« Cuba fait partie de l’échec du socialisme réel », affirme Pablo Milanés, star de la chanson
Le chanteur et compositeur cubain Pablo Milanés a accordé un entretien récemment au quotidien espagnol El Pais, repris par plusieurs médias d’Amérique latine. Alors que certains dissidents se plaignent du silence des intellectuels à Cuba, en voilà un qui n’a pas sa langue dans sa poche. La plus belle voix de la Nueva Trova estime que « Cuba fait partie de l’échec du socialisme réel ».
Pablo Milanés ne regrette nullement son enthousiasme de jeunesse pour la révolution cubaine, mais s’avoue « déçu par des dirigeants qui avaient promis des lendemains meilleurs, avec le bonheur, les libertés et la prospérité, qui ne sont jamais arrivés en cinquante ans ».
Cuba ou la mauvaise conscience des anarchistes. Deuxième partie
Le « manichéisme » ou la raison totalitaire
La description avancée nous a permis de mettre en relief une attitude se présentant sous l’apparence de la pensée (de la pensée « révolutionnaire » en l’occurrence) et se caractérisant par la réduction de la réalité – sociale et historique – en deux pôles ou deux forces antagonistes s’opposant de façon irréductible.
Cette opposition s’exprime par le couple « pour – contre » : on est pour la Révolution et contre l’Impérialisme ; tous ceux qui ne sont pas avec nous (pour nous) sont contre nous.
Cuba ou la mauvaise conscience des anarchistes. Première partie
Texte publié dans la revue Iztok n°3 de mars 1981
Iztok fut la revue éditée par un groupe d’exilés des pays de l’Est (Bulgarie, Pologne, Roumanie) de 1980 à 1991.
Véritable source d’informations sur ces pays, elle disparut avec les régimes communistes totalitaires qui y sévissaient. Toutefois, la revue ne se limitait pas à la seule Europe de l’Est, de nombreux articles abordaient la situation à Cuba ou en Chine.
Iztok n’eut que 20 numéros, elle était l’une des meilleures revues de l’époque : textes clairs, sujets variés présentant et des articles théoriques et des articles d’actualité.
Pourquoi j’ai été guévariste ? Pourquoi j’ai cessé de l’être ?
Il y a quelques années de ça, j’avais quelques illusions. Sur Castro, sur Guevara. Je kiffais tout ça : le fameux « romantisme révolutionnaire », la photo avec l’étoile et le regard, Cuba, le mythe. Je fantasmais sur la guérilla dans le maquis, les douze pèlerins qui fuient la mort dans les montagnes et qui finissent par déloger l’affreux dictateur avec sa sale gueule. Sur Castro, le leader authentique, le sauveur du peuple. Ouais, c’est vrai. C’est pas des conneries, j’avais même un pseudo qui était « Fidel »…S’il avait été candidat aux élections présidentielles en France, ce mec-là, j’aurais voté pour lui (à l’époque, j’avais pas fait subir de combustion à ma carte électorale, c’est venu un peu plus tard ça). Dans ma chambre, ’y avait une grande photo du Che avec son gros cigare. Merde, depuis, j’ai appris qu’il était ministre de l’Industrie quand cette photo a été prise. Ils faisaient des films de propagande, où on voyait le Che à poil, tout dégoulinant de sueur (la sueur prolétarienne bien sûr, la vraie), qui allait dans les champs pour couper la canne à sucre aux côtés des travailleurs ; d’autres fois il allait dans les ateliers pour inspecter les progrès des métiers à filer tout neufs. Il devait rien y connaître, aux métiers à tisser, mais bon, c’était le Che. Un vrai ouf le mec, l’Homme Parfait. Le sujet révolutionnaire idéal. Vous devez vous demandez ce que je fous à écrire dans un zine d’anarchos, pas vrai ?
Les 25 interdictions les plus absurdes à Cuba
Je présente ici une liste des 25 interdictions les plus absurdes dont souffrent les cubains. De manière significative, le gouvernement socialiste de Cuba applique beaucoup d’entre elles aux seuls citoyens cubains, en laissant les droits les plus élémentaires aux touristes étrangers ou aux résidents étrangers dans l’île.
1- Les Cubains sont interdits d’accès à Internet dans leurs maisons et sur leurs téléphones portables
ETECSA a le monopole étatique des télécommunications à Cuba. Selon sa politique commerciale, le service Internet dans les foyers n’est pas fourni aux citoyens cubains. Il est exclusivement destiné aux entreprises publiques et étrangères, et aux résidents étrangers dans le pays.
L’obscurantisme a toujours été le mode d’éclairage du pouvoir
Il y a des choses avec lesquelles on ne rit pas.
Pas assez !
Scutenaire
La bêtise est une bombe à fragmentation. Elle ne frappe pas seulement l’intelligence, sa cible de prédilection, elle se propage en trouant les consciences qui se mettent à pisser de partout. Celles — essentiellement gestionnaires — du monde étatique et politique ont célébré leur incontinence par des actions de grâce, qui leur étaient doublement profitables. Les notables ont pu, en toute immunité, remercier le ciel — fût-il celui d’Allah — de les avoir débarrassés d’une poignée d’irrévérencieux. Dans le même temps, ils se sont offert, avec une pompe nationale française, cléricalo-laïque et républicaine, le luxe de sanctifier en martyrs de la libre pensée des héritiers de Daumier et de Steinlen usant du droit, reconnu à chacun, de conchier en leur totalité les drapeaux, les religions, les margoulins politiques et bureaucratiques, les palotins au pouvoir (dont ceux qui jouèrent des coudes dans la manifestation ubuesque). Ils faisaient montre au demeurant de beaucoup de modération, si l’on compare Charlie à l’Assiette au beurre, au Père Peinard, à la Feuille de Zo d’Axa.
Débrouille. Cuba : en attendant Internet
Des câbles qui courent dans les rues et sur les toits, des antennes wifi plantées dans les rues de La Havane : voilà comment certains Cubains contournent l’inexistence, ou presque, d’Internet sur l’île.
Un réseau semi-clandestin
Dans un reportage passionnant, l’agence de presse américaine AP raconte comment des insulaires se connectent à ce réseau improvisé, intitulé SNet (pour « Street Net »), afin de faire ce que font des centaines de millions d’internautes à travers le monde :
« Des centaines [de personnes] sont connectées à chaque instant, se prenant pour des orques ou des soldats américains dans des jeux vidéo en ligne comme World of Warcraft ou Call of Duty. Ils échangent blagues et photos sur des forums de discussion et organisent des événements dans le monde réel comme des fêtes ou des sorties à la plage. »
La deuxième Journée du Printemps libertaire de La Havane. Du 29 mai au 7 juin 2015
L’atelier libertaire Alfredo López, la galerie Christ Sauveur, et Le Garde-forestier (groupe écologiste) convoquent à la deuxième Journée du Printemps libertaire de La Havane qui se tiendra du 29 mai au 7 juin 2015. Un espace ouvert aux processus et aux dynamiques anti-autoritaires et anti-capitalistes, qui contribuent aux formes de sociabilité et de conscience basées sur l’horizontalité, l’apprentissage mutuel et la responsabilité.
Nous avons l’intention de faire en sorte que la Journée soit, comme son nom l’indique, l’évocation d’un fruit printanier des idéaux libertaires, dont les racines, malgré toutes les adversités historiques, cherchent toujours à trouver les touches justes pour un nouveau souffle, des routes pour de nouvelles explorations et des possibilités de lutte et de transformation.
Nous vous invitons à participer avec vos inspirations et vos idées pour la production du corps thématique de l’événement. Soyez donc les bienvenus, à partir de l’amour qui réveille chaque geste honnête contre l’oppression.
Nous espérons vos communications et remercions par avance toute aide pour la promotion de cet événement.
La Havane, le 14 février 2015
Pour contacts et informations : primaveralibre@riseup.net
Où va Cuba ? (2)
55 ans après la révolution qui a renversé la dictature de Batista, la première génération de sa direction commence à disparaître et l’avenir de son projet « socialiste » reste incertain.
Cuba connaîtra-t-il l’expérience de la « thérapie de choc » capitaliste comme dans les anciens pays du bloc de l’Est ? La voie d’un capitalisme d’État comme en Chine et Vietnam sera-t-elle suivie ? La libéralisation économique s’accompagnera-t-elle, comme certains le demandent, d’une extension des libertés politiques et d’une tolérance plus grande à l’égard des dissidents ? Et au cas où une démocratie socialiste n’advenait pas dans l’île, quel rôle jouerait le secteur critique de gauche naissant ?
Où va Cuba ? (1)
En 2006, lorsqu’il a pris les rênes du pouvoir à Cuba, Raúl Castro a été confronté à une économie en crise qui appelait de profonds changements. Quatre ans plus tard le leader cubain proclamait toujours : « Soit nous rectifions, soit s’achèvera le temps d’être au bord du précipice et nous sombrerons, et avec… les efforts de générations entières ».
Une des premières mesures qu’il adopta a été l’élimination de l’entourage de Fidel – le Grupo de Apoyo –qui était connu pour son idéologie orthodoxe et qui fonctionnait en dehors des canaux de la bureaucratie, sous les ordres directs du commandant en chef pour mettre en œuvre sa « bataille des idées ». Peu à peu, Raúl commença à installer ses hommes de confiance aux postes clés, beaucoup d’entre eux étant des officiers de l’armée ; il substitua le style personnel d’intervention de Fidel et son contrôle direct sur ses subordonnés par une pratique autre, centrée sur la délégation des responsabilités gouvernementales et les résultats administratifs obtenus par les fonctionnaires comme preuve de leur efficacité bureaucratique. Dans le même temps, il a considérablement réduit les mobilisations et les manifestations dans les rues, qui étaient constamment organisées sous la férule de Fidel, afin de réduire les perturbations des activités économiques du pays ; il a déclaré qu’il ne se considérait pas comme un grand orateur et qu’il n’aimait pas parler en public, limitant au minimum la durée de ses déclarations présidentielles. À l’opposé du style de caudillo révolutionnaire de Fidel, Raúl Castro a adopté le style d’un homme d’affaires.