L’anarchisme à Cuba. Une pensée vraiment révolutionnaire
Communication présentée à la table-débat de Trinchera Abierta dans son édition du mois d’août, qui s’est tenue au Centre social Abra de La Havane.
La lutte pour l’indépendance, l’anarchisme et Martí
L’anarchisme fait partie du mouvement révolutionnaire mondial. Cela peut sembler un truisme pour certains, mais à Cuba, il faut l’expliquer à la majorité des gens. Il faut rappeler que dans l’histoire de la Révolution cubaine, à partir de 1961, l’anarchisme a été assimilé à la contre-révolution, c’est-à-dire qu’il a été considéré comme contre-révolutionnaire. Par conséquent, il est très important de mettre en évidence et de souligner la pureté révolutionnaire de l’anarchisme. Ses principales figures fondatrices ont donné leur vie pour la cause. L’anarchisme et le socialisme international ont le même substrat, qui est la conscience de la classe ouvrière. Par conséquent, l’anarchisme ne peut être méprisé, car il s’inscrit dans une riche tradition de la classe ouvrière.
Franco et Fidel, ennemis cordiaux
Après la mort de Franco, le correspondant de l’agence Efe à La Havane envoya une dépêche, reprise par certains des plus prestigieux journaux du monde et qui disait ceci : « Quelques heures après l’annonce de la mort du général Franco, le gouvernement révolutionnaire de Cuba a décrété un deuil officiel de trois jours. Depuis jeudi, les drapeaux ont été mis en berne sur tout le territoire cubain. Le président de la République, M. Osvaldo Dorticós, a adressé un message de condoléances au président du gouvernement espagnol, Carlos Arias Navarro (…). » Quand vous lisez cela, vous avez l’impression qu’il y a soit un malentendu, soit une erreur dans le texte. Ce n’était pas le cas. Le Cuba de Fidel Castro a en effet rendu hommage au dictateur comme aucun autre pays ne l’a fait, bien qu’il ait tout mis en œuvre pour que l’information demeure discrète, ce qui permettait tout à la fois de rester en bons termes avec l’Espagne et d’éviter un scandale international. Ce geste a pris un relief plus important encore l’année suivante, à la mort de Mao Zedong, le gouvernement cubain n’ayant pas porté la même attention envers le dirigeant communiste chinois. Ce fut là le dernier chapitre d’une relation particulière et choquante entre deux dictateurs idéologiquement aux antipodes, qui décidèrent d’agir avec un pragmatisme « souterrain » et une complicité qui ont suscité un énorme intérêt chez les historiens et les politologues.
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Méditation environnementale à la plage de la Concha à Marianao
Pour Juanma Agulles, pour ne plus perdre la mer.
Le lever du soleil sur la plage de La Concha, le littoral de l’ancienne municipalité de Marianao, à l’ouest de La Havane, est l’un des moments de l’épiphanie dont je peux encore me réjouir, où je peux sentir le rythme de ma minuscule existence dans sa transe de purification précaire et où je me réinvente.
J’aime le lever du soleil sur la plage de La Concha, comme le lever du soleil sur une montagne ou dans un désert, parce qu’il me permet de ressentir éphémèrement le devenir de l’immense totalité qui nous entoure avec force.
Cette plage à l’aube m’incite à imaginer avec une profonde superficialité ce qu’était ce monde avant que nous ne soyons devenu un fléau dévastateur. Ce fléau que sont devenus les humains au cours des deux derniers siècles d’existence.
4e Printemps libertaire de La Havane (1er appel)
Organisé par : le Centre social et la bibliothèque libertaria ABRA, l’Atelier libertaire Alfredo López et le Garde-forestier
Ils invitent au 4e Printemps libertaire de La Havane, entre le 4 et le 11 mai 2019, un espace/temps que nous organisons depuis plusieurs années, nous les anarchistes qui habitont cette ville et leurs amis, pour préfigurer en anticipation palpable le monde que nous voulons sans inspecteurs, marchands, agents de l’insécurité de l’Etat et employés d’argent sans morale.
Défier l’impérialisme quotidien et encourager l’espoir à Cuba et dans le monde. Pour guérir notre moi intérieur de tant de ministères. Pour élargir les espaces pour nos intimités. Pour se battre sur le terrain du désespoir et de l’isolement, qui sont les ingrédients fondamentaux de toute défaite durable. Face à de tels ennemis, il ne suffit pas de les nommer pour dissiper leur oeuvre.
La droite reste au pouvoir à Cuba
La récente décision du gouvernement cubain de retirer la redéfinition initiale du mariage contenue dans le projet de Constitution sert à développer plusieurs analyses, mais toutes nous amènent à réaffirmer la certitude que nous avons depuis des années : la droite est au sein du gouvernement cubain, et de là ce gouvernement pratique une contre-révolution systématiquement.
A cette occasion, les dirigeants cubains ont décidé de conclure des pactes avec les églises les plus arriérées de l’île. Ils ont reçu à l’avance leurs votes (et ceux de leurs paroissiens) pour une Constitution qui éternise le Parti communiste de Cuba au pouvoir, en échange de l’élimination de la possibilité de reconnaissance légale des unions homosexuelles.
Cuba renonce à inscrire le mariage pour tous dans sa nouvelle Constitution
La proposition initiale était de définir le mariage comme l’union “entre deux personnes” et non “entre un homme et une femme”.
Mauvaise nouvelle pour les militants des droits LGBT. Cuba a renoncé à inscrire dans sa nouvelle Constitution des changements ouvrant la voie au mariage homosexuel en raison de l’opposition d’une majorité de citoyens ayant été consultés sur ce sujet, a indiqué mardi 18 décembre un représentant du gouvernement.
“Le projet de Constitution de Cuba ne définira pas quelles personnes forment le mariage”, a dit le secrétaire du Conseil d’Etat et coordinateur du projet, Homero Acosta, cité par la presse officielle. La proposition initiale était de définir le mariage comme l’union “entre deux personnes” en remplacement de la formule actuelle le décrivant comme l’union “entre un homme et une femme”.
À Cuba, les artistes indépendants mettent le système en échec
La manifestation annoncée par le Collectif San Isidro, avec les artistes Iris Ruiz, Amaury Pacheco, Yanelis Núñez, Luis Manuel Otero Alcántara, Michel Matos, parmi les principaux artistes, a déclenché la paranoïa et un excès de vigilance dans le voisinage du Ministère de la Culture (Mincult).
Depuis hier, le 3 décembre, date à laquelle la manifestation a commencé, les patrouilles et les agents de la Sûreté de l’Etat occupent les environs du Mincult, lieu choisi pour exiger une réponse à l’entrée en vigueur imminente du décret 349 qui vise à donner un corps juridique à la persécution de la pensée critique à Cuba, une mesure stalinienne dans une économie de marché en plein développement.
Arrestations à La Havane des artistes luttant contre le décret-loi 349
Cuba…
Il n’est pas de problème tabou, tout ce qui passionne les hommes est nôtre et doit être dit: ainsi nous disons que la révolution cubaine est bolchevisante. Nous en voyons la preuve dans le fait qu’une bonne partie des opposants à Battista ont été soit décimés, soit éliminés.
Si une route reliait Cuba au continent il est probable que la moitié de l’île serait désertée, tout comme Berlin-Est l’est actuellement. Il est normal qu’aient fui, dès les premières semaines, ceux auxquels la révolution faisait perdre leurs privilèges; mais maintenant il s’agit de ceux qui professent une franche opposition à un régime niant les libertés. Ce ne sont pas des éléments réactionnaires qui s’échappent, mais des anciens soutiens du régime. Car ce dernier, pour se libérer du carcan de la Maison Blanche a commis, soit de propos délibéré, soit par nécessité, la grande faute de se laisser capter par la bureaucratie du Kremlin.
L’anarchie dans la révolution cubaine
1- CONTRE L’ETAT, SOUS TOUTES SES FORMES :
Les adhérents de l’Association Syndicaliste Libertaire, considèrent comme un devoir impérieux d’affirmer, dans cette étape de réalisations révolutionnaires de notre peuple, que nous sommes opposés, non seulement à certaines formes de l’Etat, mais à l’existence même de celui-ci comme organisme dirigeant de la société, et partant, à toutes politique qui tende à créer une hypertrophie étatique, à amplifier les pouvoirs de l’Etat, ou à lui donner un caractère totalitaire et dictatorial.
Les militants syndicalistes libertaires, ainsi que les camarades des autres pays, estiment qu’il est impossible de réaliser uns véritable révolution sociale, sans procéder en même temps qu’à la transformation économique, à l’élimination de l’Etat, en tant qu’entité politique et administrative, en lui substituant Ies or-ganismes de base révolutionnaires, comme les syndicats ouvriers, les municipalités libres, les coopératives agricoles et industrielles autonomes, les collectivités d’usines et de paysans, libres de toutes ingérences autoritaires.