte armée est un moyen de combattre quiconque tente de renverser « l’ordre politique, social et économique établi par cette Constitution ».
Des images qui sont la preuve d’un fort renforcement militaire pris en charge par des troupes spéciales déployées en plusieurs points de la capitale, ont été publiées par plusieurs utilisateurs dans les réseaux sociaux. En outre, le journal 14ymedio (2) assure avoir compilé de nombreux rapports sur la présence de ce qu’on appelle les Bérets noirs, armés, avec des gilets pare-balles et dans des véhicules militaires, qui « ont été vus surtout sur les principales avenues de la capitale et dans plusieurs quartiers de la zone du Vedado ».
MANIFESTATION DEVANT LE MINISTÈRE DE LA CULTURE POUR PROTESTER CONTRE LA RÉPRESSION QUI ATTEINT LES ARTISTES DU MOUVEMENT SAN ISIDRO