Idolâtres, sachez qui vous admirez !

Dans plusieurs villes des Etats-Unis comme à Paris, à l’occasion des affaires George Floyd et Adama Traoré, on a pu voir quelques manifestants, communistes, gauchistes, ignorants ou imbéciles, ou le tout mêlé, arborer sur leur T-shirt l’inévitable et célèbre portrait d’Ernesto Guevara, dit le Che.
Ces manifestations d’idolâtrie guévariste sont ici d’autant plus lamentables que la détestation dont Guevara fit preuve à l’égard des Noirs est amplement avérée. A Cuba, entre autres endroits, quiconque n’est pas adorateur servile du régime vous dira que les déclarations ouvertement racistes du révolutionnaire professionnel, après sa lamentable tentative d’exportation de la révolution dans l’ex-Congo belge, sont bien connues. Mais son racisme venait de plus loin. Avant d’être le fusilleur en chef et épurateur de la révolution cubaine avec son compère Raúl Castro, Guevara avait écrit ceci, dans son journal de voyage en Amérique du Sud (Diarios de Motocicleta), lors de son passage à Caracas : « Les Noirs, ces magnifiques spécimens de la race africaine qui ont conservé leur pureté raciale grâce à leur peu de goût pour le bain, ont vu leur territoire envahi par un nouveau spécimen d’esclave : le Portugais. Le mépris et la pauvreté les unissent dans leur lutte quotidienne, mais la manière différente d’affronter la vie les sépare complètement ; le Noir indolent et rêveur dépense ses sous en frivolités ou en coups à boire, l’Européen a une tradition de travail et d’épargne qui le suit jusque dans ce coin de l’Amérique et le pousse à progresser, indépendamment même de ses aspirations individuelles. »

Une violence maladive
Les historiens sérieux, donc non hagiographiques, ont par ailleurs souligné sa fascination morbide pour les armes à feu et son fort penchant pathologique pour la violence. Cet homme fut en effet un bourreau sans pitié. Voici comment Guevara a décrit son premier assassinat à l’époque de la guérilla : « Comme je saisissais ses affaires, je n’arrivais pas à lui arracher sa montre qu’il avait attachée à sa ceinture avec une chaîne, alors il m’a dit d’une voix qui ne tremblait pas, sans peur : « Arrache-la, mon garçon, totalement… » C’est ce que j’ai fait, et ses affaires sont entrées en ma possession. J’ai mis fin au problème en lui tirant un coup de pistolet de calibre 32 dans la tempe droite. Il a haleté pendant un petit moment et il est mort. » Se référant à cet assassinat, le Che écrivit à son père, dans une lettre : « Je dois te confesser, papa, qu’à ce moment-là j’ai découvert que j’aime vraiment tuer. »
Quiconque veut aller au-delà de la célèbre photo de Korda sait que la première fonction que Guevara a occupée après avoir pris le pouvoir à Cuba a été de diriger une prison. Lors d’une apparition à la télévision, en février 1959, le Che déclarait que, « à La Cabaña*, toutes les exécutions se font sur mes ordres express ». Il y eut plusieurs centaines d’exécutions suite à des procès sommaires qui ont bien sûr été menés sans aucune garantie d’aucune sorte pour les condamnés. On sait en outre que ces exécutions visèrent non seulement d’anciens partisans du dictateur précédent, Batista, mais aussi des révolutionnaires qui n’acceptèrent pas l’instauration d’une nouvelle dictature par le Parti communiste. À l’époque, il déclarait à José Pardo Llada**, révolutionnaire et ami personnel de Fidel Castro, qui choisira l’exil en 1961, que « pour envoyer des hommes au peloton d’exécution, les preuves judiciaires sont inutiles. Ces procédures sont un détail bourgeois archaïque. Ici, c’est une révolution ! Et un révolutionnaire doit devenir une froide machine à tuer motivée par la haine pure ».

Guevara n’a d’ailleurs jamais hésité à revendiquer publiquement ses crimes. Par exemple, le 11 décembre 1964, lors de son deuxième discours à l’Assemblée générale des Nations unies, il déclarait : « Nous devons dire ici ce qui est une vérité connue, que nous avons toujours exprimée au monde : exécutions, oui, nous avons exécuté, nous exécutons, et nous continuerons à exécuter aussi longtemps qu’il le faudra. Notre combat est une lutte à mort. »

Homophobe et psychopathe
Mais le Che ne fut pas seulement le « boucher de La Cabaña », comme on le surnomma alors. C’est lui qui organisa la construction du camp de travail forcé de Guanahacabibes, destiné à l’origine aux homosexuels et dont la devise, qui rappelle quelque chose d’assez nauséabond, était « Le travail en fera des hommes », comme le raconte le documentaire Conducta impropia (« Mauvaise conduite » en français).
La révolution cubaine, on le sait, s’empare officiellement du pouvoir le 1er jancier 1959. Dès l’année 1960, c’en est fini de la liberté d’expression dans le pays, et bien vite les médias autorisés (journaux, radio et télévision) seront tous placés sous la coupe du Parti communiste. Dans le livre évoqué plus haut, Fidel y el Che, Guevara déclare : « Nous devons mettre fin à tous les journaux, car une révolution ne peut se faire avec la liberté de la presse. Les journaux sont les instruments de l’oligarchie. » Ce degré de fanatisme du Che se reflète d’ailleurs dans sa vie personnelle. Dans une lettre de juillet 1959 adressée à sa mère, il écrit : « Je n’ai pas de maison, pas de femme, pas d’enfants, pas de parents, pas de frères et sœurs, mes amis sont mes amis tant qu’ils pensent politiquement comme moi. »
Ses thuriféraires les moins stupides admettront que c’était sans doute un criminel, révolution oblige, mais continueront à prétendre naïvement ou mensongèrement, selon les cas, qu’au moins il s’est battu pour les droits des travailleurs et qu’il mérite pour cela la reconnaissance de ces derniers. Il est alors nécessaire de rappeler que les syndicats furent « purgés » de tous leurs représentants non communistes dans la ligne, ce qui faisait beaucoup de monde, et que la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) devint dès lors non plus la voix du monde du travail auprès des entreprises et de l’Etat, mais la représentation de l’Etat et du Parti auprès des travailleurs. Dans un discours télévisé, le 26 juin 1961, alors qu’il est ministre de l’Industrie, Guevara déclarait : « Les travailleurs cubains doivent s’habituer à vivre dans un régime de collectivisme et ils ne peuvent en aucun cas faire la grève. » Près de soixante ans plus tard, c’est toujours le cas. En matière de lutte pour le droit des travailleurs, on a fait mieux…
Si le Che n’était manifestement pas très porté sur le syndicalisme, il est en outre assez cocasse de lire ou d’entendre ici ou là que son effigie est devenue un symbole de paix. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça n’est certes pas en raison de ce qu’il a fait et dit dans sa vie. Après la crise des missiles, le numéro du 21 décembre 1962 du Time publiait ses déclarations faites à Sam Russell, du journal socialiste londonien Daily Worker, dans lesquelles il regrettait de ne pas avoir eu l’occasion de lancer une guerre nucléaire : « Si les missiles étaient restés, nous les aurions utilisés contre le cœur même des États-Unis, y compris New York. Nous ne devons jamais établir une coexistence pacifique. Dans cette lutte à mort entre deux systèmes, nous devons remporter la victoire finale. Nous devons suivre le chemin de la libération, même si cela coûte des millions de victimes atomiques. »
Durant toute la période où Guevara est resté à Cuba, il eut le temps de démontrer sa totale incompétence dans les affaires de l’Etat, laissant l’économie cubaine exsangue avant d’aller jouer au superman en quelques endroits de la planète. Castro l’envoya donc faire la guérilla en Afrique et en Bolivie, où là encore il se révéla piètre stratège. Guevara a été exécuté en Bolivie le 9 octobre 1967. Cette même année, il a laissé une sorte de testament politique dans un message à la Tricontinentale. C’est là qu’il écrivit sa célèbre phrase sur la nécessité de créer « deux, trois, plusieurs Vietnam » – une tâche dans laquelle il a personnellement échoué, comme dans toutes les autres : « La haine comme facteur de combat, une haine intransigeante envers l’ennemi, qui pousse au-delà des limites naturelles de l’être humain et le transforme en une froide machine à tuer efficace, violente et sélective. Nos soldats doivent être comme ça ; un peuple sans haine ne peut pas triompher d’un ennemi brutal. »
Lors du premier anniversaire de sa mort, le magazine Verde Olivo, qu’il avait contribué à créer, a publié ces paroles édifiantes : « La voie pacifique est éliminée et la violence est inévitable. Pour parvenir à des régimes socialistes, des rivières de sang devront couler et la voie de la libération devra être poursuivie, même si c’est au prix de millions de victimes. » Comme symbole de paix, là encore on doit pouvoir trouver mieux…
Voilà donc le personnage que la gauche a idéalisé depuis des décennies. Voilà aussi toutes les saloperies que communistes, gauchistes, ignorants et imbéciles justifient en revêtant ou arborant des T-shirts et drapeaux sur lesquels trône la « belle gueule » de cet assassin psychopathe.

Floréal Melgar

Texte publié sur le blog : https://florealanar.wordpress.com

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* La Cabaña: nom de la prison de La Havane où Guevara installa son quartier général le 2 janvier 1959 et où il se plut à assister ou même à participer aux centaines d’exécutions qui y eurent lieu.
** Fidel y el Che, de José Pardo Llada, 1988.

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Nous avons publié à plusieurs reprises des textes sur le Che dans Polémica cubana, voici quelques liens sur des articles qui lui ont été consacrés :

CHE GUEVARA, L’ORTHODOXE

CHE GUEVARA AU-DELÀ DU MYTHE

UN CHE LIBERTAIRE ?

ENTRETIEN AVEC LE PETIT-FILS DE CHE GUEVARA


Enrique   |  Histoire, Politique   |  07 8th, 2020    |