Les « idiots (américains) utiles » du régime cubain
Fin septembre, le nouveau chef du gouvernement cubain, Miguel Díaz-Canel, la marionnette du retraité Raúl Castro, s’est rendu à New York. Entre autres activités, il y a été reçu par un aréopage de personnalités du monde du spectacle et des arts, qui de tout temps a fourni le gros des troupes de ceux que Lénine appelait les « idiots utiles », agrémentant par leur présence la camelote faisandée proposée par la propagande communiste. Cette mise en valeur du représentant de la dictature des Caraïbes est d’autant plus lamentable et indécente en un moment où, à Cuba, nombre d’artistes indépendants se battent contre la mise en œuvre prochaine du décret 349 qui bâillonnent encore davantage les activités artistiques sur l’île, entièrement soumises au bon vouloir de l’Etat (voir « Le décret n°349 et la politique culturelle de l’Etat cubain »).
Je vous propose de lire ci-dessous ce que cette misérable mascarade new-yorkaise a inspiré à un ami cubain vivant à La Havane.
La nouvelle loi qui menace la création artistique à Cuba
Les artistes et militants cubains s’inquiètent de plus en plus des restrictions à la liberté d’expression avec la mise en oeuvre du décret 349, un texte visant à réglementer les activités culturelles et artistiques, jusque et y compris les ventes de livres. Le décret a été approuvé en janvier et prendra effet d’ici décembre.
Ce décret controversé exige des artistes qu’ils s’affilient à des institutions publiques officielles pour seuls commanditaires. Il définit aussi quelles autorités sont compétentes pour appliquer le décret, y compris les sanctions potentielles en cas d’infractions.
De même, le décret 349 prévoit des amendes et des confiscations d’instruments, de matériel et d’autres objets utilisés dans l’activité en infraction. Les événements artistiques encourent un arrêt immédiat s’ils sont considérés en infraction.
Le guévarisme n’est pas un humanisme
Le 9 octobre 1967, il y a cinquante ans, Ernesto Che Guevara était exécuté sommairement en Bolivie. A cette occasion, nous republions un article paru dans Le Monde le 1er octobre 2004.
LE MESSIANISME a la vie dure. Malgré l’échec des révolutions et les ravages des nationalismes tout au long du XXe siècle, l’illusion persiste sous forme de mythologies qui semblent survivre à tous les aléas. Personnalité en incessante évolution, Ernesto Che Guevara (1928-1967) reste un mythe inoxydable, inséparable d’une aspiration récurrente à la rédemption ou à l’utopie.
Loin de réduire sa portée, les revers répétés de Guevara sur tous les terrains où il a exercé son action alimentent le culte romantique et christique du sacrifice. Faute de pouvoir défendre ses idées, pas plus que ses faits et gestes, la transmission de l’héritage est désormais véhiculée au nom de valeurs humanistes ou morales. Carnets de voyage, le beau film de Walter Salles [2004], s’inscrit dans cette logique d’autant mieux qu’il évoque le jeune Argentin d’avant l’engagement politique, débarrassé de tout ce qui prête matière à controverse.
Avant d’accumuler les défaites, le prestige du « Comandante » découlait d’une victoire, la révolution cubaine de 1959. Pourtant, indépendamment de son rôle dans la bataille de Santa Clara, le seul stratège de la Sierra Maestra a été sans conteste Fidel Castro, qui s’est appliqué à élargir le front anti-Batista en entretenant les ambiguïtés politiques, ce que le Che acceptait mal.
Même pour ceux qui l’ont tant aimé, que reste-t-il de ce triomphe, quarante-cinq ans plus tard ? L’épopée s’est muée en sauve-qui-peut. La faillite du socialisme castriste rejaillit inévitablement sur l’ensemble du processus. Ses étapes successives, l’imparable descente aux enfers ne dispensent point d’une interrogation sur l’origine de la dictature.
Le décret n°349 et la politique culturelle de l’Etat cubain
Depuis le 20 avril dernier, des artistes cubains non serviles luttent pour que ne soit pas pas appliqué le décret n°349 concocté par le gouvernement de Miguel Díaz-Canel, successeur de Raúl Castro à la tête de la dictature cubaine. Ce décret relatif à la politique culturelle devrait entrer en vigueur en décembre prochain et, s’il est maintenu, signer l’arrêt de mort de toute activité artistique indépendante sur l’île. Ceux qui pensaient honnêtement mais naïvement qu’après la mort de Fidel Castro puis le prétendu effacement de son frère à la tête de l’Etat allait s’instaurer une petite ouverture et naître à Cuba certaines libertés fondamentales, comme celle de s’exprimer librement, pourront une fois de plus verser de chaudes larmes sur leurs illusions perdues.
Vous trouverez ci-dessous un résumé en sept points du projet de décret, ainsi que des extraits dudit décret dont la traduction est due à l’organisation Amnesty International.
Quand Castro envoyait les homosexuels dans des camps
En 2010, Fidel Castro, qui avait quitté le pouvoir pour raison de santé depuis quatre ans, reconnaissait dans un journal mexicain sa culpabilité pour la persécution des homosexuels dans les années 60-70, mais affirmait sa volonté ensuite de faire évoluer une société traditionnellement machiste. Aujourd’hui, l’Etat rembourse les opérations de chirurgie transsexuelle.
“Après mon arrivée au pouvoir, les représentants des minorités sexuelles étaient persécutés… C’étaient des moments de grande injustice… de grande injustice !“, a reconnu le leader de la révolution cubaine dans un entretien exclusif de plus de 5 heures – on ne perd pas ses bonnes habitudes- au quotidien mexicain La Jornada publié le 31 août 2010.
Cuba ouvre le débat sur sa nouvelle Constitution
Les Cubains ont commencé lundi 13 août, jour anniversaire de la naissance de Fidel Castro, à discuter du projet de nouvelle Constitution qui reconnaît le rôle du marché et de l’activité privée dans l’économie de l’île communiste.
Avant le référendum national prévu le 24 février 2019, le projet doit être discuté au préalable lors d’un débat populaire, organisé du 13 août au 15 novembre dans les entreprises, les écoles, les universités et les quartiers.
Le parlement cubain a maintenant trois vice-président.e.s noir.e.s. Pourquoi on n’en parle pas?
Le 19 avril 2018, la République de Cuba a investi à sa présidence l’ex-professeur d’université Miguel Díaz-Canel Bermúdez, et le 9ème Congrès de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire – l’organe suprême de la direction – a élu un nouveau Conseil d’État. Mais l’euphorie et l’incertitude entourant un supposé “Cuba sans les Castro” et d’autres sujets connexes ont éclipsé un autre développement majeur: la présence de quatre dirigeants noirs dans le nouveau gouvernement jusqu’en 2023.
Les Cubains noirs représentent 10% de la population mais leur représentation dans les cercles du pouvoir est très limitée, en dépit des idéaux d’égalité après la révolution.
Avant Bermúdez, le précédent Congrès avait deux hommes noirs à des postes de responsabilité : le premier vice-président Juan Esteban Lazo Hernández et Salvador Valdés Mesa, président de l’Assemblée nationale. Avec la sélection d’Inés María Chapman Waugh et de Beatriz Jhonson Urrutia comme vice-présidentes, Cuba a, pour ainsi dire, “ajouté plus de couleur” au gouvernement.
« Je fais partie de ceux qui restent sur le bord de la route » – La Fin de l’homme rouge, de Svetlana Alexievitch
Svetlana Alexievitch, La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement, Actes Sud Babel, 2016
La chute de l’URSS évoque certaines dates, certains événements : les fameuses mesures de la fin des années 1980 (Perestroïka et Glasnost), l’annonce solennelle de la fin de la guerre froide par Bush et Gorbatchev en 1989, la tentative de putsch contre Gorbatchev en 1991, la prise de pouvoir par Eltsine et enfin la dissolution de l’URSS le 26 décembre 1991, avec la création d’États indépendants (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, etc.) aussitôt déchirés par des conflits.
Le « campisme » Une vision idéologique des questions internationales
A l’époque de la guerre froide, nombre de mouvements de gauche, et pas seulement les partis communistes orthodoxes, professaient la défense absolue du « camp socialiste », nouvelle forme supposée « internationaliste » du right or wrong my country [1].
Un nouveau « campisme » consiste à soutenir certains mouvements ou certaines politiques d’Etats considérés comme « anti-impérialistes » au nom de leur résistance supposée à l’impérialisme hégémonique états-unien et occidental, ce dernier étant accusé d’être à l’origine de toute contestation populaire qui s’opposerait à ces Etats ou mouvements… Un « campisme » sans camp et sans alternative anti-impérialiste réelle …, consistant à soutenir certains Etats, certains régimes au nom de présupposés géopolitico-idéologiques,
Le « campisme » d’aujourd’hui est partagé par de nombreux mouvements de gauche dans le monde arabe et les Amériques et aussi en Europe. Mais on a commencé à parler de campisme il y a cinquante ans….
Le décret 349 vise à transformer les artistes en merde
L’œuvre
Ils ne sont pas arrivés ensemble, chacun avait un horaire et une fonction : vérifier que tout était calme, se maculer avec des excréments et faire connaître l’action. L’action était très basique: une fois couvert de merde, mettre en place un panneau : « Art libre. Non au décret 349 », ceci, sur les marches du Capitole de La Havane. Mais cela ne s’est pas passé ainsi, même si tout était secret pour qu’il n’y ait pas de fuite.
La police a arrêté Luis Manuel Otero Alcántara, Amaury Pacheco et Soandry del Río. Puis ils ont aussi emmené Iris Ruiz. Cependant, l’indignation a poussé Yanelys Núñez à s’impliquer plus directement. Quand elle a vu Luis être emmené, poussé dans la voiture de patrouille à coup de poings, elle a étalé ses excréments, elle a saisi le panneau et a commencé à marcher. Ils l’ont embarqué, mais l’action a eu lieu, pensa-t-elle. De l’autre côté de la rue, ils ont renversé le panneau et elle est arrivée au Capitole tellement bouleversée qu’elle a commencé à parler à ceux qui étaient assis sur les marches. C’était une impulsion, avec de la nervosité, de l’inconfort, de la douleur, de la colère. Personne n’a été choqué, tout le monde a écouté tranquillement, comme s’ils étaient hypnotisés.