Le graffeur et le tyran
« Quel plus grand malheur peut subir un État quand des gens honnêtes sont condamnés à l’exil comme des criminels, parce qu’ils pensent de manière différente et ils ignorent les faux-semblants ? Quelle est la chose, je le répète, la plus nocive ? Celle de conduire à la mort et de considérer comme des ennemis des hommes qui n’ont commis aucun crime ou délit, mais des hommes qui ont une pensée libre ? ».
Baruch Spinoza (1632-1677).
Ce n’est pas une fable, mais une situation très réelle où le pouvoir d’un général président se déchaîne contre un humble dessinateur de graffitis. Il est impossible d’imaginer un combat plus inégal, c’est pour cela que les oppresseurs essayent de se justifier en inventant des complots et des réseaux qui téléguideraient l’artiste. Ils ont honte de confesser qu’ils craignent ce qu’ils ont appelé eux-mêmes des “papelitos” (des flayers). Mais la vérité c’est qu’ils n’ont pas tiré parti de cette affaire. El Sexto, le Sixième – un jeune homme, mince, pauvre, isolé dans sa propre ville et même reclus selon certains – a maintenu le régime en haleine durant la période qu’il passa en prison, alors que le nombre ses admirateurs augmentait.
[Cuba] Appel contre les obstructions et les interdictions
Le bien le plus précieux est la liberté, / il faut la défendre avec foi et courage ! Extrait de A las barricadas, La Varsovienne en espagnol, l’hymne des syndicalistes libertaires espagnols de la CNT en guerre contre le fascisme.
Le réseau Observatorio Crítico de la Révolution cubaine réitère pleinement son adhésion à la Lettre de refus des obstructions et interdictions qui frappent actuellement les initiatives sociales et culturelles, la Carta en rechazo a las obstrucciones y prohibiciones que les activistes du réseau lurent lors de la session finale de l’Atelier Vivre la Révolution de La Havane, en décembre 2009. Cet appel fut ratifié par des dizaines de signataires. Il pointe du doigt les contradictions entre les idéaux émancipateurs du socialisme et la réalité répressive et autoritaire du pouvoir politique de la bureaucratie d’Etat. Peut-être le signe tangible d’une première vraie opposition de “gauche” ? En tout cas, il viendrait confirmer une tendance à l’œuvre déjà remarquée ces derniers temps dans la grande île caraïbe : la volonté de certains secteurs sociaux et de jeunes, artistes ou non, d’une plus grande autonomie, de pouvoir auto-organiser leurs propres projets, tendance que rejoignent des aspirations visant à transformer profondément le régime “socialiste” (l’après-Castro) en un sens plus participatif ou autogestionaire.
Cuba prépare de nouveaux terrains de golf socialistes
Par Isbel Díaz Torres, membre du groupe écologiste “le Garde forestier” et du réseau Observatoire critique
Publié en espagnol sur le blog du réseau Observatoire critique :
Traduction de Daniel Pinós
Nous connaissions la nouvelle, Cuba va permettre aux étrangers d’acquérir des propriétés à perpétuité sur des terrains de golf très modernes situés sur notre territoire national. L’objectif final semble être de construire d’énormes complexes résidentiels faits d’hôtels et de golfs pour les touristes et la future bourgeoisie cubaine.
À vos marques… Prêt… Partez…
« Ils nous ont dit que ce projet est la plus importante priorité en investissement », a déclaré Graham Cooke, le concepteur canadien de terains de golf, il est l’architecte d’un projet sur la plage de Guardalavaca, sur la côte nord-est de l’île. Le projet, qui s’élève à plus de 455 millions de dollars, est promu par un consortium de sociétés canadiennes et a été signé au début du mois d’août.
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ART PLASTIQUE : L’art cubain des années 90
Par David Mateo
Les rapports entre les plasticiens cubains et le système institutionnel ont atteint un niveau élevé de tension vers la fin des années 1980. L’approche ouverte, sans préjugées, dont avait fait preuve le gouvernement à l’égard de certains artistes dont les œuvres remettaient en question la culture et la société cubaines a atteint ses limites permissives de tolérance.
À cette époque-là, l’art cubain se caractérisait par l’idéalisme et la réflexion dont les premiers signes, apparus au début des années 1980 à travers l’exposition collective Volumen I (1), se font sentir graduellement dans presque tous les domaines de la production artistique. Jusqu’à ce moment-là, à l’exception de la littérature, aucune autre manifestation n’avait essayé de passer au crible, d’une manière aussi profonde et avec une telle incidence publique, des phénomènes extrêmement sensibles des contingences sociales. Un grand nombre d’initiatives collectives ont vu le jour, dont certaines constituent encore aujourd’hui des paradigmes de concertation artistique et culturelle, à savoir Puré, 4 x 4, Hexágono, Arte Calle, Grupo provisional, Hacer et Sano y sabroso, entre autres ; or, de l’avis des spécialistes, les expositions collectives Castillo de la Fuerza (Forteresse de la Force) et El objeto esculturado(L’objet sculpté), conçues par les artistes Félix Suazo et Alexis Somoza, ou plutôt, les concepts les reliant, ont contribué à exacerber les tensions.
ART PLASTIQUE : La plastique du XXème siècle
Publié sur IPS Cultura y Sociedad
Il y a déjà six décennies, un homme corpulent, en sueur dans son obscur costume de diplomate, montait les marches de l’Université de La Havane pour recevoir son doctorat en Philosophie et Lettres. Le tribunal avait dû écouter avec étonnement des affirmations aussi risquées que celle-ci : « à Cuba, la peinture n’a pas de tronc ; mais des branches successives qui forment une série de contributions assez claires et qui sont dans notre île des bourgeons spontanés de ce que, sous d’autres cieux, a eu un développement parfaitement logique. »
Verónica Vega, écrivaine cubaine aux dixièmes rencontres des Belles Latinas
Littératures actuelles d’Amérique latine
L’année 2002 voyait le jour de la première édition de Belles Latinas. Depuis plus de deux cents écrivains latino-américains ont participé aux rencontres dans une trentaine de villes en France. En novembre 2011 pour la dixième édition les tonalités seront festives et la programmation est en cours du jeudi 3 au vendredi 25 novembre 2011.
DES CHANGEMENTS DANS LA DIXIÈME ÉDITION – NOVEMBRE 2011
D’importantes modifications interviendront lors de cette dixième édition, dont la durée des rencontres, les animations des interventions et les rencontres thématiques pour faciliter l’accès à un public non introduit aux littératures latino-américaines. De plus, face au développement du festival et du nombre chaque fois plus important de lieux participants, Belles Latinas a choisi de repenser son calendrier en l’organisant dans le cadre d’une certaine régionalisation pour rationaliser les déplacements des écrivains et faciliter la communication de l’événement. Le festival, plus concentré en temps dans chaque région, se déplacera d’une région à une autre sur des périodes plus courtes et plus denses.
Radio libertaire fête ses 30 ans
L’émission Tribuna Latinamericana vous invite à participer à la fête des 30 ans de Radio Libertaire qui aura lieu les 29 et 30 octobre prochain de 13 h à 22 h, salle Olympe de Gouges, 15 rue Merlin 75011 Paris
En direct des rues de New York. Imagine : Démocratie réelle
En direct des rues de New York, par Marina Sitrin
Comme certains d’entre vous le savent, lorsque je suis très émue, émue au-delà des mots, je chante “Imagine”.
Alors, imaginez quelques milliers de personnes… non pas quelques : 6 à 7 mille personnes. Si nombreuses que la grande place près de Wall Street ne suffit pas, alors ils circulent à travers les coins de rue et les trottoirs autour du périmètre… et les coins de rue et les trottoirs de l’autre côté de la rue, aux deux extrémités. Imaginez que tous ces gens sont là parce qu’ils sont fatigués et indignés avec quelque chose qui a à voir avec la crise économique et Wall Street. Pourquoi maintenant ? Pourquoi est-ce ce vendredi après-midi, à 15 heures ?
Suppression du ministère du Sucre, ex-fer de lance de l’économie
Le ministère cubain du Sucre, emblématique de l’époque du sucre-roi dans la plus grande île des Caraïbes, a été supprimé par le gouvernement pour être remplacé par un Groupe d’entreprises en charge de revitaliser un secteur aujourd’hui déprimé, a annoncé jeudi dernier la presse cubaine.
Une réunion du conseil des ministres présidée par le président Raul Castro a décidé de “mettre un terme au ministère du Sucre, qui dans l’actualité ne remplit plus de fonctions d’Etat”, indique le quotidien Granma, organe du Parti communiste de Cuba (PCC).
Le ministère, créé en 1964, sera remplacé par un “Groupe d’entreprises de l’agro-industrie sucrière”, afin de gagner en “efficacité” et de permettre au secteur de “générer par ses exportations (des devises) pour financer ses propres coûts”, explique le quotidien.
Les belles américaines sont à vendre
Depuis samedi, les majestueuses Cadillac, Dodge et autres Chevrolet vintage qui descendent le Malecon, le boulevard du front de mer de La Havane, changeront de main en toute légalité. Le très attendu décret 292 de la Gazette officielle a, en effet, mis fin à une loi édictée par Fidel Castro en 1959 interdisant aux Cubains d’acheter les voitures fabriquées depuis la révolution. Ce texte avait figé la capitale cubaine en une sorte de musée de l’auto et en royaume de la débrouille, comme en témoignent ces petites annonces sur le site Revolico où sont proposées Chevrolet ou Plymouth greffées, qui d’un moteur Toyota, qui d’un carburateur Lada, qui d’un moteur d’avion…