Le parlement cubain a maintenant trois vice-président.e.s noir.e.s. Pourquoi on n’en parle pas?
Le 19 avril 2018, la République de Cuba a investi à sa présidence l’ex-professeur d’université Miguel Díaz-Canel Bermúdez, et le 9ème Congrès de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire – l’organe suprême de la direction – a élu un nouveau Conseil d’État. Mais l’euphorie et l’incertitude entourant un supposé “Cuba sans les Castro” et d’autres sujets connexes ont éclipsé un autre développement majeur: la présence de quatre dirigeants noirs dans le nouveau gouvernement jusqu’en 2023.
Les Cubains noirs représentent 10% de la population mais leur représentation dans les cercles du pouvoir est très limitée, en dépit des idéaux d’égalité après la révolution.
Avant Bermúdez, le précédent Congrès avait deux hommes noirs à des postes de responsabilité : le premier vice-président Juan Esteban Lazo Hernández et Salvador Valdés Mesa, président de l’Assemblée nationale. Avec la sélection d’Inés María Chapman Waugh et de Beatriz Jhonson Urrutia comme vice-présidentes, Cuba a, pour ainsi dire, “ajouté plus de couleur” au gouvernement.
« Je fais partie de ceux qui restent sur le bord de la route » – La Fin de l’homme rouge, de Svetlana Alexievitch
Svetlana Alexievitch, La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement, Actes Sud Babel, 2016
La chute de l’URSS évoque certaines dates, certains événements : les fameuses mesures de la fin des années 1980 (Perestroïka et Glasnost), l’annonce solennelle de la fin de la guerre froide par Bush et Gorbatchev en 1989, la tentative de putsch contre Gorbatchev en 1991, la prise de pouvoir par Eltsine et enfin la dissolution de l’URSS le 26 décembre 1991, avec la création d’États indépendants (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, etc.) aussitôt déchirés par des conflits.
Le « campisme » Une vision idéologique des questions internationales
A l’époque de la guerre froide, nombre de mouvements de gauche, et pas seulement les partis communistes orthodoxes, professaient la défense absolue du « camp socialiste », nouvelle forme supposée « internationaliste » du right or wrong my country [1].
Un nouveau « campisme » consiste à soutenir certains mouvements ou certaines politiques d’Etats considérés comme « anti-impérialistes » au nom de leur résistance supposée à l’impérialisme hégémonique états-unien et occidental, ce dernier étant accusé d’être à l’origine de toute contestation populaire qui s’opposerait à ces Etats ou mouvements… Un « campisme » sans camp et sans alternative anti-impérialiste réelle …, consistant à soutenir certains Etats, certains régimes au nom de présupposés géopolitico-idéologiques,
Le « campisme » d’aujourd’hui est partagé par de nombreux mouvements de gauche dans le monde arabe et les Amériques et aussi en Europe. Mais on a commencé à parler de campisme il y a cinquante ans….
Le décret 349 vise à transformer les artistes en merde
L’œuvre
Ils ne sont pas arrivés ensemble, chacun avait un horaire et une fonction : vérifier que tout était calme, se maculer avec des excréments et faire connaître l’action. L’action était très basique: une fois couvert de merde, mettre en place un panneau : « Art libre. Non au décret 349 », ceci, sur les marches du Capitole de La Havane. Mais cela ne s’est pas passé ainsi, même si tout était secret pour qu’il n’y ait pas de fuite.
La police a arrêté Luis Manuel Otero Alcántara, Amaury Pacheco et Soandry del Río. Puis ils ont aussi emmené Iris Ruiz. Cependant, l’indignation a poussé Yanelys Núñez à s’impliquer plus directement. Quand elle a vu Luis être emmené, poussé dans la voiture de patrouille à coup de poings, elle a étalé ses excréments, elle a saisi le panneau et a commencé à marcher. Ils l’ont embarqué, mais l’action a eu lieu, pensa-t-elle. De l’autre côté de la rue, ils ont renversé le panneau et elle est arrivée au Capitole tellement bouleversée qu’elle a commencé à parler à ceux qui étaient assis sur les marches. C’était une impulsion, avec de la nervosité, de l’inconfort, de la douleur, de la colère. Personne n’a été choqué, tout le monde a écouté tranquillement, comme s’ils étaient hypnotisés.
Entretien avec Fernando Ravsberg 2 : Franchement, je pense qu’il faut éviter de faire des conjectures parce qu’on finit par être ridicule
Fernando Ravsberg, peut-être le plus lu et le plus polémique des correspondants étrangers à Cuba, avait accordé un entretien à Cubanía quelques jours avant la tenue des élections générales. Dans cette deuxième partie que nous publions aujourd’hui, avec la sagacité que lui confère sa connaissance approfondie d’un pays qui l’a accueilli pendant plus de vingt ans, le journaliste uruguayen se penche sur la psychologie des Cubains, sur les grandes questions économiques et politiques qui font leur quotidien. Ravsberg se risque à des pronostics sur le futur immédiat à un moment où Cuba était en passe d’être gouverné par de nouveaux politiques n’appartenant pas à la « génération historique » qui a guidé le destin de ce pays pendant près de soixante ans. Bon nombre de ces prévisions se sont vu confirmer quelques mois seulement après ses déclarations à Cubania.
Entretien avec Fernando Ravsberg : On m’avait envoyé à Cuba pour couvrir la chute de Fidel et de la Révolution
Fernando Ravsberg est l’une des plumes les plus lues et controversées du journalisme à Cuba. Cet Uruguayen résidant dans l’île depuis près de trente ans rend compte depuis une décennie de la vie à Cuba sur son blog Cartas desde Cuba. Ses analyses sans complaisance de la société cubaine ne lui ont pas facilité la vie dans un pays qui — aux dires de l’un de ses plus grands penseurs contemporains — même s’il est de gauche, ne sait pas quoi faire de ce qui est à sa gauche. Les autorités viennent de lui refuser sa carte de presse et par conséquent son titre de séjour. Cubania regrette cette nouvelle et, en guise de prise de congé, publie en trois parties un entretien que nous a récemment accordé Ravsberg.
Lettre d’une Cubaine à Donald Trump
Donald Trump :
Connaissez-vous la signification du mot dignité ?
Les mesures que vous avez annoncées vendredi 16 juin 2017, Président Trump, sont pathétiques. Aussi pathétiques que ce groupe de personnes qui se considèrent cubaines et se rassemblent autour du dirigeant d’un autre pays en le suppliant d’étouffer économiquement les leurs, que ceux qui crient Viva Cuba libre de l’autre côté du détroit de Floride ou que le membre du Congrès qui croit connaître le pays d’où sont originaires ses parents sans y avoir mis les pieds ou cet autre qui arrive à peine à prononcer le mot « liberté » avec la beauté et la facilité de l’espagnol. Elles traduisent un manque de respect pour le gouvernement cubain, pour le peuple cubain, pour moi.
Des activistes cubains lancent leur “Agenda pour les droits LGBTIQ”
Le 11 mai 2018, une vingtaine d’intellectuels et activistes cubains lançaient un agenda conséquent [es, comme les liens suivants] pour les droits des lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, trans, intersexes et queers à Cuba. Leur présentation indique :
Basés sur les principes de Yogyakarta [fr] sur l’application de la législation internationale des droits humains en relation avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre, sur la Déclaration des droits sexuels de l’Association Mondiale pour la Santé Sexuelle (WAS) [fr], et en vertu des prochaines réformes constitutionnelles et législatives à Cuba, nous, composantes de la communauté LGBTIQ cubaine, nous sommes réunis pour défendre cet agenda.
Cuba. Rapport d’Amnesty International 2017-2018
Cette année encore, des personnes ont été placées arbitrairement en détention, des fonctionnaires ont été licenciés de façon discriminatoire et des travailleurs indépendants ont été harcelés, ces manœuvres visant à faire taire les critiques. Les avancées dans le domaine de l’éducation ont été compromises par la censure persistante, qu’elle soit sur ou hors internet. Le pays est resté fermé aux observateurs indépendants des droits humains la majeure partie de l’année.
Le tourisme sexuel impliquant des enfants à Cuba
Depuis le rétablissement de ses relations diplomatiques avec les États-Unis le 30 juin 2015, Cuba est au cœur de nouveaux enjeux dont les maîtres-mots sont « ouverture économique » et « assouplissement des autorisations d’entrée ». On pourrait donc légitimement en déduire une augmentation des flux touristiques sur cette petite île des Caraïbes vers laquelle les regards du monde entier sont braqués. Aussi positive soit-elle, qui dit croissance des flux touristiques, dit malheureusement croissance du tourisme sexuel impliquant des enfants (TSIE), déjà bien trop présent sur l’île.